Agressions multiples de groupuscules d’extrême droite, progression du Rassemblement national dans les intentions de vote pour les prochaines élections présidentielles, exécutif qui pousse à droite toute l’ensemble des débats politiques, militaires en retraite ou d’active qui rêvent de putsch… pas de doutes, il souffle un vent mauvais. Dans ce contexte, plusieurs rendez-vous antifascistes sont fixés avant l’été.
Un climat délétère qui vaut bien une manifestation. Et même trois. Les trois prochains samedis verront défiler ensemble antifascistes, syndicalistes, militants d’organisations politiques de gauche, d’extrême gauche et associations.
Premier des rendez-vous, une manifestation à Lyon, le samedi 29 mai, au départ de la place de la Croix-Rousse à 15 h. Ici, il s’agit de répondre à l’agression – commise en plein après-midi le samedi 20 mars – subie par la librairie anarchiste La Plume noire. Une cinquantaine de militants d’extrême droite avaient alors détruit ses vitrines, sans réussir à saccager l’intérieur ni faire de victimes, contrairement à une autre attaque quatre mois plus tôt faisant deux blessés.
« Depuis maintenant plusieurs années, l’extrême droite agit en toute impunité à Lyon. Mais depuis quelques mois, notamment du fait d’un climat politique national délétère, les milices d’extrême droite ont accentué le rythme et le niveau de violence des agressions » expliquent les organiseurs de la manifestation. Et en matière de violence, ils sont servis : agression contre la manifestation des femmes le 8 mars, contre un rassemblement lesbien le 24 avril et contre une radio associative (Radio Canut) le 1er mai. Soit quatre agressions en deux mois, avec celle de La Plume noire.
Une première manifestation le 3 avril devait prendre une dimension nationale, mais avait été interdite par le préfet du Rhône. Elle aura donc lieu samedi prochain. Localement, une quinzaine d’associations (Ras l’Front, planning familial), d’organisations syndicales (Solidaires, FSU CNT), politiques (UCL, FI, NPA, Ensemble), antifascistes (Jeune Garde), dénonceront les violences d’extrême droite, l’absence de réaction de la préfecture et réclameront la fermeture de leurs locaux.
« 8 ans après, Clément vit dans nos luttes »
Second rendez-vous, le samedi 5 juin à Paris, avec la manifestation annuelle antifasciste de souvenir de la mort de Clément Méric, assassiné en 2013 par deux jeunes néonazis liés au mouvement Troisième voie, dissout depuis. Organisée par le Comité pour Clément au départ de la place de la République, elle revêt cette année un caractère particulier, puisque sa date se situe au lendemain de la fin du procès en appel des deux militants d’extrême droite, le 4 juin.
Mais pour les organisateurs de la manifestation, il ne s’agit pas seulement d’un moment de mémoire : « par-delà la question judiciaire, il est impératif d’organiser une mobilisation politique et de replacer le meurtre de Clément sur le plan politique : la montée en puissance de l’extrême droite et de ses violences dans le monde ». Pour eux, le constat est particulièrement inquiétant : « les forces fascistes contre lesquelles luttait Clément ne cessent de progresser ». Et pas seulement les groupes violents. Outre « l’essor électoral du Rassemblement national », le Comité pour Clément observe également « la circulation de leurs idées, des plateaux télés jusqu’au plus haut sommet de l’État ».
« Pour les libertés et contre l’extrême droite »
Même analyse du côté de l’appel unitaire à la journée nationale pour les libertés du 12 juin, qui réunit syndicats interprofessionnels (CGT, FSU, Solidaires, CNT-SO), lycéens et étudiants (UNEF, MNL, FIDL, UNL, FSE), ou du monde la justice (SAF, SM), ainsi que de nombreuses associations et collectifs (féministes, de défense des droits, écologistes), en plus de la plupart des organisations politiques de gauche et d’extrême gauche.
Là aussi, les organisateurs dénoncent « un climat politique et social alarmant ». En plus de la progression de l’extrême droite et de la propagation « des propos et actes racistes et sexistes », ils s’alarment de voir que « les attaques contre les libertés et les droits sociaux s’accentuent gravement », alors que « plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle ».
Pour toutes ces raisons, l’appel aux manifestations du 12 juin avance « l’urgence de construire une réponse forte et unitaire qui dessine l’alliance des libertés, du travail et d’un avenir durable », et indique vouloir construire « ce combat dans la durée ». Soit au-delà des échéances électorales départementales et régionales du mois de juin, où le Rassemblement national peut imaginer gagner des exécutifs dans trois régions.
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