Front social

Front social : un petit tour de chauffe contre les ordonnances Macron

 

Les premières manifestations contre la politique libérale du gouvernement ont eu lieu dès le lendemain des élections législatives gagnées par la majorité présidentielle. Appelées par le Front social, regroupement de syndicats combatifs, d’associations et de collectifs de lutte, elles ont réuni autour de 10 000 personnes dans tout le pays lundi 19 juin.

 

Le Front social s’élargit sans dépasser le cadre d’une mobilisation militante. Les organisateurs revendiquent 20 000 manifestants partout en France contre 8 000 à Paris le 8 mai dernier, lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron.

Dans la capitale, 2 000 personnes se sont réunies devant l’Assemblée nationale pour dénoncer la réforme du Code du travail, « une loi travail XXL ». Sur le podium à deux pas du Palais Bourbon, les syndicalistes se succèdent à la tribune, suivis des interventions des associations de lutte pour le logement ou les sans-papiers, avant de conclure le rassemblement par un concert. Une journée de protestation parisienne en recul par rapport à la précédente le 8 mai, qui bénéficiait d’un climat moins caniculaire et d’un jour férié plus propice à la mobilisation.

Pourtant le Front social s’élargit. De nouvelles structures syndicales de base et quelques fédérations sont venues grossir les rangs des signataires de l’appel et la date du 19 juin a été mise à l’agenda de nombreux collectifs militants. En province, des groupes locaux se sont créés depuis le mois de mai. Ainsi, pas moins de 34 rassemblements étaient organisés aux quatre coins du pays.

Ce premier tour de chauffe en province ressemble à celui de la capitale. En demi-teinte. Plutôt réussi à Lyon avec un cortège dynamique de 800 personnes, nettement moins à Rennes, Toulouse, Rouen, Montpellier ou Nantes où rarement plus de 200 personnes ont répondu à l’appel. Environ 300 manifestants ont battu le pavé bordelais, beaucoup moins au Havre et dans d’autres localités comme Avignon, Lisieux ou Nancy.

Finalement, ce 19 juin a servi de rendez-vous où les militants prêts à en découdre immédiatement avec la politique libérale du gouvernement se sont comptés. Une tentative de se mettre en ordre de bataille à l’issue d’une très longue séance électorale. Sur la place de la Concorde, jouxtant le siège de la représentation nationale, les organisateurs ont appelé à organiser et préparer la résistance dans les semaines à venir. Avec en ligne de mire la rentrée de septembre et un appel espéré à une journée interprofessionnelle venant des confédérations syndicales.

 

Une lourde responsabilité pour les confédérations syndicales

 

En attendant, c’est un peu l’expectative. Si les intentions du président en matière de réforme du Code du travail sont connues dans leurs grandes lignes, le gouvernement s’est attaché à ne pas dévoiler un projet écrit clarifiant ses propositions. Cela a conduit la CGT à dénoncer le 13 juin dans un communiqué la méthode consistant à recevoir séparément les organisations de salariés pour des réunions de discussion sans texte gouvernemental. Pour elle, ces réunions d’échange ne permettent aucune négociation réelle, et n’augurent rien de bon. Déjà méfiante, la confédération n’a guère apprécié la demande de « secret des discussions » formulée par le pouvoir.

En tout cas, la méthode employée par l’exécutif place les confédérations et particulièrement la CGT dans une situation délicate. Sans mesures précises formulées par le gouvernement, il leur est plus difficile de communiquer sur les dangers de la réforme auprès des salariés, sans apparaître comme opposées par principe. Une posture que la centrale de Montreuil souhaite éviter dans la crainte de se marginaliser. Elle se trouve déjà isolée par les manœuvres du gouvernement laissant entendre qu’il y a des marges de discussion. Brèche dans laquelle les organisations dites réformistes se sont engouffrées, rejointes par Force ouvrière (FO), pourtant partie prenante l’an dernier des mobilisations contre la loi travail. La constitution d’un bloc autour de la CFDT et de FO, prêtes à discuter de contreparties, fragilise la formation de Philippe Martinez en la privant de partenaires. Des conditions défavorables à la mobilisation des salariés qui l’incline à la prudence. La CGT gardant en mémoire l’échec de la lutte contre la loi travail, malgré qu’elle ait poussée à la grève tous ses secteurs en capacité d’y rentrer.

Dans ce contexte de flou entretenu par l’exécutif, les initiatives en ordre dispersé et de taille réduites vont se poursuivre jusqu’à l’été. Après le Front social, c’est au tour de la CGT de lancer diverses initiatives cette semaine avec plusieurs manifestations locales les 22 et 27 mai. De leur côté, plusieurs syndicats appellent à une grève générale en Martinique.

À moins d’un déclic, la contestation de la réforme libérale du Code du travail connaîtra son moment de vérité en septembre.

 

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