Cour des compte

L’austérité qui vient

 

La Cour des comptes a rendu son audit des finances publiques au gouvernement jeudi 29 juin. Il révèle un dérapage des dépenses de 8 milliards en 2017, et préconise des mesures drastiques d’économie. Le soir même Édouard Philippe évoque une réduction des dépenses lors d’une conférence de presse. Quelques heures plus tard, son ministre de l’Action et des comptes publics annonce le gel du point d’indice des fonctionnaires.

 

« Nous allons prendre des mesures d’économie qui ne toucheront pas le pouvoir d’achat des Français, en ce sens qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôt » a déclaré Gérald Darmanin au journal de 20 h de France 2, jeudi 29 juin. Une affirmation du ministre de l’Action et des comptes publics sonnant comme une vérité arrangée suite à son annonce, quelques secondes plus tôt, du gel du point d’indice pour les agents de la fonction publique. Sauf à considérer que le blocage des salaires de 5,64 millions de fonctionnaires n’a aucun impact sur leur pouvoir d’achat.

D’autres mesures d’économie vont suivre pour un montant de 4 à 5 milliards d’euros afin de contenir le déficit budgétaire à 3 %. Le gouvernement réuni en séminaire vendredi et samedi à Nancy a planché sur les dispositions qui seront dévoilées par le Premier ministre mardi, lors de son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Une réaction menée tambour battant. Pas plus de quatre jours francs, dont un dimanche entre la découverte du rapport, l’étude des solutions et leur annonce.

Un plan établi à l’avance ? Les membres du gouvernement répètent à l’envi qu’Emmanuel Macron était ministre de l’Économie et non ministre des Finances du précédent gouvernement. Il n’a pourtant pas pu méconnaître le rapport de 2016 de la Cour des comptes signalant un danger de dérapage en 2017. Peut-être la raison de sa commande d’un audit sur les finances publiques dès la nomination du nouveau gouvernement. En tout cas, sitôt son résultat connu, la communication gouvernementale se met en branle. Le ton de la gravité est de rigueur.

 

Potion libérale

 

Le gouvernement se défend de préparer un plan d’austérité. Pourtant, il entend prendre des mesures d’économies pour près de 5 milliards. Rien n’a filtré du séminaire gouvernemental, mais la séance de travail avec Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, laisse entrevoir la nature des solutions apportées mardi prochain. Les magistrats de la rue Cambon préconisent de tailler dans les dépenses en ciblant les fonctionnaires.

Non-remplacement d’un agent sur trois partant à la retraite dans la fonction publique hospitalière et territoriale, allongement du temps de travail des fonctionnaires et gel du point d’indice sont au menu. En fait, des recommandations d’essence libérales dénoncées par plusieurs syndicats. En premier lieu, la Fédération des finances Force ouvrière pointe un rapport contenant des chiffres erronés et s’interroge sur sa sincérité.

De son côté, la CGT déplore que « les financements publics socialement et économiquement utiles soient insupportables pour la Cour des comptes ». Elle dénonce « un libéralisme délirant », une absence d’interrogation sur « le coût exorbitant (20 milliards par an) du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) » et son manque d’effet sur le chômage.

Nombre d’entreprises bénéficient de ces financements publics tout en réduisant leur nombre de salariés, comme le groupe Vivarte (La halle aux chaussures) avec 14 millions d’euros en 2016, ou La Poste avec 297 millions en 2014. Solidaires Fonction publique pointe elle l’absence de propositions sur la fraude fiscale provenant de la finance et des entreprises pour un manque à gagner de 60 à 80 milliards par an. Elle estime à 18,5 % la perte de pouvoir d’achat des fonctionnaires depuis quinze ans et dénonce le retour du gel du point d’indice en vigueur depuis 2010.

Des syndicats en colère, mais un peu seuls. L’opposition de gauche à l’Assemblée nationale semble occupée ailleurs. Le non-port de la cravate et les questions institutionnelles de préséance entre le chef de l’État et le Premier ministre semblent prioritaires pour les Insoumis. La construction d’une nouvelle formation politique accapare l’attention de ce qui reste de la gauche du Parti socialiste.

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