Rentrée, plan de relance, luttes…

 

Le résumé de l’actualité de la semaine du 30 août au 5 septembre par les journalistes de Rapports de force.

 

Rentrée

 

Scolaire

Malgré la crainte d’une deuxième vague dans l’épidémie de coronavirus, la rentrée a bien eu lieu ce 1er septembre. Le nouveau protocole sanitaire mis en place par l’Education Nationale est toutefois jugé trop léger par les organisations syndicales d’enseignants (notre article). S’il oblige les collégiens, les lycéens et les travailleurs de l’éducation à porter un masque, il ne rend pas la distanciation sociale obligatoire et laisse un certain nombre de mesures à la libre appréciation des chefs d’établissement et des travailleurs. Trois jours après la rentrée scolaire, 22 établissements ont dû être fermés en raison de cas de Covid-19 (dont 12 à la Réunion) à quoi s’ajoutent 120 à 130 classes, a détaillé Jean Michel Blanquer.

En entreprise

Depuis le 1er septembre, le port du masque en entreprise est obligatoire dans les espaces clos et partagés, et nécessaire dans certaines conditions en extérieur. Les personnes travaillant seules dans un lieu fermé ne sont pas concernées et quelques « adaptations » ont été autorisées, notamment dans les ateliers bien ventilés. Elles se poursuivront dans les semaines à venir. Le ministère du Travail a édité un nouveau protocole en remplacement de celui de déconfinement qui régissait les règles en entreprises jusque-là. Il est disponible ici. Les mêmes dispositions s’appliquent dans la fonction publique.

 

Économie et social

 

Plan de relance

Le Premier ministre a dévoilé les mesures du plan de relance du gouvernement jeudi 3 septembre. Il s’élève à 100 milliards d’euros : 35 milliards pour la compétitivité des entreprises, 30 milliards pour la transition écologique et 35 pour la cohésion sociale et territoriale (notre article). Salué par le patronat, ses absences de contreparties aux aides pour les entreprises font l’objet de critiques de la part de la plupart des organisations syndicales de salariés.

Grenelle des professeurs

Jean-Michel Blanquer a annoncé dimanche 30 août, dans un entretien au JDD, le lancement de discussions sur les rémunérations des enseignants pour 2021. À cette fin, l’État déboursera 400 millions d’euros pour quelque 870 000 enseignants. Soit 38,31 € par mois pour chaque professeur, si cette augmentation était uniforme. Le dossier devra être bouclé d’ici la fin du mois d’octobre.

Personnes vulnérables au Covid-19

Par un décret dimanche 30 août, le gouvernement a réduit la liste des personnes vulnérables au Covid-19 pouvant bénéficier de l’activité partielle à compter du 1er septembre. Ainsi, les personnes soufrant de diabète, d’obésité, de maladies cardiovasculaires ou respiratoires chroniques sont exclues du dispositif. Leur seule option sera un arrêt maladie avec une baisse de leur rémunération.

Alinéa : 1000 emplois en moins

Lundi 31 août, le tribunal de commerce a examiné l’offre de reprise d’Alinea. Sa délibération (le 14 septembre) ne devrait pas étonner grand monde : l’actuel propriétaire de l’enseigne, à savoir la famille Mulliez (6ème fortune française), est le seul à avoir déposé une offre de reprise. Pour ce faire, il est aidé par une ordonnance publiée fin mai. Elle facilite la reprise d’entreprises en faillite par leurs anciens propriétaires, ce qui était extrêmement compliqué auparavant. Malgré ce rachat, les travailleurs n’échapperont pas à la casse sociale puisque l’ancien et futur patron prévoit le maintien de seulement 9 magasins sur 26 et de 865 emplois sur 1861.

 

Luttes

 

Ibis des Batignolles : reprise de la lutte

Les femmes de chambre de l’hôtel détenu par le groupe ACCOR se sont rassemblées devant l’établissement avec leurs soutiens le 1er septembre, jour de la réouverture de l’Ibis des Batignolles. Leur lutte a commencé il y a quatorze mois (notre article).

Licenciement à la RATP

La RATP a confirmé la radiation d’Alexandre El Gamal, un élu CGT et secrétaire d’un comité social et économique (CSE) de la régie. Elle lui reprochait d’avoir bloqué ou filtré des dépôts de bus pendant la longue grève contre la réforme des retraites l’hiver dernier. Pour son syndicat, ce sont ses rôles de « dirigeant syndical » pendant la grève et d’élu au CSE pendant la crise sanitaire qui ont été visés.

Amazon espionne ses salariés

Actualité chargée cette semaine pour le géant américain. Après avoir reporté son projet d’installation de caméras intelligentes dans les entrepôts français, suite à l’opposition des syndicats (notre article), l’entreprise est mise en cause par la presse pour fichage salarial et syndical. Une enquête du site américain Vice révèle ainsi que la firme surveille les discussions de ses livreurs indépendants sur les réseaux sociaux. Cette révélation intervient juste après une autre polémique : Amazon avait récemment diffusé des offres d’emploi pour recruter des « analystes en renseignements » afin de surveiller les « menaces d’organisations syndicales » au sein de la compagnie. Carton plein pour la boîte connue pour ses hauts-faits en matière de répression syndicale.

 

Police, justice, sécurité, répression

 

Procès des attentats de Charlie Hebdo

Le procès des quatorze personnes, accusées d’avoir apporté une aide logistique aux auteurs des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Casher, a commencé mercredi 2 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. Il devrait regrouper 200 parties civiles, 144 témoins et durera jusqu’au 10 novembre. Pour autant, trois des principaux suspects seront absents des audiences : la compagne d’Amédy Coulibaly et les frères Belhoucine, partis en Syrie après les attentats. En janvier 2015, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly avaient assassiné 17 personnes, marquant le début d’une vague d’attaques djihadistes sur le territoire français.

« Major-croche-patte »

Le policier auteur d’un croche-pied sur une manifestante en janvier à Toulouse a écopé lundi de quelques milliers d’euros d’amende après une enquête de l’IGPN. Le 12 janvier, Edouard Philippe avait condamné ce geste dans le journal de 20 heures de France 2.

Opération policière à Grenoble

Le quartier du Mistral à Grenoble fait l’objet depuis mercredi 2 septembre « d’une présence renforcée de la direction de la sécurité publique (DDSP) de l’Isère avec l’ouverture d’un local à disposition permanente de la police ». Le quartier se trouve sous le feu des projecteurs depuis la diffusion, le 26 août, d’images montrant des dealers cagoulés et armés en bas des immeubles de la cité. On ne savait alors pas que ces images étaient extraites d’un clip de rap. La préfecture prend toutefois l’affaire très au sérieux puisque le rappeur en question, un mineur âgé de 16 ans, a été mis en examen ce jeudi 3 septembre pour « complicité de trafic de stupéfiants et usage de stupéfiants ».

Journaliste infiltré dans la police

Deux ans dans la police, 6 mois au commissariat du 19ème arrondissement de Paris. C’est le parcours du journaliste Valentin Gendrot dans son livre Flic. Un journaliste a infiltré la police (éditions Goutte d’or), publié cette semaine. « Dans son livre il décrit la violence, le racisme quasi quotidien de certains policiers et l’absurdité des missions répondant à la politique du chiffre », commente Médiapart.

 

Et aussi :

 

Valeurs actuelles

Danièle Obono a décidé mercredi 2 septembre de porter plainte contre Valeurs Actuelles. Le 24 août, le magazine avait publié un récit dans lequel la députée de la France insoumise était représentée collier en fer au cou, un dessin évoquant la traite négrière. La publication avait suscité une vague d’indignation dès sa sortie. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « injures à caractère raciste ».

Amende cannabis

L’amende forfaitaire, en lieu et place d’une procédure judiciaire pour consommation de cannabis, est entrée en vigueur le 1er septembre. Toutes les drogues sont concernées, mais c’est le cannabis qui est principalement visé pour désengorger les tribunaux. En 2017, 67 500 condamnations pour infraction à la législation sur les stupéfiants ont été prononcées. L’amende est fixée à 200 €, 150 € si elle est réglée dans les 15 jours et 450 € pour un paiement au-delà de 45 jours.