Netanyahou

Palestine : des manifestants dénoncent l’accueil de Netanyahou à l’Élysée pour l’ouverture de la saison France-Israël


 

À l’occasion du passage en France du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou mardi 5 juin, des manifestants se sont regroupés dans plusieurs villes de France pour dénoncer son accueil et l’ouverture de la saison croisée France-Israël.

 

« La place de Netanyahou est au tribunal pénal international et non dans une rencontre courtoise avec le président Macron », estime Jean-Guy Greilsamer, membre de l’équipe d’animation de Boycott, désinvestissement, sanction France (BDS), et ancien coprésident de l’Union juive française pour la paix (UJFP). Le Premier ministre israélien a inauguré la saison France-Israël à Paris en compagnie du couple présidentiel français. Cette saison a pour objectif assumé, en plus de « marquer une nouvelle étape dans les relations économiques » des deux pays, d’améliorer l’image d’Israël en France.

Et pour cause. Selon un sondage réalisé par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) pour l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), 57 % des personnes interrogées ont une mauvaise image de l’État hébreu et 71 % considèrent que ce pays « porte une lourde responsabilité dans l’absence de négociation avec les Palestiniens ». Au programme de la saison : 400 manifestations artistiques et scientifiques dans les deux pays jusqu’en novembre 2018. « Israël essaye de redorer son image, de blanchir ses crimes », analyse Jean-Guy Greilsamer. Une explication partagée par 80 personnalités issues du monde artistique qui ont refusé de participer à la saison. Parmi elles, Alain Damasio, Annie Ernaux, Tardi, Nathalie Quintane ou Jean-Luc Godard. Parallèlement, une pétition en réclamant l’annulation a recueilli près de 18 000 signataires.

Cette saison France-Israël se déroule au même moment que l’anniversaire des 70 ans de la création de l’État d’Israël. Ce que les Palestiniens nomment la Nakba (« catastrophe » en arabe). Cette saison s’ouvre à un moment particulièrement tumultueux dans l’histoire du conflit israélo-palestinien. Le 14 mai dernier, l’ambassade américaine a été ouverte à Jérusalem en présence d’Ivanka Trump et Jared Kushner. Le même jour, au moins 60 Palestiniens qui participaient à la « grande marche de retour » ont péri sous les balles des soldats israéliens à Gaza. Depuis le début de ces manifestations, plus de 120 Palestiniens ont été tués, dont Razan Al-Najjar, une infirmière âgée de 21 ans, tuée le 1er juin alors qu’elle portait secours à des blessés. Le décompte des blessés est de plus de 13 000, dont plus de 2000 enfants.

 

Plusieurs centaines de manifestants dans toute la France

 

À Paris, plusieurs lieux de rendez-vous étaient donnés pour protester. Dans un premier temps devant le Grand Palais, où se tenait l’ouverture de la saison en présence d’Emmanuel Macron et Benyamin Netanyahou, avant que l’autorisation ne soit retirée par la préfecture de police. Les signataires de l’appel à manifester se sont divisés. Le CNPJDPI (Collectif National), à l’initiative de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), a tenu à se rendre sur la Place des Invalides, lieu de rassemblement proposé par la préfecture. D’autres associations — dont BDS-France, UJFP, Argenteuil Palestine Solidarité, Montreuil Palestine, AFPS Paris Sud — ont appelé à manifester au plus près du Grand Palais. Dans un communiqué, BDS-France a notamment fait part de leur refus d’être « relégués dans un rassemblement symbolique ». Peu de temps avant le début de la manifestation, afin de ne pas alerter la police, un autre rendez-vous a donc été fixé à l’arrêt George V sur l’avenue des Champs Élysées.

Ainsi, il y a eu deux regroupements. Le premier sur la Place des Invalides, de l’autre côté de la Seine et du Grand Palais. À cet endroit, quelques centaines de manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et le portrait de Razan Al-Najjar, l’infirmière tuée à Gaza. Ils scandaient « Israël assassin, Macron complice », « Jugez, jugez, le criminel de guerre », ou encore : « Annulez la saison France-Israël » sous l’œil d’une cinquantaine de CRS qui bloquaient l’entrée au Pont Alexandre III menant au Grand Palais. Le second groupe au départ de George V, composé d’une centaine de personnes, a descendu l’avenue des Champs Élysées avec les mêmes mots d’ordre et quelques autres. « Soutien aux grandes marches du retour et au soumoud* palestinien », « Israël apartheid boycott », « Halte au massacre du peuple palestinien », pouvait-on entendre.

Sur les Champs Élysées, les manifestants, encerclés par la police non loin du Grand Palais, ont entamé un sit-in, bras liés et croisés. Ils sont restés ainsi immobilisés pendant près de 4 heures, avant d’être raccompagnés vers le métro. D’autres rassemblements ont lieu à Lille, Saint-Étienne, Marseille, Metz, Poitiers, Caen, Saint-Nazaire et Foix. À Montpellier, 200 personnes ont défilé en direction de la préfecture. À Lyon, près de 400 personnes selon les organisateurs se sont rassemblées sur les berges du Rhône, près du Pont de la Guillotière. Une banderole a été déployée, représentant des mains ensanglantées symbolisant les récentes victimes de Gaza. 

 

* Soumound (Résistance en arabe)