L’intersyndicale nationale avait appelé à deux journées interprofessionnelles de mobilisation cette semaine. Une journée de grève hier et une de grandes manifestations samedi. De leur côté plusieurs secteurs avaient annoncé 48 h d’arrêt de travail les 7 et 8 février. Une sorte de test pour envisager un durcissement des grèves, alors que l’intersyndicale vient d’annoncer une nouvelle journée le 16 février.
Combien de manifestants le 7 février
Nous n’avons pas pu vous donner le décompte final des manifestations dans L’AG d’hier à 17 h 30. En fin de journée, le ministère de l’Intérieur annonçait 757 000 manifestants, alors que l’intersyndicale donnait le chiffre de près de deux millions. Quoi qu’il en soit, pour la troisième journée de grèves et de manifestations depuis le 19 janvier, le niveau de mobilisation reste très élevé comme nous l’expliquions hier.
La grève reconduite dans les raffineries, le rail et l’énergie
La CGT TotalEnergie avait annoncé initialement trois journées d’arrêt de travail les 7, 8 et 9 février contre la réforme des retraites. Avant de transformer la séquence en 48H de grève les 7 et 8 février. Ce matin, celle-ci a été reconduite à une très large majorité et les expéditions de carburants ont été suspendues. Selon le syndicat : 100 % au dépôt de Flandres, 80 % à la raffinerie de Donges, 70 % à celle de Feyzin et 56 % à Normandie. De son côté, la direction de Total annonce une moyenne de 46 % de grévistes dans l’ensemble de ses raffineries.
À la SNCF, la CGT et SUD appelaient à 24 h de grève supplémentaire. Ce 8 février : deux TGV sur trois et un TER sur deux ont circulé. En région parisienne, une partie des lignes RER ont été perturbées, notamment la D avec 2 trains sur 5 où, de source syndicale, 30 % des agents étaient en gréve (80 % chez les roulants).
Dans l’énergie, les baisses de production se sont poursuivis aujourd’hui, mais moins fortement qu’hier. Depuis le 19 janvier, la CGT a lancé un mouvement de grève pour partir en reconductible, tout en mettant en avant des journées d’action fortes.
Une prochaine journée de grève le 16 février avant un durcissement ?
Sans même attendre le soir du 11 février, l’intersyndicale a déjà annoncé une nouvelle date de mobilisation le jeudi 16 février. Sur LCI, Philippe Martinez a appelé à des grèves reconductibles « pour tout le monde, partout où c’est possible ». De son côté, Solidaires a mis au débat un départ en reconductible le 8 mars.
Désintox au ministère du Travail
Dans un communiqué, cinq syndicats d’agents du ministère du Travail (CGT, CNT, Sud, FO, FSU), « particulièrement au fait des dispositifs qui seraient mis en œuvre », dénoncent deux intox relayées par le gouvernement. Ils s’attaquent ainsi à la promesse de prise en compte de la pénibilité en rappelant que sous la présidence de Macron, 4 des 10 critères de pénibilité qui permettaient de partir deux ans plus tôt à la retraite, ont été supprimés. Ils soulignent également la vacuité de l’index senior en prenant l’exemple de l’index égalité hommes-femmes, « une véritable usine à gaz », où les employeurs « construisent leur index en totale opacité, et sans garantie d’efficacité ». Ces cinq syndicats appellent à un rassemblement le 9 février à 14 h devant le ministère du Travail.
Les Rosies sont sorties de garde à vue
Au matin de la manifestation du 7 février, neuf membres du collectif féministe des Rosies étaient placées en garde à vue. Ces femmes qui animent, vêtues d’un bleu de travail, les manifestations grâce à leurs chorégraphies s’étaient fait remarquer lors de la précédente mobilisation contre la réforme des retraites de 2019. La police leur reprochait cette fois d’avoir inscrit des slogans contre la réforme des retraites, à la peinture effaçable, sur l’une des portes de l’Assemblée Nationale et une statue à proximité. Un acte qui a scandalisé tant les députés Renaissance que du RN, qui y voyaient tous deux rien de moins qu’une atteinte à la démocratie et à la République… Elles ont finalement été libérées le soir, après neuf heures de garde à vue.
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