Alors que la France s’apprête ce lundi à reconnaître l’État de Palestine, en parallèle, elle restreint sur son sol la protection des ressortissants palestiniens fuyant le génocide. En plus du gel de l’accueil des réfugiés gazaouis toujours en cours depuis août, l’administration a bloqué ces derniers jours l’entrée de Palestiniens et Palestiniennes transitant par Paris pour rejoindre des membres de leurs familles ou déposer une demande d’asile dans l’UE.
La France s’apprête à reconnaître l’État de Palestine devant l’Assemblée des Nations Unies ce lundi, dans la foulée de plusieurs autres pays dont le Royaume-Uni, le Canada ou l’Australie. Une décision forte symboliquement mais aux effets limités. Et qui intervient bien tardivement face au génocide de la population palestinienne mené par Israël, tel que décrit à nouveau par la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies dans son rapport mi-septembre.
Surtout, sur le terrain, la France restreint de plus en plus sa protection des ressortissants palestiniens fuyant le génocide en cours. Ces derniers jours, plusieurs ressortissants palestiniens arrivés par avions se sont vus refuser l’entrée en France. Certains souhaitaient rejoindre des membres de leur famille dans un pays de l’UE, d’autres y demander une protection.
Tous se sont retrouvés bloqués dans la zone d’attente de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, un lieu d’enfermement pour les personnes sans droit d’entrée sur le territoire. « Plutôt que de laisser ces personnes victimes de génocide rejoindre leur famille ou de les protéger, la France les enferme en tentant de les renvoyer », déplore l’association Anafé qui intervient dans les zones d’attente. « Ces pratiques ne font qu’aggraver leur détresse physique, morale et psychologique ».
Une mère gazaouie et sa fille de 11 ans en provenance de Amman, capitale de la Jordanie, se sont notamment vues refuser l’entrée sur le territoire français. Elles voulaient rejoindre la Belgique pour y déposer une demande d’asile, avec une correspondance de vol à Paris. Après s’être opposées quatre fois à leur renvoi par la France, elles ont été placées en garde-à-vue pour obstruction, le 18 septembre. « Nous attendons actuellement de leurs nouvelles. La conséquence, en tout cas, c’est que ces personnes qui fuient un génocide ne se sentent même pas assez en sécurité pour faire leur demande de protection en France », déplore Laure Palun, coordinatrice de l’Anafé.
Risque de renvoi
Parmi le groupe retenu dans la zone d’attente se trouvaient aussi deux jeunes hommes de 25 ans, refusés le 17 septembre. L’un a été libéré depuis, mais l’autre demeure toujours enfermé ce lundi soir dans la zone d’attente de Roissy-Charles de Gaulle. Ce dernier risque lui aussi à tout moment un renvoi vers son pays de provenance du vol, avec le risque ensuite « des refoulements en cascade vers le pays d’origine ».
Pour rappel, autre mesure restrictive notable : le ministère des Affaires étrangères français a annoncé depuis le 1er août le gel de toute opération liée à l’accueil de réfugiés gazaouis en France. C’est-à-dire, de personnes ayant obtenu une protection internationale et un visa de la France par des voies consulaires. L’annonce avait suivi la polémique lancée par l’extrême-droite et relayée par Bruno Retailleau autour d’une étudiante palestinienne de Sciences-Po Lille accueillie en juillet, ayant tenu des propos antisémites sur ses réseaux sociaux. La suspension de cette politique d’accueil devait durer le temps de l’enquête interne administrative. Or, ce gel est toujours en cours selon nos collègues de Mediapart, qui le qualifie de « punition collective ».
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