L’intersyndicale appelle à une journée de grève le 2 octobre

Après une ultime rencontre avec Sébastien Lecornu ce mardi matin, les huit organisations qui composent l’intersyndicale appellent ensemble à une journée de grève et de manifestations partout dans le pays le 2 octobre.

La tentative de déminage du Premier ministre n’y aura rien changé : l’intersyndicale appelle à poursuivre la mobilisation avec une prochaine journée de grève jeudi 2 octobre. La semaine dernière, au soir des manifestations, elle avait fixé un ultimatum à Sébastien Lecornu, dont le terme arrivait à échéance hier soir.

Plutôt que d’attendre la nomination d’un nouveau gouvernement et la présentation de son budget, les huit syndicats réclamaient l’abandon du doublement des franchises médicales, d’une année blanche, de la suppression de 3000 postes de fonctionnaires et d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Également parmi leurs exigences : la mise en place de dispositifs qui taxent les hauts patrimoines et les gros revenus, l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, la mise en place de la conditionnalité des aides publiques aux entreprises et des investissements dans la transition écologique.

Pour se laisser un peu de mou, le Premier ministre avait répondu en les invitant à Matignon le lendemain de la date fixée par l’ultimatum. Mais manifestement sans rien proposer qui infléchisse leur position ou qui fracture l’intersyndicale. « Le Premier ministre n’a apporté aucune réponse claire aux attentes des travailleurs et des travailleuses […] c’est une occasion manquée » a expliqué Marylise Léon au sortir de la rencontre. Comme promis avant l’entrevue avec Sébastien Lecornu, faute d’avancées sur les exigences de l’intersyndicale, la secrétaire générale de la CFDT a annoncé un appel à la grève pour le 2 octobre.

« Nous sommes en position de force » martèle Sophie Binet de la CGT depuis déjà trois semaines. Une formule qu’elle a reprise aujourd’hui, après le rendez-vous à Matignon, pour appeler les salariés à se mobiliser.

L’importante journée de grève et de manifestation du 18 septembre lui avait plutôt donné raison. Avec ses 500 000 manifestants comptabilisés par le ministère de l’Intérieur (plus d’un million selon la CGT) elle n’atteint certes pas le niveau le plus imposant des manifestations contre la réforme des retraites (1,3 million selon la police). Pour autant, elle se place à une hauteur inédite pour une date de rentrée aussi précoce. D’autant qu’une semaine avant, 200 000 personnes défilaient déjà à l’appel du mouvement Bloquons tout, selon le ministère de l’Intérieur.

Après le succès du 18 septembre, des velléités d’aller plus loin se sont déjà exprimées, dans quelques secteurs plus mobilisés que d’autres. Dans l’éducation, le conseil national du SNES-FSU, premier syndicat du secondaire, a voté quasi unanimement un plan d’action, pour faire suite à une grève très suivie dans les collèges et lycées. Considérant que le 18 septembre est « le point de départ d’un puissant mouvement social pour gagner un changement de cap budgétaire », le syndicat enseignant « s’engage à poursuivre la mobilisation en construisant dans les plus brefs délais les conditions pour une grève réussie de plusieurs jours ».

Toujours dans le monde éducatif, la jeunesse étudiante et lycéenne appelle à une mobilisation ce jeudi 25 septembre, soutenue par les syndicats de l’enseignement supérieur et de la recherche. Plusieurs manifestations sont prévues dans l’ensemble du pays. La question d’ancrer la grève se pose également à la RATP, où la journée de grève du 18 septembre a été particulièrement suivie. Elle se pose aussi à la SNCF ou dans le secteur de l’énergie. Là, un salarié sur trois était en grève, selon la CGT. Enfin, à Lyon, Solidaires-Rhône avait déjà proposé une poursuite du mouvement dès le 19 septembre. Ce jour-là, plusieurs centaines de grévistes (un millier selon le syndicat) de l’éducation, de la recherche, de l’informatique ou du secteur associatif se sont rassemblés à Villeurbanne pour une manifestation.

Si certains secteurs semblent déjà bien mobilisés, l’enjeu du 2 octobre sera bien d’élargir la grève. En effet, si la grève a été bien suivie dans plusieurs secteurs, le taux de grève n’était que de 7,5 % dans la fonction publique territoriale et hospitalière. Quant au secteur privé, il reste largement à mobiliser.