C’est la grève. Les dockers et travailleurs portuaires entrent dans le dur. Alors que les négociations entreprises avec le gouvernement sur leurs retraites sont au point mort, ils annoncent 14 journées de grèves durant tout le mois de juin.
L’activité sera fortement perturbée dans les ports Français en ce mois de juin 2024. Les dockers et portuaires sont en lutte depuis février pour échapper aux deux années de travail supplémentaires imposées par la dernière réforme des retraite. Mais les négociations entreprises avec le gouvernement se sont soldées par un échec.
Ainsi, la fédération CGT des ports et docks appelle, ce jeudi 30 mai, à 14 journées de grève tout au long du mois. Dix jours rythmés par des arrêts de travail de 4 heures. Trois journées de grève de 24 heures. Et une journée dite « ports morts », le 7 juin : grève de 24h assortie d’un blocage des ports.
Réunissant 80% des suffrages aux élections professionnelles, la CGT ports et docks dispose d’un fort pouvoir de blocages. Les actions qu’elle lance sont généralement très largement suivis dans les ports du Havre, de Marseille, de Lorient ou de Saint-Malo tant chez les dockers (aussi appelés débardeurs, ouvriers du chargement et déchargement des navires) que chez les travailleurs portuaires (autres professions en charge de la pêche, manutention, réparation, ou encore nettoyage). « Le gouvernement doutait de notre capacité à mobiliser. Il va voir que tout le monde sera au rendez-vous », prévient Serge Coutouris, secrétaire général adjoint de la CGT ports et docks.
Grève des dockers « un métier difficile »
La fédération syndicale se considère trahie par Emmanuel Macron et son gouvernement.
« Lors d’un déplacement au Havre, Emmanuel Macron a dit à notre secrétaire général, devant témoins, devant Edouard Philippe, que des dispositions seraient prises pour que l’on n’ait pas à travailler deux années supplémentaires. Depuis, des négociations ont eu lieu mais rien de concret n’a été mis sur la table. Aujourd’hui la coupe est pleine et les dockers entendent bien se faire respecter », retrace Serge Coutouris.
Avec la prise en compte de la pénibilité, un docker pouvait partir à 59 ans au lieu de 62 avant la dernière réforme des retraites. Désormais c’est 61 au lieu de 64 ans. « C’est un métier difficile, on a des horaires décalés, on est exposés à l’amiante, on a des espérances de vie 7 à 8 ans inférieure à la moyenne. Il est hors de question qu’on accepte cela. » continue Serge Coutouris.
Son syndicat demande donc une année de travail en moins pour cause de reconnaissance de pénibilité. Et une autre au titre de l’exposition à l’amiante, reconnue pour l’heure seulement jusqu’en 2004, « alors que les ports sont toujours pleins d’amiante », estime le co-secrétaire général. Deux années qui permettraient de compenser les effets de la réforme. Si rien ne se passe du côté du gouvernement durant ce mois de juin, les dockers en grève annoncent déjà « une amplification de la lutte » au mois de juillet.
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