Mercredi 22 novembre, le réseau de militants et chercheurs, Migreurop, édite son troisième Atlas des migrants en Europe. Avec cet ouvrage, le collectif dresse un portrait du traitement indigne fait aux migrants dans l’ensemble des pays européens.
Comprendre et voir. C’est l’objectif de l’Atlas des migrants en Europe publié par Migreurop chez Armand Colin. En 175 pages, le collectif brosse un panorama des politiques migratoires européennes face à l’augmentation du nombre d’arrivées depuis 2015. L’ouvrage souhaite rester « à hauteur d’homme ». Ainsi, pour chaque sujet abordé une explication générale est accompagnée d’un récit singulier. Enfin, les cartes sont accompagnées d’autres matériels iconographiques avec de nombreuses photos réunies au cours des enquêtes du collectif.
Les membres du réseau européen et africain rappellent, en guise d’introduction à la troisième édition de leur atlas, que l’année 2016 a été la plus meurtrière pour les candidats à l’exil. Au moins 6000 morts par noyade ou épuisement ont été comptabilisés aux portes de l’UE l’an dernier. Depuis 25 ans, ce nombre s’élève à 40 000. Migreurop, dont l’objet est de « dénoncer la généralisation de l’enfermement des migrants et de défendre le droit à quitter tout pays, dont le sien », dessine une vue d’ensemble sombre de la situation.
L’externalisation, vers des pays aux portes de l’Union, des contrôles migratoires, promue depuis quinze ans par les États membres, est décryptée. Cette réalité a été éclairée récemment par le reportage de CNN sur des migrants vendus comme esclaves en Libye. Ce pays ayant passé un accord avec l’Italie en mai 2017 pour gérer à sa place le contrôle et la gestion de centres d’accueil. Mais cette politique de gestion des candidats à l’exil par des pays non communautaires n’est pas un cas isolé. Des accords équivalents ont été signés avec le Tchad, le Niger, le Maroc ou encore la Turquie.
L’atlas revient sur cette question, comme sur celle du développement des camps et de la rationalisation de l’enfermement, en Europe même. Les thématiques économiques ne sont pas éludées, notamment celles des marchés lucratifs liés à la détention et au traitement sécuritaire des migrations. Le non-accueil des réfugiés, avec ses bidonvilles à Calais ou Vintimille, non plus. Des campements de fortune visibles aussi à Paris, Rome, et dans bien d’autres villes. Entre autres sujets abordés dans cet ouvrage, l’action de l’agence européenne Frontex, l’espace Schengen limitant la libre circulation dans l’UE ou encore les expulsions, les dublinés et les violences policières.
Pour finir sur une touche d’espoir, ce rapport procède à un tour d’horizon non exhaustif des luttes des réfugiés et des nombreux actes de solidarités qui les entourent. En tout cas, avec cet atlas, Migreurop dresse un panorama large donnant une vision d’ensemble qui favorise la compréhension des politiques menées par nos gouvernements.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.