Deux ans ont passé depuis le suicide de la directrice d’école Christine Renon et aucune réponse de taille n’a été apportée au mal-être des chefs d’établissements. Alors que Sud Education 93 qualifie « d’inventaire de vœux pieux » le rapport d’enquête consécutif à la mort de la directrice, les députés LREM préparent le terrain pour qu’advienne la fonction de « directeur manager », chère à Emmanuel Macron mais très éloignée des revendications des enseignants.
Deux ans après le suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin (93), dans son établissement, Sud Education 93 publie une contre-analyse du rapport d’enquête consécutif à sa mort. Au vitriol, celle-ci dénonce un « inventaire de vœux pieux qui neutralisent les responsabilités institutionnelles ». Pour rappel : 58 suicides et 21 tentatives sur le lieu de travail « éducation nationale » (ou étant imputables au travail) ont eu lieu sur l’année scolaire 2018-2019. Des chiffres révélés pour la première fois par l’Education Nationale après la mort de la directrice et qui n’ont jamais été mis à jour depuis.
Pour le syndicat : « l’enquête est entravée dès sa mise en place ». La délégation qui la mène est composée de six représentants de l’administration de la DSDEN 93 et de six représentants du personnel. Toutefois : « les personnes ayant pu avoir un rapport professionnel direct avec Christine Renon et les parents d’élèves élus qui la connaissaient bien, ne sont pas sollicités », précise Sud Education 93. L’enquête commence finalement un an après les faits, de septembre 2020 à janvier 2021. L’administration choisit le cabinet d’expertise indépendant SECAFI, pour assister les délégués.
De Christine Renon aux « directeurs managers »
Examiné en juillet 2021, le contenu du rapport d’enquête est jugé décevant par le syndicat. Il détaille de manière précise l’enchaînement des évènements mais ne le relie pas au manque de moyens chroniques dans l’Education Nationale.
« Le lecteur est prévenu d’emblée, que le rapport “s’appuiera exclusivement sur des faits” et “écartera les interprétations”. Ce qui expliquerait l’absence de référence à la lettre de Christine Renon ? L’absence de référence aux entretiens et témoignages ? Que l’on ignore les problématiques locales, et les relations exécrables entre la mairie, les directions et les enseignant·es ? Que le rôle de l’employeur dans l’organisation du temps de travail ne soit pas un sujet », dénonce Sud Education 93. Et le syndicat de conclure : « Le suicide de Christine Renon est politique. L’éducation nationale en a fait un fait divers. »
En guise de solution au mal-être des chefs d’établissement, Emmanuel Macron a rendu sa copie lors de son récent discours à Marseille. Nul doute que les syndicats lui mettront une mauvaise note. Le chef de l’Etat souhaite que les écoles soient désormais gérées par des « directeurs managers » et non plus de manière collégiale par les enseignants. Sa proposition pourrait d’ailleurs être rapidement mise en œuvre par la loi Rilhac, qui arrive en séance à l’Assemblée Nationale le 29 et 30 septembre. Appliquée en l’état, elle donnerait aux directeurs et directrice une autorité réelle sur les enseignants. Ils n’obtiendraient cependant pas de véritable statut, ni de moyens supplémentaires. Des mesures finalement bien éloignées des préoccupations de Christine Renon, exprimées dans une lettre avant sa mort.
Photo : Jeanne Menjoulet
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