Plus de 800 organisations espagnoles ont déposé le 10 mai une proposition de loi citoyenne inédite, pour la régularisation de tous les travailleurs migrants en situation irrégulière. « Un jour historique pour les migrants qui ont travaillé en Espagne dans des conditions de semi-esclavage » : tels ont été les mots tenus, à la tribune du Parlement, par l’un des porte-paroles de cette campagne, Lamine Sarr, relate le média El Diario.
La proposition de loi vise à accorder des titres de séjour à tous les travailleurs migrants actuellement en situation administrative irrégulière dans la péninsule ibérique. Selon les organisations, cela concernerait près de 500 000 personnes. Sur leur plateforme commune, celles-ci dénoncent le fait que l’absence de titre de séjour plonge dans « l’exploitation par le travail, l’invisibilité vis-à-vis des institutions, le manque de protection juridique et l’exclusion de facto des services publics essentiels tels que l’éducation et la santé ».
Le texte a été défendu mercredi devant les députés de la commission du travail, et sera ensuite débattu en séance plénière. La Constitution espagnole autorise la présentation d’un texte de loi d’initiative populaire à condition que celui-ci soit soutenu par au moins 500 000 signatures. Défi relevé, pour les associations antiracistes, collectifs d’immigrés et syndicats à l’origine du projet de loi. Celles-ci ont obtenu près de 700 000 signatures, à la clôture du délai fin décembre.
L’Espagne a récemment connu plusieurs réformes sur la question de la régularisation. Depuis le mois de mars, un permis de séjour temporaire est accordé aux personnes en situation irrégulière intégrant une formation professionnelle. En août 2022, la régularisation dans le cadre du travail saisonnier, du regroupement familial ou encore des études avait été facilité par une série de mesures.
Nombre d’avancées législatives sont portées par la mobilisation citoyenne, en particulier le mouvement « Regularización Ya » (« Régularisation maintenant »), né pendant la crise sanitaire du Covid-19, en soutien aux milliers de personnes en situation irrégulière ayant travaillé à leurs risques et périls durant les confinements.
« Nous ne voulons plus être une monnaie d’échange en période électorale. Nous voulons être des sujets politiques, des acteurs des politiques migratoires mais aussi des politiques publiques qui conditionnent notre quotidien », a insisté Lamine Sarr devant les députés.
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