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Covid-19 : la préfecture de l’Hérault met une centaine de migrants à la rue

 

Lundi 31 août, la police a expulsé un squat occupé par de nombreux demandeurs d’asile dans le quartier Euromédecine. Une cinquante de migrants ont occupé la place de la Préfecture toute la nuit avant d’être délogés mardi matin. Le responsable de l’association Solidarité partagée et un migrant ont été interpellés et placés en garde à vue. Un nouveau rassemblement au même endroit, sans les migrants cette fois, a réuni une poignée de militants mardi soir.

 

Le sens du timing pour Jacques Witkowski, le préfet de l’Hérault. Alors que le département est classé rouge sur la nouvelle carte de circulation du coronavirus, c’est le moment que le représentant de l’État a choisi pour faire intervenir la force publique, afin de procéder à l’expulsion de l’occupation par des migrants des locaux de l’ancien centre de vaccination Buisson Bertrand de Montpellier. Les occupants, soutenus par l’association Solidarité partagée, s’étaient vus notifier le 28 août 2019 l’obligation par le tribunal de quitter les lieux. Soit un an auparavant.

Selon un communiqué de la préfecture, lundi 31 août à 11 h, 90 personnes étaient présentes au moment de l’expulsion par la police du squat qui a accueilli 200 à 250 personnes sur l’année écoulée. Dix d’entre elles, en situation irrégulière selon le préfet de l’Hérault, ont été arrêtées et remises à la police de l’air et des frontières. Certaines auraient été libérées depuis, selon une proche de l’association Solidarité partagée. Deux familles se sont vues proposer une solution d’hébergement, selon le communiqué préfectoral. Pour les autres : rien.

 

Aucune solution d’hébergement

 

Dénonçant l’absence de solutions d’hébergement, l’association qui gérait jusque là le squat appelait à un rassemblement le soir même de l’expulsion. Pendant ce temps, une entrevue entre les services de la préfecture et Samuel Forest, le président de Solidarité partagée, accompagné de la députée Muriel Ressiguier, n’a pas permis de dégager la moindre solution d’hébergement. Le directeur de cabinet du préfet n’ayant eu, selon les dires de la délégation, qu’un appel au 115 comme proposition. Un service déjà débordé par les urgences. Du coup, faute de propositions de relogement, le rassemblement s’est rapidement transformé en une occupation de la place de la préfecture.

« L’État a le devoir de les héberger », assure Christelle qui donne bénévolement des cours de français dans le squat depuis six mois. Une obligation que confirme Christophe Perrin, délégué national de la Cimade pour le Languedoc-Roussillon. La plupart d’entre eux, originaires du Nigeria, de Gambie ou de Guinée Conakry, ont une procédure de demande d’asile en cours. Mais pas d’hébergement. L’ensemble des dispositifs d’accueil des réfugiés sont saturés et la préfecture n’a pas recherché jusqu’ici de plan B.

La cinquantaine de migrants qui ont passé la nuit devant la préfecture ont été délogés le lendemain matin par des policiers venus en nombre. C’est à ce moment-là que Samuel Forest et un des occupants du squat ont été arrêtés. Conduits au commissariat, ils ont été placés en garde à vue. Sans solutions, une trentaine de migrants ont installé leurs sacs de couchage et le reste de leurs affaires Place Krazucki, à deux pas des locaux montpelliérains de la Structure du premier accueil des demandeurs d’asile (SPADA). Objectif : solliciter à nouveau un hébergement d’urgence ou provisoire. Parallèlement, en plus d’un nouvel appel à se rassembler devant la préfecture mardi 1er septembre à 18 h, la Ligue des droits de l’homme et le collectif Migrants Bienvenue 34 ont réclamé à la municipalité nouvellement élue un hébergement provisoire dans un gymnase. Sans réponse en fin de journée, ce mardi.

 

Situation sanitaire aggravée

 

« Une partie des personnes qui étaient logées au squat sont maintenant dans la nature », explique Christelle. Sur les 90 personnes répertoriées par la préfecture, plutôt autour de 150 selon La Cimade, une cinquantaine seulement restent mobilisées ensemble pour obtenir un hébergement. Pour les autres : la débrouille individuelle, l’éparpillement et des options provisoires et précaires. Le tout en plein rebond de la crise sanitaire dans le département. « Au mois de juillet, les associations ont alerté la préfecture qu’il y avait un cluster dans le squat », assure Christophe Perrin de La Cimade. En vain ! Finalement, « c’est le secours catholique qui sur ses deniers a installé des douches dans les locaux occupés d’Euromédecine », explique le militant.

Aujourd’hui, pour justifier l’expulsion, en plus du respect de la propriété du lieu occupé, la préfecture évoque de vagues raisons sanitaires. « Ces occupations illicites placent les personnes qui s’y sont installées dans des conditions sanitaires et sociales indignes », avance le communiqué des autorités, sans s’embarrasser de scrupules. En tout cas, ce soir, plusieurs dizaines de migrants dormiront dans la rue. Dans des conditions sanitaires plus indignes que celles qu’ils vivaient dans le squat.