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L’extrême droite cible les soutiens des migrants

 

Deux procédures judiciaires pilotées par l’extrême droite et visant des soutiens aux migrants ont atterri devant le tribunal de Nice. L’association, où milite Cédric Herrou, mais aussi Yannis Youlountas, le réalisateur du film Je lutte donc je suis, sont poursuivis en justice.

 

La citation à la barre plutôt que le maniement de la barre de fer. C’est, semble-t-il, la stratégie prise par une partie de l’extrême droite pour réduire au silence ou à l’inaction les soutiens aux réfugiés.

L’association Roya Citoyenne, qui vient en aide aux migrants dans cette vallée proche de la frontière franco-italienne, a été assignée en référé au mois de juin. Olivier Bettati, élu régional Front national, et Défendre la Roya, une association créée le 10 juin 2017, ont joint leurs efforts pour réclamer la dissolution de l’association de Cédric Herrou. Le 13 octobre, jour de l’audience à Nice, des membres de Défendre la Roya, accompagnés de militants du Front national et des Identitaires, ont déployé une banderole signée du nom de l’association sur fond bleu-blanc-rouge.

« Il y a eu des associations dissoutes par le passé, mais jamais à l’initiative d’un tiers », indique Me Mireille Damanio. « Les dissolutions sont le fait du ministère de l’Intérieur », explique l’avocate de la Roya Citoyenne, qui voit dans cette opération ayant peu de chance de réussir, l’envie de faire un buzz médiatique. « La Roya Citoyenne et Cédric Herrou sont déjà dans l’œil du parquet, s’il y avait eu matière à dissoudre, le procureur l’aurait fait », poursuit l’avocate qui a reçu des menaces de mort par courrier depuis qu’elle défend le dossier.

 

« Defend Europe » : des déboires au prétoire

 

Toujours à Nice, le cinéaste Yannis Yolountas et Jean-Jacques Rue, un journaliste satirique écrivant pour Siné Mensuel, sont convoqués le 18 décembre devant le tribunal correctionnel. Ils doivent répondre d’une plainte pour injures publiques et diffamation déposée par plusieurs militants identitaires de l’opération Defend Europe.

Pendant l’été, des groupes identitaires allemands, italiens et français avaient affrété un bateau en Méditerranée pour entraver le travail des ONG prêtant secours aux réfugiés. Leur navire, le C-Star, bloqué à Malte et Chypre, indésirable dans les ports tunisiens et en Sicile, est même tombé en panne au milieu de la mer. Durant tout l’été, Yannis Youlountas a relaté quotidiennement sur son blog les déboires des apprentis marins. Membre visible du réseau antiraciste et antifasciste Defend Méditerranéa créé à l’occasion pour faire capoter l’expédition du C-Star, il subit aujourd’hui les foudres des militants identitaires. Les plaignants réclament plusieurs dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts selon le comité de soutien de Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue.

La plainte, déposée à Nice comme pour la demande de dissolution de l’association Roya citoyenne, met en lumière le poids des identitaires dans les Alpes-Maritimes. Mais aussi leur influence au sein du Front national dans la région. Olivier Bettati a été débauché de l’UMP par Marion Maréchal-Le Pen. Celle-ci, partisane d’une union des droites, a accueilli parallèlement nombre de militants identitaires, dont Philippe Vardon, ancien cadre du Bloc Identitaire et étoile montante au sein du parti frontiste. Peut-être une des raisons d’une stratégie similaire de poursuite des soutiens aux migrants devant les tribunaux.