La bataille du pétrole
Alors que les grèves sont reconduites dans de nombreuses raffineries, les préfectures multiplient les réquisitions de grévistes. A la raffinerie TotalEnergies de Donges (Loire-Atlantique), à l’arrêt pour des raisons techniques et également en grève depuis le 7 mars, « trois salariés sont réquisitionnés pour envoyer du carburant par pipeline à Vern-sur-Seiche », un dépôt de carburant près de Rennes, a précisé à l’AFP le délégué syndical CFDT Adrien Vaugrenard.
A la raffinerie de Gonfreville-L’Orcher (près du Havre) quatre salariés ont été réquisitionnés tôt ce vendredi matin. « Ce sont juste les expéditions qui vont reprendre, très partiellement, et s’ils y arrivent, et sur un seul produit, le kérosène, car les aéroports parisiens sont à sec », explique Eric Sellini, coordinateur national CGT Chimie.
Face à ces réquisitions, le soutien et la détermination des grévistes ne faiblit pas. Les raffineries, mais aussi les dépôts pétroliers sont devenus les théâtres de batailles en cours. A Gonfreville-L’Orcher, malgré les réquisitions, le piquet est toujours tenu et les raffineurs ont reçu le soutien de l’intersyndicale locale, ainsi que de militants proches de Révolution Permanente, venus de Paris.
A Fos-sur-Mer, la CGT13 tient un blocage du dépôt pétrolier pour le quatrième jour consécutif, malgré les réquisitions prises par la préfecture en début de semaine. Le dépôt pétrolier de Frontignan (Hérault) a été bloqué la nuit dernière, après une première tentative infructueuse hier après-midi.
Enfin, pendant que ces batailles sont en cours, des victoires sont obtenues sur d’autres fronts. La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, non loin de la raffinerie de Normandie, où les expéditions de carburants sont bloquées, devrait être contrainte de stopper sa production ce samedi. En cause : la grève reconductible à la CIM (Compagnie industrielle maritime), sur le dépôt pétrolier du Havre, qui alimente la raffinerie en produit brut. « Il n’y aura pas d’alimentation en brut sur la raffinerie de Gravenchon ce qui va entraîner l’arrêt des installations demain », a déclaré à l’AFP Christophe Aubert, délégué CGT Esso-ExxonMobil.
Deux usines d’incinération ont rouvert
Haut lieu de la lutte depuis près de trois semaines, deux des trois usines d’incinération traitant les déchets de Paris ont rouvert ce vendredi matin. Pour l’employeur, le Syctom, c’est la « fin définitive » du mouvement sur ces deux sites, où les fours d’incinération « devraient rouvrir demain ». Reste à voir si les salariés l’entendront de la même manière.
En plus des retraites : la bataille de l’eau
Alors que la bataille contre la réforme des retraites fait rage, le ministère de l’intérieur s’attend à être bousculé sur un autre front ce week-end. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues durant le week-end selon le collectif « Bassines Non merci ! » dans les Deux-Sèvres. Des manifestations et des actions sont prévues à partir de vendredi et jusqu’à dimanche contre le projet de construction de réserves d’eau pour l’irrigation agricole, dans le cadre de la mobilisation dite « Des soulèvements de la terre ». Les premiers militants sont déjà arrivés cet après-midi pour camper.
Les syndicats lycéens veulent une semaine de blocages
Les organisations lycéennes FIDL, VL et MNL appellent à une semaine de blocage à partir de lundi 27 mars. « Après la démonstration de force d’hier, avec plus de 400 lycées bloqués et des cortèges lycéens pleins à craquer, nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout du combat : le retrait de la réforme des retraites », expliquent-elles dans un communiqué.
Dégagent les rois
Le roi Charles III ne sera pas reçu en France ce mardi « compte tenu de l’annonce d’une nouvelle journée d’action nationale contre la réforme des retraites », déclare l’Élysée dans un communiqué de presse du jour. La mobilisation rend impossible l’accueil du monarque « dans des conditions qui correspondent à notre relation d’amitié », continue-t-il. Chacun comprendra cette tournure alambiquée comme il le voudra. Du côté du mouvement social, on y voit bien volontiers le signe d’un premier recul de notre monarque à nous – Emmanuel Macron. On ne peut pas détourner les yeux infiniment.
Dans la foulée, le Président de la République a également annoncé qu’il était prêt à discuter avec l’intersyndicale…mais pas sur la réforme des retraites. Le foutage de gueule n’en finit plus.
Faisons face ensemble !
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