La prochaine journée de grève interprofessionnelle aura lieu le 31 janvier. En attendant, plusieurs fédérations syndicales ont posé des appels à plusieurs jours de grève, voire à la grève reconductible avant ou après cette date.
Pour certaines fédérations, essentiellement issues de la CGT, pas question d’attendre la grève interprofessionnelle du 31 janvier. Elles ont d’ores et déjà appelé à amplifier le mouvement.
Pour rappel, les syndicats du pétrole (adhérents de la FNIC-CGT) sont les premiers à avoir proposé un plan de bataille indépendant des dates de grèves intersyndicales. Et ce, en amont de la journée réussie du 19 janvier. Ainsi, dès le 11 janvier, ils ont déclaré observer deux jours de grève, le 26 et 27 janvier, puis 3 jours à partir du 6 février. À l’issue de ces trois jours, ils proposent une entrée en grève reconductible. Dès le 13 janvier, la fédération CGT de l’énergie lui emboîtait le pas. Elle annonçait à l’avance, par la voix d’un de ses secrétaires fédéraux, que « dès le premier jour de grève interprofessionnelle, les salariés vont monter des piquets dans les entreprises de l’énergie et poser la question de la grève reconductible ».
Hier, dans la soirée, après une réunion fédérale, la fédération CGT de l’énergie (FNME-CGT) maintenait sa stratégie de grève reconductible en construction commençant le 19 janvier. Mais elle y ajoutait des dates fortes pour se joindre au plan de bataille des raffineurs en proposant exactement les mêmes modalités de grève : deux jours les 26 et 27 janvier, puis trois journées les 6, 7 et 8 février. « Pour nous le 31 janvier, c’est trop loin, on sent que les collègues veulent plus. C’est pourquoi nous allons faire ses actions dès cette semaine », confie Juliette Lamoine, secrétaire fédérale FNME-CGT à Lyon.
Toujours vendredi soir, alors que l’ensemble des organisations de la CGT s’étaient réunies dans l’après-midi à Montreuil, la CGT Ports et Docks a annoncé une journée de grève supplémentaire de 24 h le jeudi 26 janvier. De leur côté, les cheminots de la CGT ont également fait savoir qu’ils organiseraient des actions en amont du 31 janvier. « On ira probablement au-delà de ce qui est programmé par les intersyndicales » a prévenu Laurent Brun, son secrétaire général, dont la fédération, comme celle de la chimie ou de l’énergie, se montre critique de la direction confédérale de la CGT. Cependant, contrairement à ces deux derniers secteurs, dans le rail, la montée en puissance pourrait ne pas être le fait de la seule CGT. Les quatre syndicats représentatifs (CGT, SUD, CFDT, UNSA) se réunissent lundi après-midi pour décider d’une amplification de la grève dans l’entreprise ferroviaire.
Vers la grève reconductible dans l’Éducation ?
Les profs vont-ils doubler de vitesse les raffineurs qui prévoient un durcissement progressif jusqu’au 6 février avant d’entamer leur grève reconductible ? En tout cas, ce 20 janvier, la fédération Sud Éducation a appelé à une grève reconductible à partir du 31 janvier. Quelques heures plus tard, la CGT Éduc’Action publiait un communiqué de presse appelant « à amplifier la grève et les manifestations le 31 janvier et à construire la reconduction dès le 31 ».
Toutefois, si ces deux syndicats disposent de militants actifs dans les luttes, souvent à l’initiative de l’organisation des assemblées générales, ils restent minoritaires. La position des syndicats enseignants de la FSU (syndicat majoritaire) influera donc beaucoup sur la réalité de la grève reconductible dans l’Éducation nationale. À la veille du 19 janvier, Benoît Teste, son secrétaire général, privilégiait la stratégie des grosses journées d’action plutôt que celle d’une grève reconductible. « Les collègues ont été très affectés par la grève reconductible de 2003, pendant laquelle ils ont multiplié les jours de grève sans gagner à la fin », soulignait-il. Reste à voir si cette position évoluera dans les jours à venir, après la journée exceptionnellement forte du 19 janvier et l’appel à reconduction de SUD et de la CGT.
Enfin, d’ici au 31 janvier, ou juste après cette date, de nouveaux secteurs pourraient faire l’annonce d’un durcissement de la grève par effet domino. C’est en tout cas, ce à quoi pousse l’Union syndicale Solidaires qui, comme la CGT, réunissait ses syndicats hier après-midi. En fin de journée, elle appelait à « construire dans le maximum de secteurs des assemblées générales de grévistes pour débattre des suites de la mobilisation et poser la question de la grève reconductible ». Avec comme objectif de « passer à un cran supérieur de la lutte pour faire plier définitivement le gouvernement ».
Guillaume Bernard et Stéphane Ortega
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