Ce vendredi 4 et samedi 5 octobre, une manifestation est organisée à Guéret (Creuse) contre l’implantation d’une usine de production de granulés de bois. Dans ce territoire, les collectifs écologistes et forces syndicales s’organisent ensemble pour la protection de la forêt limousine.
Des militants écologistes et syndicaux (CGT, FSU) marcheront samedi à Guéret face au groupe BioSyl, qui compte bien installer dans la commune une usine pour produire 85 000 tonnes de pellets par an, issus à 80 % de forêts de feuillus. « Notre crainte, c’est l’impact sur le massif forestier. Nous ne sommes pas contre l’exploitation industrielle de la forêt, mais pas à n’importe quel prix ni pour faire n’importe quoi », introduit Jean-Yves Lesage, de l’union départementale CGT de la Creuse, l’une des chevilles du mouvement opposé à l’usine. 1500 à 2000 personnes sont attendues samedi par les organisateurs.
Une enquête menée par Canopée en 2023 a dévoilé que BioSyl avait recouru aux coupes rases et abattu des chênes centenaires pour les réduire en pellets sur son site de production de Cosnes-sur-Loire. « On a déjà énormément de coupes rases ici, c’est ce qui choque les gens. En plus du projet de BioSyl, il y a le projet de doubler les capacités de production de la scierie FargesBois, à Egletons, au sud du plateau de Millevaches. Avec ces deux projets côte à côte, ça devient n’importe quoi en termes de préemption de la ressource », décrit le responsable CGT.
Plusieurs recours juridiques auprès du tribunal administratif sont en cours. Notamment depuis la découverte par les militants écologistes de crapauds sonneurs à ventre jaune, une espèce protégée, sur le site de Guéret. Mais aussi des recours liés aux risques : « aucune étude d’impact n’a été délivrée. Alors que ce sont des entreprises qui manient du feu et de la chaleur à haute intensité pour transformer le bois en déchet, puis le déchet en pellet, ce qui pose la question des risques d’explosion ou d’incendie. En plus, il y a le projet de mettre une usine de méthanisation à côté », explique Jean-Yves Lesage. Les opposants exigent également l’ouverture d’une enquête publique sur le dossier.
Le groupe BioSyl a assuré en conférence de presse, début juin, que l’exploitation de la forêt sera menée « durablement », que l’usine ne présentera « aucun risque sanitaire », et qu’elle créera une dizaine d’emplois. On va perdre 200 emplois sur les petites entreprises de la filière, parce que la ressource bois va être captée par ces deux grosses entreprises, rétorque sur ce point Jean-Yves Lesage.
Quoi qu’il en soit, les autorités ont donné un coup d’accélérateur au projet, avec l’approbation du compromis de vente par l’agglomération du Grand Guéret fin juin. Une manifestation aurait dû avoir lieu au même moment, le 30 juin, mais la tenue imprévue des élections législatives a reporté le calendrier à ce mois d’octobre.
Au-delà de l’échéance de samedi, une trentaine de syndicats, collectifs écologistes locaux et branches départementales d’ONG comme France Nature Environnement se sont regroupés dans le Réseau forêt limousine. Ils viennent de rencontrer la préfète de la Creuse pour lui demander la création d’un Observatoire de la forêt, ce qui leur permettrait de s’appuyer sur des données chiffrées objectives et de mieux veiller sur l’évolution du massif.
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