Les leaders syndicaux avaient prévenu qu’il faudrait regarder les deux dates de mobilisation de la semaine pour se faire une idée de la force du mouvement contre la réforme des retraites. Après 757 000 manifestants, mardi, selon le ministère de l’Intérieur, ce samedi a vu 963 000 personnes descendre dans la rue selon les autorités. Un niveau très élevé, alors que deux tiers des académies sont en vacances depuis hier soir.
Le record du nombre de manifestants n’aura pas été battu ce samedi 11 février, même si le chiffre donné par les autorités frise le million de manifestants, dans un peu plus de 250 points de rassemblement. Et 2,5 millions, selon la CGT, contre 2,8 millions le 31 janvier dernier. Pour autant, un record a été battu à Paris qui ne sera en vacances que le week-end prochain. Là, la préfecture a dénombré 93 000 manifestants, contre 87 000 lors de la journée la plus forte fin janvier.
Ainsi, l’affluence dans la rue ne se dément pas. En plus de Paris, elle reste extrêmement importante dans des villes moyennes comme Brest ou Quimper, où le journal Ouest France comptabilise 20 000 manifestants. Mais aussi dans la Creuse avec 4000 participants à Guéret, selon la police, dans une commune de 13 000 habitants. Ou encore à Bayonne : 10 000 à 12 000 manifestants selon les sources. Les défilés étaient également très fournis selon les chiffres avancés par les syndicats dans les grandes villes : 100 000 à Toulouse (25 000 selon la police), 70 000 à Lille (10 700 selon la police) et Nantes (47 000 selon la presse), 35 000 Lyon (15 800 selon la police) et Montpellier (20 000 selon la préfecture), 30 000 à Clermont-Ferrand (8000 selon la police).
De plus, ce chiffre de 963 000 pour la quatrième date de mobilisation depuis les annonces d’Élisabeth Borne sur la réforme dépasse la plus haute journée de la mobilisation de 2019 sur les retraites : 806 000 personnes avaient défilé dans l’ensemble du pays le 5 décembre.
Vers un durcissement en mars contre la réforme des retraites
En fin de matinée, les numéros un des huit organisations composant l’intersyndicale lisaient une déclaration commune depuis la bourse du travail de Paris. Et mettaient la pression sur les parlementaires, en plus du gouvernement, en les pressant d’entendre « le mécontentement de la population, et rejeter massivement ce texte ». Sans quoi, l’intersyndicale menace d’un appel « à durcir le mouvement en mettant la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain ». Puis de se saisir du 8 mars, journée internationale de luttes pour le droit des femmes.
Une déclaration qui laisse ouverte – avec deux journées consécutives les 7 et 8 mars – l’idée d’une grève reconductible après les vacances d’hiver, comme le proposait Solidaires la semaine dernière. En tout cas, un signal donné qui coïncide avec l’appel à la grève reconductible à partir du 7 mars lancé par la CGT Cheminots hier. Puis avec celui communiqué aujourd’hui par l’intersyndicale de la RATP (CGT, FO, Unsa, CGC).
D’ici là, il est probable que les fédérations CGT qui avaient annoncé des « plans de bataille » au mois de janvier, à savoir la chimie ou l’énergie, s’alignent sur ce calendrier. Mais avant début mars, une cinquième journée de grèves et de manifestations aura lieu le jeudi 16 février a confirmé l’intersyndicale ce matin. À cette occasion, ses leaders défileront ensemble depuis la ville d’Albi pour envoyer un signal aux fortes mobilisations qu’ont connu depuis trois semaines les villes de petite et moyenne taille.
Photo : Ricardo Parreira
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