C’est la surprise de la soirée électorale du premier tour des législatives. Mais une surprise en trompe-l’œil. Le gouvernement a fait savoir qu’il suspendait sa réforme de l’assurance chômage.
Le ministère du Travail, puis le Premier ministre l’ont annoncé tour à tour dans la soirée, alors que le clan présidentiel enregistrait une lourde défaite au premier tour des élections législatives. Pourtant, ces dernières semaines, l’exécutif n’a eu de cesse d’expliquer qu’il maintenait sa réforme, qui doit entrer en vigueur au 1er décembre, même s’il s’est avéré incapable de publier son décret d’application avant le 1er juillet, date de la fin des règles actuelles de l’assurance chômage.
Mais pourquoi un tel revirement ? Manifestement, pas parce que le gouvernement a pris conscience de l’absurdité d’une énième réforme dégradant les droits des privés d’emploi. Cette décision semble plutôt révéler d’un petit calcul politique. « Cette réforme pourra ainsi faire l’objet d’aménagements, de discussions entre forces républicaines », aurait expliqué à la presse une source à Matignon. Sévèrement battue dans les urnes hier soir, la minorité présidentielle échafaude des plans sur une large coalition allant d’une partie de la gauche jusqu’aux Républicains pour créer une majorité alternative au Rassemblement national, si ce dernier échoue à obtenir 289 députés.
Ainsi, la réforme de l’assurance chômage, et son éventuel aménagement, pourrait faire partie d’un des gages donnés aux oppositions pour trouver un deal au lendemain du 7 juillet. Le décret de jointure sur les droits actuels des chômeurs, publié ce matin au Journal Officiel, accrédite d’ailleurs cette hypothèse. Au lieu de prolonger les règles de six mois – comme il l’avait fait fin 2023 – pour couvrir les droits des demandeurs d’emploi jusqu’au 1er décembre, le gouvernement ne maintient les règles actuelles que jusqu’au 31 juillet prochain.
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