Interdite de centre-ville, la manifestation pour la journée internationale pour le droit à l’avortement a été contenue loin du cœur de la cité par les forces de l’ordre. La police a bloqué le Pont-Neuf à Toulouse et fait usage de gaz pour repousser les manifestantes.
Pas de blessé ni d’interpellation, mais une bonne dose de gaz irritant pour une partie des 500 participants à la manifestation toulousaine pour le droit à l’avortement vendredi 28 septembre. Le défilé, parti en fin de journée de la station de métro Saint-Cyprien, a pris le chemin du centre-ville conformément au parcours initial prévu par le collectif d’organisateurs. Ce, malgré le refus de la préfecture de Haute-Garonne qui a proposé un trajet alternatif cantonnant la manifestation à la périphérie.
Arrivée sur le Pont-Neuf vers 19 heures, une des voies d’accès rejoignant la place du Capitole, un dispositif policier barrait le passage. Revendiquant l’accès aux rues les plus passantes de la capitale de la région Occitanie pour être vu, le cortège s’est avancé à la hauteur des véhicules de police. Là, le défilé, composé de nombreuses jeunes femmes, a été repoussé à grands jets de gaz irritants. Après un sit-in sur le pont, la manifestation a tenté de traverser la Garonne un peu plus loin, sans jamais parvenir à rejoindre le centre-ville.
Par voie de communiqué, le collectif organisateur « Avortement, les femmes décident » a exprimé son indignation et dénoncé : « la violence inouïe avec laquelle ont été traitées les femmes qui défendent le droit et l’accès à l’avortement ». Composé d’associations, de syndicats et de partis politiques, il affirme que « plusieurs manifestant-es, dont un enfant, ont été violemment molesté-es alors que cette marche avait un caractère pacifique évident ». Puis conclut en s’insurgeant contre une « atteinte à la liberté de manifestation en centre-ville qui dure depuis des années à Toulouse ».
Depuis novembre 2014 et les rassemblements contre les violences policières ayant suivi la mort de Rémi Fraisse, le centre-ville est devenu inaccessible à la plupart des défilés. Aux cris de « la police mutile, la police assassine », les manifestants avaient alors monté des barricades et affronté la police au cœur de la ville rose. « Cela fait longtemps que je n’ai pas fait une manifestation en ville », réfléchi un habitué des défilés militants. En effet, depuis quatre ans, la préfecture de Haute-Garonne refuse quasi systématiquement les parcours des manifestations pour les éloigner vers les quartiers périphériques.
Pourtant les défilés de la journée internationale pour le droit à l’avortement, organisés un peu partout en France, ne présentaient pas de risque évident de trouble à l’ordre public. À Paris, le cortège parti de la place de la Bastille n’a connu aucun débordement, rendant surprenante la position de la préfecture de Toulouse. D’autant que, trois jours plus tôt, dans un discourt prononcé devant l’assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron rappelait son engagement de faire de la violence faite aux femmes une grande cause nationale et appelait le monde à faire de l’égalité entre les femmes et les hommes une grande cause mondiale. Tout un symbole que les jeunes femmes gazées apprécieront.
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