Le président épidémiologiste a trouvé plus disruptif que lui avec le Covid-19. Sa variation delta a eu raison de son dernier pari en date : imposer dès le mois d’octobre une réforme des retraites qui a produit trois mois de conflits sociaux au cœur de l’hiver 2019-2020. Et ce, contre l’avis des Français, contre l’avis de la plupart des partenaires sociaux et contre l’avis d’une partie de sa majorité. Tout en étant réélu neuf mois plus tard lors des élections présidentielles en 2022.
Le plan présidentiel de faire monter le suspense avec ses déclarations début juin sur des décisions difficiles à venir, puis de laisser fuiter l’option tenant la corde d’un allongement à 64 ans de l’âge de départ, pour dévoiler en juillet son agenda détaillé, fait pschitt. Son dessein chute sur un autre pari : celui d’un déconfinement rapide et total en deux mois, sans attendre que la couverture vaccinale ne permette un début d’immunité collective. Pari perdu pour ce qui est d’une maîtrise de l’épidémie et de la fin de la crise sanitaire dans l’été.
Pour ce qui est de la réforme des retraites, elle est de fait repoussée à plus tard, très probablement à après l’échéance présidentielle. Le fait qu’Emmanuel Macron ait martelé pendant son allocution ce lundi 12 juillet qu’il faudrait travailler plus et partir à la retraite plus tard n’y change rien. Pas plus que son annonce sur le fait qu’il confiait à son Premier ministre le soin d’étudier la mise en route de cette réforme. Celle-ci étant conditionnée par lui-même à une « épidémie sous contrôle » et à une « relance économique assurée ». Pour ce qui est de la condition liée à l’épidémie, le chef de l’État avait prévenu quelques minutes plus tôt qu’il faudrait « vivre avec le virus » toute cette année 2021 et les premiers mois de 2022. Quant à la relance assurée, elle ne sera éventuellement effective qu’après. Soit après l’échéance présidentielle.
Le nouveau pari présidentiel d’une réforme majeure en pleine campagne électorale est donc perdu avant d’avoir été lancé. Voilà qui est bien disruptif. Tout comme d’assumer passer outre la décision du Conseil d’État sur la réforme du chômage, en remettant le couvert d’une réforme régressive pour les chômeurs en date du 1er octobre. Et ce, malgré la crise sanitaire persistante et une crise économique qui n’a pas dit son dernier mot.
Faisons face ensemble !
Si les 5000 personnes qui nous lisent chaque semaine (400 000/an) faisaient un don ne serait-ce que de 1€, 2€ ou 3€/mois (0,34€, 0,68€ ou 1,02€ après déduction d’impôts), la rédaction de Rapports de force pourrait compter 4 journalistes à temps complets (au lieu de trois à tiers temps) pour fabriquer le journal. Et ainsi faire beaucoup plus et bien mieux.