manifestation

Les points forts du mouvement avant la manifestation du 11 mars et la grève du 15 mars


Des blocages partout en France, des manifestations record et des départs en reconductible. C’est forte d’une journée de mobilisation réussie que l’intersyndicale a appelé à deux nouvelles journées de lutte. Une manifestation le 11 et une grève le 15 mars. Toutefois les assemblées générales restent insuffisantes et la partie est loin d’être gagnée.

 

« Le silence du président de la République constitue un grave problème de démocratie ». C’est d’un ton grave que l’intersyndicale a appelé à deux nouvelles journées de mobilisation. D’abord le samedi 11 mars, qui ne sera pas un jour de grève. Puis une grève le mercredi 15 mars, date de la commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs. C’est fort de plusieurs atouts que les syndicats ont annoncé ces deux nouvelles dates. Parmi eux : une journée de manifestation record, des blocages et des grèves fortes, reconduites dans plusieurs secteurs.

 

Une journée de manifestation record

 

Avec 3,5 millions de manifestants selon les syndicats, 1,28 million selon la police, la journée est caractérisée par une mobilisation historique dans la rue. Devant la journée du 31 janvier, qui avait réuni 2,5 millions de manifestants d’après les syndicats, 1,27 million selon les autorités.

Record battu à Paris selon la CGT. La centrale syndicale annonce 700 000 manifestants dans la capitale, contre 500 000 le 31 janvier. La préfecture, elle, y comptabilise 81 000 manifestants soit un peu moins que le 31 janvier. A Lyon, la CGT annonce 52 000 manifestants, la préfecture en compte 25 000. A Nantes, c’est 75 000 personnes selon les syndicats, 30 000 selon la préfecture. Enfin à Bordeaux, les organisateurs annoncent 100 000 personnes en manifestation, la préfecture 16 000.

Dans les villes moyennes, les manifestations sont toujours massives. On dénombre ainsi, selon les syndicats, 30 000 manifestants à Brest (20 500 selon la préfecture), 30 000 également à Nice, 50 000 à Clermont-Ferrand, 53 000 à Grenoble (20 500 selon la préfecture), 45 000 au Havre (10 700 selon la préfecture), 25 000 à Toulon, ou encore 15 000 à Saint-Nazaire (selon Ouest-France).

 

Des blocages partout en France

 

La grande nouveauté de cette grève du 7 mars, c’est le grand nombre de ronds-points, zones industrielles, plateformes logistiques ou encore autoroutes, bloquées partout en France dans la matinée. Le slogan de l’intersyndicale “la France à l’arrêt” est devenu en partie réalité.

Dans de nombreuses villes, y compris petites et moyennes, des syndicalistes, épaulés par les habitants se sont emparés de ronds-points, de bouts de routes et y ont organisé des blocages ou des barrages filtrants. Difficile de recenser la totalité de ces blocages. Mais le périphérique de Caen, les deux ronds-points de l’A9 à Perpignan, les routes de Montauban, Montmélian (73), Nîmes, Muret (31), Lorient, Rennes, Amiens ou encore Abbeville (60) ont été occupés par les grévistes. Les plateformes logistiques et les nœuds d’échange sont également visés, comme à Miramas (13), ou sur la zone industrielle Prouvy, le port de Boulogne-sur-Mer.

 

Une grève de haut niveau

 

La grève a existé dans le privé, même si elle reste difficilement quantifiable. Elle était particulièrement visible dans l’industrie. Pour ne donner que quelques exemples, le site d’ArcelorMittal à Florange a été bloqué dès 4h30 du matin, alors que celui de Dunkerque était partiellement mis à l’arrêt. Des blocages ont également eu lieu chez Safran ou sur le site de Renault à Cléon. Ce 7 mars a aussi vu entrer dans la danse les routiers.

De plus, là où les taux de grève sont connus, ils restent forts, pour une sixième journée de mobilisation et malgré une inflation qui pousse les salariés à compter chaque jour sans salaire. A peu de chose près, le niveau de la grève est proche de celui de la première journée – le 19 janvier. A la SNCF, les syndicats annonçaient 39 % de grévistes, mais 76 % chez les conducteurs et 55 % chez les contrôleurs. Si le taux recule de 7 points par rapport à la première journée, il reste du même niveau chez les conducteurs et les contrôleurs.

Dans les industries électriques et gazières, la grève est également forte. La direction d’EDF a annoncé 41,5% de grévistes à la mi-journée ce 7 mars, contre 44,5 % au même moment le 19 janvier. Des chiffres, revus à la hausse en fin de journée, et qui montent à 55,3%. Dans les raffineries, la direction de Total a annoncé 64 % de grévistes. Le carburant n’en sort plus. Dans la fonction publique d’État, le ministère avance le chiffre de 24,4 % de grévistes contre 28 % le 19 janvier. La grève y est quasiment identique à ce qu’elle était au premier jour du mouvement dans la territoriale et la fonction publique hospitalière. Dans l’Éducation nationale, après les vacances d’hiver par zone, la grève est un peu moins forte que le 19 janvier, mais reste forte avec 60 % de grévistes selon la FSU.

 

La reconductible démarre dans plusieurs secteurs

 

Plusieurs professions s’engagent dans un mouvement reconductible. C’est le cas des raffineries qui ont toutes reconduit le mouvement chez Total ce soir, selon la CGT. Mais aussi des cheminots, avec de fortes perturbations attendues demain : 1 TGV sur 3 et 1 Intercité sur 5. La grève se poursuit aussi à la RATP et reste importante dans le métro, même si elle est peu reconduite dans la partie bus.

 

7 mars : la liste des secteurs prêts pour une grève reconductible

 

Les industries électriques et gazières poursuivront la grève dans les jours qui viennent. De leur côté, les portuaires seront en grève le 8 mars avec une journée « Ports morts » et décideront ensuite de la suite de leur mobilisation. Des reconduites de la grève sont aussi envisagées ou effectives selon les sites dans le traitement et la collecte des déchets. De même, dans l’éducation, des enseignants réunis en assemblées générales ont décidé des reconductions selon des modalités diverses d’une ville à l’autre.

 

Les espaces de construction de la grève pas assez investis

 

Malgré des appels et des velléités à reconduire la grève dans certains secteurs, les espaces de construction du mouvement que représentent les assemblées générales n’ont pas fait le plein ce mardi 7 mars. Pourtant, elles restent un outil de mesure de la capacité des grévistes à animer et organiser leur mouvement. Dans l’éducation : pas d’assemblée d’arrondissement à Paris et une AG globale ne réunissant que 200 personnes. Même tendance à Montpellier où des enseignants poursuivront la grève à l’issue d’une AG réunissant une cinquantaine de personnes.

Dans le rail, la situation est assez contrastée : 80 cheminots à la gare du Nord ou à Amiens et 40 à Montpellier ce matin, ce qui n’est pas réellement imposant pour un début de grève reconductible. Mais plus de monde à Nantes (190) ou à Tours (120). « Comme le programme des prochains jours est déjà fixé par les intersyndicales nationales et fédérales, il y a moins d’intérêt à venir en assemblée générale. Mais cela reste un enjeu pour les jours à venir » explique Julien Troccaz de Sud-Rail.

 

Guillaume Bernard et Stéphane Ortega

Photo de manifestation : Ricardo Parreira