Les mots ne suffisent plus. Qualifiés de héros en blouses blanches par Emmanuel Macron lors de son allocution jeudi 12 mars à 20 h, les soignants des collectifs en lutte de l’hôpital public, mobilisés depuis un an pour obtenir des moyens, demandent des mesures immédiates et concrètes pour faire face à la crise du coronavirus.
Les soignants réclament leur part d’argent magique. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie a déclaré ce vendredi matin que les mesures de soutien aux entreprises décidées et mises en œuvre séance tenante par le gouvernement allaient coûter des dizaines de milliards d’euros à l’État. De l’autre côté de l’Atlantique, la Réserve fédérale américaine a décidé d’injecter 1500 milliards de dollars sur le marché monétaire pour réduire les pertes des marchés financiers. Des mesures laissant imaginer que le sort de l’économie importe plus que celui de la santé des populations.
En avril 2018, interpellé par deux soignantes du CHU de Rouen qui protestaient déjà contre les fermetures de lits et de services, Emmanuel Macron avait répondu qu’il n’y a pas d’argent magique. Par contre, jeudi soir, le chef de l’État a annoncé face à la gravité de la crise liée au coronavirus que tous les moyens nécessaires seraient mis en place pour soigner les gens malades. Il a même ajouté : « quoi qu’il en coûte ». Pour autant, au moment où nous écrivons, aucun chiffre n’a été avancé, ni par le chef de l’État ni par le ministre de la Santé. Le Premier ministre invité au 13 h de TF1 n’a pas profité de l’occasion pour faire des annonces nouvelles sur ce point. À l’inverse, de l’autre côté des Pyrénées, le gouvernement espagnol a annoncé hier le déblocage de 3 milliards d’euros pour les systèmes de santé régionaux. Le gouvernement britannique y consacrera lui 5 milliards.
Des lits et du personnel pour faire face
« Ces héros de l’hôpital sont épuisés et à bout depuis plusieurs mois et l’ont exprimé clairement à plusieurs reprises », rappellent les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux. Depuis le printemps 2019, les paramédicaux des services d’urgences, suivis de l’ensemble des services et des professions de l’hôpital public se sont mis en grève et ont alerté sur un système de soin et des personnels à l’agonie. Pendant des mois, ils ont eu pour seule réponse d’Agnès Buzyn : c’est un problème d’organisation, pas de moyens. Depuis, quelques mesures ont été prises par le gouvernement, mais nettement insuffisantes au regard des revendications et besoins exprimés par les médecins et les personnels paramédicaux de l’hôpital public.
Au lendemain des annonces d’Emmanuel Macron qui a rendu hommage à leur travail et leur dévouement, ils n’entendent pas se satisfaire de louanges et d’annonces vagues. Prenant au mot le président, ils demandent à celui-ci de débloquer en urgence les moyens financiers nécessaires. Deux priorités à leurs yeux. La première : « la réouverture des lits nécessaires pour accueillir l’ensemble des patients qui en ont besoin et éviter que la prise en charge des malades du coronavirus se fasse au détriment de tous les autres ». La seconde : « recruter puis rémunérer des personnels à la hauteur de leur mission ».
En somme, les mêmes revendications exprimées depuis un an, mais qui à ce jour, n’ont pas été satisfaites. Au contraire, les collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux affirment que « des lits continuent d’être fermés alors que la crise explose ». Et les soignants de conclure : « les Français peuvent compter sur nous, mais c’est maintenant qu’il faut agir ».
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.