Aquarius

Il faut sauver le pavillon Aquarius


 

Les initiatives se multiplient pour permettre à l’Aquarius de poursuivre ses opérations de sauvetage en mer. De retour de Malte, où il a débarqué 58 migrants, il accostera ce jeudi dans le port de Marseille et devrait rester à quai faute d’un pavillon l’autorisant à reprendre la mer.

 

Certains se tournent vers l’Europe, d’autres vers la France. Au moins deux pétitions circulent pour permettre à l’Aquarius de trouver un nouveau pavillon depuis que le Panama a jeté l’éponge le 22 septembre sur demande du gouvernement italien. La première lancée par SOS-Méditerranée et Médecins sans frontières exhorte les États européens à prendre des mesures pour « permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite mener sa mission vitale de sauvetage ». Elle a récolté 140 000 signatures en quelques jours. La seconde initiée par un écologiste présent sur une liste EELV lors des municipales de 2014 en appelle à Emmanuel Macron et affirme : « L’Aquarius doit battre pavillon français ». Elle a déjà collecté plus de 60 000 noms supplémentaires, soit un total dépassant les 200 000 signatures en confondant les deux pétitions.

Si le bateau de SOS-Méditerranée reste à quai, il n’y aura plus aucun navire civil pour porter assistance aux migrants au large des côtes libyennes. La fermeture des ports italiens après l’arrivée de Matteo Salvini au ministère de l’Intérieur, les fréquentes tracasseries administratives à Malte et le manque de moyens ont eu raison des autres bateaux affrétés par les ONG. Depuis le nombre de morts en Méditerranée augmente. Selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, une personne migrante sur 18 s’y noie en tentant la traversée contre une pour 42 en 2017. Un chercheur de l’Institut italien pour les études de politique internationale avance même un ratio d’un sur cinq. Mais derrière ces éléments statistiques, ce sont 1260 personnes qui sont mortes ou ont disparu depuis le début de l’année.

 

Des rassemblements en France et en Europe samedi

 

« Nous en appelons à tous les citoyens européens qui souhaitent agir contre l’inacceptable. » Au-delà des pétitions, SOS-Méditerranée et Médecins sans frontières appellent à des mobilisations de rue samedi 6 octobre. Des rassemblements sont organisés dans 40 villes de France. En plus des grandes villes françaises, de nombreux ports font partie de la liste. Marseille, où l’Aquarius arrive aujourd’hui, mais aussi Bastia et Ajaccio en Corse, où la Collectivité territoriale avait proposé l’accueil des réfugiés secourus par le navire de sauvetage cet été. Les ports bretons sont très représentés avec des rassemblements à Concarneau, Saint-Nazaire, Quimper, Brest et Morlaix.

Hors de l’hexagone, Palerme, Berlin et Bruxelles se mobiliseront également samedi. Partout, les organisateurs demandent aux manifestants de porter un vêtement orange symbolisant à la fois les couleurs du bateau et celles du sauvetage en mer. Ils espèrent ainsi faire pression pour que l’Aquarius retrouve un pavillon, après que Gibraltar cet été, puis le Panama en septembre, le lui ai retiré. Mais si, ni la France, ni aucun pays de l’Union européenne n’accordent ce « laisser naviguer », les démarches pourraient se tourner vers le Vatican ou la Suisse. En attendant, au Pays basque espagnol, l’Aita Mari, un chalutier transformé en navire de secours, se prépare à prendre la mer.