18 septembre, extrême droite

18 septembre : des agressions d’extrême droite à Montpellier en toute impunité

Trois personnes ont été blessées à Montpellier dans le quartier des Beaux-Arts ce jeudi 18 septembre, dont deux ont dû être conduites aux urgences. Des militants d’extrême droite ont provoqué de multiples altercations, plusieurs heures durant, sans que la police ne procède à leur interpellation.

Tout commence alors que la manifestation intersyndicale qui a réuni, selon les sources, entre 10000 et 20000 personnes à Montpellier, prend fin sur l’Esplanade Charles de Gaulle. Non loin de là, devant le lycée Joffre bloqué depuis le matin, des lycéens voient arriver un petit groupe d’hommes au comportement étrange. « Ils ont bougé des poubelles du blocage et sont partis. On les a suivis vers le parking et on les a vu avec des motards de la police » explique Jordan*, lycéen dans l’établissement. Convaincu alors qu’il s’agit de policiers de la BAC, il prévient ses amis sur le blocage. Peu de temps après, une vingtaine d’hommes reviennent en direction du lycée, provoquent les jeunes et sortent un drapeau bleu-blanc-rouge. « Grosse pute, va faire la vaisselle, va te faire pousser les seins… », les insultes sexistes pleuvent, comme en atteste une vidéo que nous avons pu visionner.

Ce n’est que le début de leur périple. Ils se dirigent alors vers la manifestation intersyndicale, où les camions syndicaux sont déjà partis. Alors que quelques centaines de personnes tardent à quitter les lieux, les vingt-cinq jeunes hommes habillés de noir, visage dissimulé pour certains, déboulent d’un pas décidé, rangés derrière un drapeau français. L’inquiétude et la tension montent en un instant parmi les manifestants encore rassemblés. Très rapidement, les slogans « siamo tutti antifascisti » répondent à leur présence et à quelques doigts d’honneur.

Le groupe en partie cagoulé se dirige et atteint le centre de la place de la Comédie, malgré un dispositif policier hors normes pour la capitale languedocienne. Ils sont suivis par deux cents manifestants qui entonnent des slogans antifascistes. Parmi eux figurent plusieurs militants d’extrême droite,dont Tristan V – le seul à porter un tee-shirt vert au lieu de vêtements sombres. C’est un identitaire du groupe montpelliérain Jeune d’Oc, qui avait participé au service d’ordre de Génération Identitaire avant sa dissolution. Le reste du groupe serait composé de membre de la Butte Paillade – un groupe de supporteur du club de football de la ville – selon plusieurs témoignages que nous avons pu recueillir.

Après quelques minutes d’un face à face tendu, des CRS viennent se placer devant les manifestants, puis exfiltrent le groupe provocateur. Conduits derrière une ligne de gardes mobiles qui bloquent l’entrée dans le cœur de la ville, il n’attendront que 10 minutes avant de pouvoir repartir libre. Malgré leur visage dissimulé pour certains, ils ne semble pas avoir été contraints à décliner leur identité. Questionnée sur ce point, la préfecture de police ne nous a pas répondu, se contentant d’expliquer que « les forces de l’ordre sont intervenues en début d’après midi sur la place de la Comédie à Montpellier pour séparer deux groupes antagonistes (ultra droite et ultra gauche), l’objectif visé était d’éviter tout affrontement sur ce lieu ».

Leurs méfaits auraient du s’arrêter-là, mais il n’en a rien été. Vers 15h, alors que des jeunes manifestants tentent encore des actions de blocage, une partie du groupe est aperçu place de l’Esplanade. Là, trois membres de l’Observatoire des libertés de Montpellier (association qui documente les interventions de la police dans les manifestations) sont agressés, comme en atteste la vidéo publiée par nos confrères du Poing. La police présente au plus près de l’action ne procède à aucune interpellation.

Le groupe violent s’offre son bouquet final peu de temps après. « J’étais attablée avec des amis à la terrasse d’un café sur la place des Beaux-Arts. Là, sont arrivés une vingtaine de mecs qui se sont assis derrière nous. Ils étaient inquiétants, j’ai dit à mes amis « on dirait des fachos », explique Marie*. Elle n’est pas la seule à le penser sur cette terrasse assez déserte à cette heure-là.

«J’ai un ami qui est allé les voir pour leur dire qu’on ne voulait pas de fachos dans notre bar et c’est parti tout de suite » assure Antoine* qui a tenté de calmer les choses et de s’interposer. « L’un deux a donné un coup et ensuite les vingt s’y sont mis » se remémore Marie, encore choquée.

Après une avalanche de coups prodigués par une vingtaine de militants d’extrême droite et de supporteurs de foot, on dénombre trois blessés. Deux d’entre eux ont été conduits aux urgences. L’un souffre de plusieurs fractures au visage. « Quelqu’un a appelé la police qui est arrivée assez rapidement », explique Marie. Effectivement, sur une vidéo que nous avons pu consulter, on voit les assaillants fuir et des policiers leur courir après. Pour autant, là encore, malgré un dispositif conséquent déployé sur l’ensemble de la ville, la préfecture n’indique pas avoir procédé à des interpellations.

« Quand je repasse la scène dans ma tête, ça me fait peur », avoue Antoine. Il envisage de se lancer dans une action collective et de porter plainte une fois sorti de l’hôpital.

* les prénoms ont été modifiés.