SDF

Des centaines de SDF dorment dans la rue pendant que le gouvernement se prend les pieds dans le sac de couchage


 

Le gouvernement a annoncé mercredi l’ouverture d’un millier de places d’hébergement supplémentaires en urgence, dont 650 en Île-de-France. Une décision répondant à la vague de froid et aux chutes de neige dans la capitale, mais prenant le contre-pied des discours rassurants de l’exécutif ces dernières semaines.

 

Un millier de places d’hébergement supplémentaires ouvertes, dont 650 en Île-de-France et 250 à Paris, ont été annoncés pour cette semaine par le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. Une décision qui cadre mal avec l’affirmation le 30 janvier sur les ondes de France Inter de Julien Denormandie. Le secrétaire d’État à la cohésion des territoires y affirmait que le nombre de personnes ayant dormi dehors la veille s’élevait à une cinquantaine d’hommes seuls en Île-de-France. Des propos censés minimiser la promesse non tenue d’Emmanuel Macron qu’aucune « personne ne dorme dans la rue ou dans les bois » d’ici la fin de l’année 2017.

Depuis, plusieurs membres du gouvernement pratiquent le rétropédalage. Son porte-parole Benjamin Griveaux a concédé que le chiffre est « vraisemblablement plus de 50 », avant d’expliquer que les propos de Julien Denormandie avaient été mal compris. Pour lui, il s’agissait des demandes pour lesquelles aucune solution n’avait été trouvée. Agnès Buzyn lui a emboîté le pas, assurant que le chiffre de 50 provenait des remontées à l’État provenant du 115. Selon Le Monde du 31 janvier, le Samu social comptabiliserait 50 demandes non pourvues d’hommes seuls juste pour le département du 75.

 

650 places pour 50 SDF en Île-de-France ?

 

Le nombre réel de personnes dormant dans les rues n’est pas connu. La dernière donnée statistique fournie par l’Insee remonte à 2012. Elle comptabilise alors 143 000 personnes vivant sans domicile fixe sur l’ensemble du territoire. Mais pour les associations s’occupant des sans-abris, le chiffre de 50 personnes sans domicile fixe correspond plus à celui d’un arrondissement de la capitale qu’à l’Île-de-France. Ainsi, même les 250 places ouvertes en urgence à Paris et les 650 en région semblent sous-évaluées.

Le nombre de SDF seraient donc probablement plus proches du millier pour la seule ville de Paris que des quelques dizaines imaginées par le gouvernement il y a encore une semaine. En tout cas, le 115 a été saturé avant même le début de l’épisode neigeux. Une réalité qui pousse nombre de SDF à se débrouiller par eux-mêmes. De leur côté, les migrants dormant dehors sont estimés à 900 dans la capitale par les associations leur venant en aide. Peu informés sur les dispositifs d’urgence mis en place de l’aveu même de la mairie de Paris, ils intègrent rarement ces hébergements et restent dans des abris de fortune. Une tendance accentuée par la crainte des contrôles dans les centres d’hébergement depuis l’intention du gouvernement d’y effectuer des inspections.

Ainsi, associations d’aide aux migrants et de secours aux personnes sans-abri sont sur le pied de guerre pour mettre à l’abri des centaines de personnes censées ne plus être dans la rue depuis fin 2017.