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Le 31 janvier : la grève en direct


Toute la journée, suivez l’état de la grève du 31 janvier contre la réforme des retraites sur Rapports de force.

 

Les mobilisations massives dans la rue pourront-elles, à elles seules, faire reculer le gouvernement ? Dans le doute, certains secteurs professionnels envisagent déjà des grèves reconductibles. Or, dans les secteurs moins habitués à la grève celle-ci reste incertaine. Pour prendre le pouls du mouvement social, rien de mieux que les faits. C’est l’ambition de cet article qui sera réactualisé tout au long de la journée. Mieux que de longues analyses nous allons répertorier un maximum de faits de grèves (AG, manifestations, blocages, actions…) pour donner le panorama le plus complet possible de la journée. Pour ce qui est du nombre de personnes dans la rue voir cet article.

 

Combien de personnes dans la rue contre la réforme des retraites ce 31 janvier ?

 

La grève du 31 janvier

17h :

 

Au cœur de la manifestation parisienne

 

Notre journaliste Victor Fernandez s’est rendu à la manifestation parisienne qui a réuni 500 000 personnes selon la CGT. Il raconte :

A Paris, c’est un cortège regroupant toutes les organisations syndicales et long de 2 kilomètres qui s’est élancé en direction des Invalides, à quelques centaines de mètres de l’Assemblée Nationale. À la RATP, la mobilisation était semblable à celle du 19 janvier selon Patrick Sivadier, co-secrétaire de Solidaires RATP. « Il y a encore un peu de travail mais on arrive à organiser des AG. La dernière fois, c’était un peu court mais ces 12 jours nous ont permis de construire la grève », explique-t-il avant d’ajouter : « il y a vraiment cette attente que la grève reconductible soit lancée » . Plus loin dans le cortège, le secteur du jeu vidéo, beaucoup moins habitué aux grèves, est également présent. « Les gens commencent à voir les effets de la loi Travail, 6-7 ans après. On voit des gens aux prud’hommes qui voient les effets du barème Macron », explique Pierre Étienne, membre du Syndicat des Travailleurs du Jeu Vidéo (STJV). Pour combattre la réforme des retraites, certains salariés n’ont cette fois pas l’intention d’attendre aussi longtemps pour réagir. A l’occasion d’une journée de grève historique à Ubisoft, le message a été passé : leur secteur doit aussi venir grossir les rangs des manifestations.

 

Bataille de chiffres sur le nombre de lycées bloqués

 

Le ministère de l’Éducation nationale déclare cet après-midi que seuls 11 lycées ont été bloqués aujourd’hui. Auxquels il faut ajouter 4 tentatives de blocage et 17 filtrages. De son côté le syndicat lycéen Voix Lycéenne annonce 200 lycées bloqués ce matin (dont 30 à Paris) et 300 lycées mobilisés.

 

16h :

 

La jeunesse plus présente dans les cortèges

 

2000 jeunes dans les rues de Grenoble, 1000 à Bordeaux et Clermont-Ferrand, 3000 à Brest, des milliers à Strasbourg et Marseille, la jeunesse commence à se mobiliser en nombre selon les chiffres qui circulent dans les organisations de jeunesse. Le syndicat étudiant l’Alternative évoque 150 000 étudiants et lycéens dans les rues aujourd’hui.

 

Un peu moins de grévistes dans la fonction publique

 

Selon le ministère de la Transformation et de la Fonction publique le nombre de grévistes à la mi-journée dans la fonction publique d’État passe de 28 % le 19 janvier à 19,4 % aujourd’hui, confirmant une mobilisation un peu moins exceptionnelle dans l’Éducation nationale, le gros des effectifs de ce versant de la fonction publique. Petite baisse également dans la territoriale (7,9 % contre 11,3 % le 19 janvier) et l’hospitalière (8,5 % contre 9,9%) soumise à réquisition. Pour la suite, l’intersyndicale fonction publique appelle à poursuivre et amplifier la mobilisation.

 

Avec la CFDT à Amiens

Notre journaliste Guillaume Bernard s’est rendu à la manifestation amiénoise. Il raconte :

Avec un cortège de plusieurs centaines de personnes, la CFDT est bien représentée au sein de la manifestation amiénoise. Gilets oranges fluos sur le dos, les manifestants viennent des quatre coins du département. « Il y a beaucoup de salariés des commerces et services, de Carrefour, ou encore d’Auchan. Il y aussi des salariés de chez Metex, entreprise de chimie, ou de chez Airbus à Méaulte », explique Nathalie Cagny, secrétaire régionale CFDT en charge du département de la Somme. Salariée du centre d’appel Coriolis d’Amiens, la cédétiste annonce également un très fort taux de gréviste dans sa boîte. « On doit avoir plus de 50% de grévistes, sur 700 à 800 salariés ». Lorsqu’on lui demande si la prochaine manifestation intersyndicale pourrait-être un week-end, elle s’interroge. « C’est vrai qu’à la CFDT nous sommes plutôt, partant pour faire une manifestation le week-end. Cela pourrait faire venir les familles. Mais nous sommes ne sommes pas seuls à décider puisque nous sommes en intersyndicale et il est donc plus probable que la prochaine date soit un mardi ou un jeudi », pronostique la syndicaliste.

 

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Banderole en tête du cortège CFDT à Amiens. Crédit : Guillaume Bernard.

 

14h :

36,5% de grévistes à la SNCF

 

Le taux de gréviste atteint 36,5% à la SNCF mardi pour la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, contre 46,3% lors de la première le 19 janvier, a appris l’AFP de source syndicale. Pour l’heure, la direction de la SNCF n’a pas annoncé ses chiffres.

 

40,3 % de gréviste à EDF

 

Le taux de gréviste à la mi-journée s’élève à 40,3 % chez EDF, en très légère érosion par rapport au 19 janvier où il était de de 44,5 %, là aussi selon les chiffres de la direction.

 

Qui fait grève à Montpellier ?

 

Notre journaliste Stéphane Ortega s’est rendu à la manifestation montpelliéraine. Il raconte :

Énormément de monde encore ce mardi dans les rues de Montpellier (24 500 selon la police, 30 000 selon l’intersyndicale). En tête de la manifestation, le cortège CGT rassemble a lui seul déjà 5000 salariés et fonctionnaires regroupés dernière les banderoles de leur secteur. On y trouve des hospitaliers, des énergéticiens, des cheminots, mais aussi des salariés du spectacle ou du ramassage des ordures. Chez Nicollin (collecte de déchets) la CGT revendique 70% de grévistes, comme à la Tam (tramways et bus). C’est un peu moins que le 19 janvier. Après les déclaration d’Élisabeth Borne sur les 64 ans non négociables, « on a le choix entre retrait et retrait », commente Serge Raggazacci de l’union départementale CGT. À noter une présence un peu plus importante de la jeunesse ce mardi dans le défilé. Dans la matinée, une AG cheminote avait rassemblé 50 personnes. Une AG de l’éducation doit avoir lieu dans l’après-midi.

 

12h :

Zoom sur une assemblée générale

Notre journaliste Maïa Courtois s’est rendue dans une AG interprofessionnelle ce matin au sein de la maison des associations du Pré-Saint-Gervais, en Seine-Saint-Denis. Elle raconte :

Une majorité d’enseignantes sont présentes, mais également des AESH, étudiants, ou encore des agents territoriaux des communes alentours. On compte 50 % des professeures en grève dans les écoles de la commune, avec peu ou prou les mêmes chiffres dans la circonscription. Le 19, elles étaient 75 %. « Mais là, en AG, on est beaucoup plus nombreux, avec des corps de métiers différents. On sent que la lutte s’organise », souligne l’une d’elles.

Des liens sont faits avec la lutte des AESH. « Les collègues parlent des salaires, de la réforme du chômage : il faut articuler notre discours sur toutes ces attaques, insiste Charlotte, enseignante. Celle-ci encourage à des « tractages, des interventions auprès des collègues, des petits déj devant les écoles… » et à partir en reconductible sans attendre que d’autres secteurs forts démarrent.

 

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Assemblée générale interprofessionnelle au Pré-Saint-Gervais. Crédit : Maïa Courtois.

 

La salle se remplit davantage au fur et à mesure. Les chaises viennent à manquer. On discute organisation collective pour la garde des enfants, « un outil pour tenir la mobilisation sur le long terme », soutient Samuel, étudiant, qui se propose avec d’autres de garder les enfants des manifestants cet après-midi. Et puis, on parle caisses de grève. Mylène, bibliothécaire, propose des projections de films militants pour remplir ces caisses, mais aussi des réquisitions dans les magasins car « les gens autour de moi, dans mon quartier, ont faim ». L’argent est perçu par tous, ici, comme le nerf de la guerre.

Plusieurs membres de l’AG préparent une soirée de soutien le 10 février dans trois communes de la circonscription. Des prises de parole d’AESH, d’étudiants et d’économistes pour décrypter la réforme sont envisagées. Des groupes de travail se dessinent pour diffuser les informations, créer un tract identifiable de l’interpro, organiser la soirée du 10… Éric, agent territorial, promet d’amener la sono. D’ici là, et juste avant de clore l’AG, les cinquante personnes présentes s’organisent avec les bus collectifs pour rejoindre la manifestation parisienne à 14h.

 

Les enseignants toujours très mobilisés

 

Le Snes-FSU (syndicat majoritaire) annonce 55% de grévistes dans l’enseignement secondaire. Dans le premier degré, le Snuipp-FSU (également majoritaire) avait déjà annoncé 50% de grévistes hier. C’est légèrement moins que le 19 janvier, où les deux syndicats avaient respectivement annoncé 65% et 70% de grévistes. De son côté, le ministère annonce 26,65% de grévistes dans le premier degré et 25,22% dans le second degré. Le 19 janvier, il déclarait respectivement 42,35% et 34,66%. Les chiffres du gouvernement sous évaluent souvent la mobilisation du fait de la méthode de calcul utilisée.

 

11 h :

 

Grève réussie dans les transports en commun

 

Dans les transports en commun, la grève rencontre un certain succès. À Paris, la majorité des métros ne circuleront qu’en heures de pointe et à une fréquence réduite. Le réseau lyonnais sera lui fermé à 20 h 30 et fonctionnera en service réduit jusqu’à cette heure-là. À Bordeaux, les bus d’une dizaine de lignes resteront au dépôt toute la journée. De nombreuses lignes de bus, tramway et métros ont été fermées à Marseille, où le mouvement est important. De même, à Montpellier, la fréquence des bus et des tramways a été réduite pour correspondre à celle des dimanches et des jours fériés.

 

Bibliothèques en lutte

 

De nombreuses bibliothèques ont fermé totalement ou partiellement leurs salles. La Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne à Paris, les Archives nationales de France, certaines bibliothèques de Saint-Etienne, celles de Montreuil… Certaines voient leurs horaires d’ouverture modifiés, comme la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC) à Paris, les bibliothèques de Paris Nanterre, de l’Université Toulouse Capitole, celles de l’Université de Caen notamment.

 

10h :

 

Grève massive dans les raffineries

 

La CGT TotalEnergies annonce 75 à 100 % de grévistes dans les raffineries et dépôts de l’entreprise. La raffinerie de Normandie compte 75% de grévistes, celles de Feyzin (Rhône) et Donges (Loire-atlantique) respectivement 80 et 90% de grévistes, un taux qu’on retrouve à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), et le dépôt de carburants de Flandres (Nord) est en grève à 100%, selon Eric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies.

 

Extension des blocus lycéens, début de blocages dans les facs

 

Alors que les blocages de lycées s’étaient jusqu’alors essentiellement déroulés à Paris, ces derniers s’étendent en dehors de la capitale ce mardi 31 janvier au matin. Lycée Saint-Exupéry de Lyon, lycée Jean Macé de Rennes, lycée les Eaux claires de Grenoble, lycée Voltaire à Paris… les élèves s’élèvent contre la réforme des retraites et annoncent rejoindre les manifestations de l’après-midi.

Certains établissement de l’enseignement supérieur ont également commencé des blocages ou des occupation. C’est le cas de Sciences Po Paris, où les élèves ont lancé une occupation de salle depuis lundi soir, ou encore du campus de Tolbiac, à Paris, où les étudiants annoncent un blocage en cours. Mais aussi dans les universités de Grenoble et Strasbourg.

 

8h :

 

Blocages épars dans les boîtes :

 

Dès ce matin, des salariés étaient mobilisés sur leur lieu de travail pour y effectuer des blocages. A 4h du matin, l’intersyndicale des territoriaux a bloqué le Centre Technique Municipal à Besançon. Sur le dépôt RATP de Saint-Denis, des employés, épaulés par des étudiants, ont également procédé au blocage des bus. Enfin, ce n’est pas un blocage cette fois mais une ouverture : une action péage gratuit a été menée à Lyon entre 7h et 8h en soutien aux grévistes.

 

Mairies fermées

 

Des dizaines de mairies vont être fermées ce mardi en solidarité avec le mouvement de lutte contre la réforme des retraites. En GIronde, dans le Nord, en Ile-de-France ou à la Réunion, plusieurs maires, principalement de gauche, ont décidé de fermer les portes de l’hôtel de ville au public. Ces fermetures remplissaient deux objectifs principaux : « faciliter la mobilisation de tous les agents communaux et démontrer l’importance des services publics », indiquait Denis Oztorun, l’un des premiers maires (PCF) à avoir annoncé la fermeture de sa mairie de Bonneuil-sur-Marne.

 

Ce que l’on sait à la veille de la grève

 

Plus de 268 manifestations partout en France

 

Solidaires a cartographié les 268 rassemblements et manifestations prévus mardi pour la défense des retraites. C’est 18 rassemblements de plus que lors de la dernière journée de grève interprofessionnelle, le 19.

 

La moitié des enseignants du premier degré en grève

 

Ce mardi, 50 % des enseignants seront en grève, a annoncé le Snuipp-FSU. « On savait que nous n’irions pas jusqu’à 70% comme lors de la première mobilisation. Mais 50% reste un très bon chiffre qui montre que le mouvement de contestation contre la réforme des retraites s’installe dans les écoles », a commenté Guislaine David, secrétaire générale du syndicat auprès de l’AFP. De nombreux établissements fermeront leurs portes partout sur le territoire. Dans le Doubs par exemple, « plusieurs dizaines d’écoles seront complètement fermées » sur le territoire, indique la branche départementale du Snuipp-FSU dans son communiqué.

 

Transports : deux TER sur dix et un trafic « très perturbé » à la RATP

 

La RATP prévoit un trafic « très perturbé » sur les réseaux RER et métro : sur la majorité des lignes, un seul train sur trois circulera. Sur le réseau de surface (bus et tramway), le trafic sera « légèrement perturbé » avec 8 bus et tramways sur 10 en circulation. Sur les dépôts de Lagny, Pleyel ou encore Barrage, des AG auront lieu dès 4h30 mardi. Du côté de la SNCF, seuls deux TER sur dix fonctionneront mardi. Le trafic sera également fortement impacté sur les TGV : entre un train sur deux et un train sur cinq circuleront, selon les axes. Enfin, Air France vient d’annoncer, de son côté, l’annulation d’un vol court et moyen-courrier sur dix.

 

Des premiers blocages dans les lycées dès le 30 janvier

 

Des lycées ont été bloqués ce lundi à la Courneuve, Vitry-sur-Seine, Clermont-Ferrand ou encore dans le coeur de Paris. L’intersyndicale lycéenne (Voix Lycéenne, Union Syndicale Lycéenne, FIDL, MNL….) avait unanimement appelé à bloquer des établissements le 31 « voire même la veille, le 30, pour ouvrir la semaine de mobilisation ». Le but : ne « pas laisser le moindre répit au gouvernement ». Des AG auront ainsi lieu tout au long de la semaine pour décider des poursuites de blocages. Du côté des universités, après une semaine de multiplication des AG étudiantes, certaines organisent des AG interfac et éducation, comme ce lundi à 18h à Paris 8-Saint-Denis.

 

Crédit photo : Ricardo Parreira