A une semaine de Noël, grèves et manifestations reprennent de la vigueur


 

Coincée entre la démission de Jean-Paul Delevoye et les rencontres de l’exécutif avec les syndicats mercredi et jeudi, la mobilisation du 17 décembre atteint un niveau élevé, proche de celle du 5 décembre. Demain et dans les jours suivants, la grève va se poursuivre dans les secteurs déjà mobilisés depuis treize jours.

 

Un peu plus ou un peu moins de manifestants ? Une chose est sûre, le nombre de personnes qui ont défilé dans les rues ce mardi 17 décembre est globalement équivalent à celui de la première journée de grève contre la réforme des retraites il y a treize jours. À une semaine de Noël, ce n’est pas exactement l’essoufflement qu’aurait pu espérer le gouvernement qui spécule sur le pourrissement de la situation dans les transports et un retournement de l’opinion publique. En vain à ce jour : le dernier sondage de l’IFOP paru hier montre qu’une majorité de Français soutiennent toujours le mouvement, malgré les désagréments qu’il occasionne.

 

Un nombre de grévistes en hausse

 

Dans les secteurs mobilisés en continu depuis le 5 décembre, les taux de grève sont en augmentation par rapport à la semaine dernière. La direction de la SNCF annonce 32,8 % de cheminots en grève ce 17 décembre, contre 11,2 % la veille. Un taux qui grimpe à 75,8 % des conducteurs et 59,2 % des contrôleurs. Certes, les pourcentages sont inférieurs à ceux du 5 décembre (85 % des conducteurs et 73 % des contrôleurs), mais ils sont à un niveau très haut après 13 jours de grève à la SNCF. À la RATP, « le niveau de mobilisation est supérieur au 5 décembre », assure un syndicaliste qui évoque un millier de grévistes supplémentaires dans l’entreprise. De son côté, la direction de la régie ne fournit pas de chiffre, mais le trafic est toujours autant perturbé dans le métro où seules les lignes automatiques fonctionnent normalement.

Dans l’Éducation nationale, le ministère avance un chiffre de grève de 24,16 % : 25,05 % chez les enseignants du premier degré et 23,32 % chez ceux du second degré. De son côté, la FSU premier syndicat du secteur annonce 50 % dans le primaire et 60 % dans le secondaire. Un peu moins que le 5 décembre, mais bien plus que toutes les autres journées intermédiaires depuis le début du mouvement. Dans les raffineries, la grève se poursuit et le nombre de celles bloquées est remonté à 7 sur 8. Dans l’énergie, que ce soit à Enedis, RTE ou GRDF, la mobilisation est également en hausse pour cette journée interprofessionnelle.

Aujourd’hui, la fonction publique d’État compterait 17,2 % de grévistes, contre 32 % le 5 décembre, mais 10,3 % le 10 décembre lors de la seconde journée d’action. Il est par contre difficile d’avoir une photographie des grèves dans le secteur privé. « La mobilisation aujourd’hui est forte dans le privé et dans le public », a cependant déclaré Philippe Martinez avant le début de la manifestation parisienne. En tout cas, si nous n’avons pas assisté à un élargissement de la grève à de nouveaux secteurs, des perturbations ont eu lieu aujourd’hui : dans les transports à Toulouse, dans des musées parisiens, devant des lycées ou encore pour la diffusion en kiosque des journaux dans certaines régions. Par ailleurs, les examens ont été reportés au mois de janvier dans une douzaine d’universités sous l’effet de la grève dans les transports et de blocages étudiants.

 

Et ensuite ?

 

La grève est reconduite à la SNCF et à la RATP pour demain, parfois pour plusieurs jours, en fonction des assemblées générales. Dans ces deux entreprises, les salariés mobilisés s’apprêtent à continuer leur lutte pendant les fêtes. Dans l’Éducation nationale, les vacances scolaires approchent. Elles ne marquent pas pour autant la fin de la mobilisation. Certaines assemblées de grévistes reconduisent le mouvement, d’autres non, mais une date interprofessionnelle intermédiaire étant dans les tuyaux pour jeudi, de nombreux enseignants vont continuer à se mobiliser au moins jusqu’à la fin de la semaine. Une nouvelle date la semaine de la rentrée scolaire a fait son apparition aujourd’hui dans plusieurs assemblées générales et sera probablement discutée demain matin lors de l’intersyndicale nationale de l’éducation.

En dehors de ces secteurs, la grève devrait être votée lors des assemblées générales de fin de journée dans au moins une partie des sept raffineries en arrêt aujourd’hui. Enfin, les salariés des entreprises d’énergies vont aussi poursuivre le mouvement. « Les collègues sont très chauds », confiait un syndicaliste d’Enedis pendant la manifestation, laissant supposer qu’au moins les coupures de courant ciblées pourraient se multiplier dans les jours à venir.

À défaut d’une extension et d’une généralisation de la grève, la mobilisation devrait se poursuivre dans les secteurs déjà mobilisés. Les rencontres entre les organisations professionnelles et le gouvernement, mercredi en bilatérale, et jeudi toutes ensemble à Matignon, ne devraient pas y changer grand-chose. Édouard Philippe ayant déclaré aujourd’hui à l’Assemblée nationale : « ma détermination, celle du gouvernement, celle de l’ensemble de la majorité est totale. Elle est totale sur la création de ce régime universel et sur la nécessité de faire prévaloir l’équilibre du système futur et la remise à l’équilibre du système actuel ». Droit dans ses bottes en somme.