Si le nombre de manifestants mardi 10 décembre n’a pas égalé celui impressionnant de la semaine dernière, la grève continue dans les transports, l’éducation, l’énergie et la chimie. Mercredi midi, le premier ministre est censé livrer le contenu de sa réforme des retraites, même s’il a déjà déclaré hier qu’il n’y aurait pas « d’annonces magiques ». Déjà, l’intersyndicale appelle à de nouvelles journées les 12 et 17 décembre.
« Nous avons manqué de temps entre jeudi et ce mardi pour mobiliser », analyse Damien, enseignant en lycée professionnel, en observant un nombre de manifestants plus faible que le 5 décembre. La baisse est effectivement significative : 889 000 sur l’ensemble du territoire contre 1,5 million selon la CGT, 339 000 contre 806 000 selon le ministère de l’Intérieur. Dans de nombreuses villes le nombre de personnes mobilisées a été divisé par deux.
Malgré une difficulté à rebondir après l’annonce tardive de cette nouvelle journée, vendredi en fin de matinée, la mobilisation est donc loin d’être ridicule. Elle se situe même au niveau haut de celles contre la loi travail : 390 000 manifestants annoncés par les autorités le 31 mars 2016. Au delà de l’épaisseur des défilés, la force du mouvement se mesure au nombre de grévistes. Là aussi assez classiquement, il est en recul. Pour autant, il reste important dans certains secteurs, notamment dans ceux qui ont été assez forts pour reconduire la grève totalement ou de façon partielle.
Des secteurs toujours fortement mobilisés
Mardi au petit matin, Jean-Michel Blanquer se réjouit au micro de France Inter : le ministère annonce 12,5% de grévistes dans le premier degré et 19,5% dans l’enseignement secondaire. Des chiffres bien en deçà de ceux du 5 décembre, 1er jour de la mobilisation, où les grévistes étaient respectivement 51% dans les écoles et 42% dans les collèges et lycées selon les chiffres du ministère. Pourtant, en ce 10 décembre, les chiffres syndicaux annoncent une toute autre réalité : « Il y a environ un tiers de grévistes dans le premier degré, nous confie Francette Popineau, secrétaire nationale du Snuipp-FSU », le syndicat majoritaire. Dans le second degré, le chiffre syndical est beaucoup plus fort : 62% de grévistes selon le SNES-FSU, non loin du taux annoncé le 5 décembre (75%). « La grève est majoritaire, les chiffres du jour sont au-dessus de nos sondages de lundi, explique Claire Guéville du SNES-FSU, on évalue d’ailleurs entre 10% et 20% le nombre d’enseignants en grève reconductible. »
Si les chiffres du ministère et ceux des syndicats sont si différents, c’est parce que « le ministère annonce un pourcentage qui prend en compte le nombre d’enseignants absents par rapport à la totalité du personnel, non enseignants compris, alors que les syndicats annoncent le taux de grévistes parmi les enseignants qui donnent cours ce jour-là », détaille Claire Guéville. De même la différence entre les taux de grévistes dans le premier degré et dans le secondaire s’explique par le préavis d’intention de grève de deux jours qui doit être envoyé par les professeurs des écoles et qui n’existe pas dans les collèges et les lycées. Pour faire grève ce 10 décembre, il leur fallait donc être très réactifs et déposer leur préavis au plus tard vendredi 7 décembre, le jour où l’intersyndicale a appelé à la grève du 10.
Chez les cheminots, le faible nombre de trains en circulation parle pour les grévistes. Au sixième jour du mouvement, 77,3 % des conducteurs et 55,4 % des contrôleurs étaient en grève ce 10 décembre. Rapporté à tous les salariés de l’entreprise, le pourcentage descend à 24,7 % selon les chiffres donnés par la direction de la SNCF. « Les roulants font grèves tous les jours, les autres plutôt les journées d’action » confie un cheminot. Pour autant, les assemblées générales reconduisent chaque jour le mouvement.
A la RATP, à l’exception des lignes de métro automatiques, quasiment aucune rame ne circule. La circulation des bus et des tramways n’est assurée qu’à 50%. Les forces de l’ordre ont cependant débloqué sept dépôts de bus, a annoncé la préfecture de Paris. La grève est d’ores et déjà reconduite jusqu’à jeudi dans la plupart des dépôts.
Moins médiatisé, le mouvement s’ancre dans l’énergie avec 26,9% de grévistes annoncés à la mi-journée selon la direction d’EDF. De nombreuses coupures d’électricité ont eu lieu toute la journée ainsi que des baisses de régime. 7 raffineries sur 8 restent également bloquées, comme le 5 décembre, et le nombre de stations-service en pénurie a doublé depuis le début de la grève.
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