Le 15 mai 2025, le groupe ArcelorMittal a annoncé investir 1,2 milliard d’euros sur son site de Dunkerque. Une annonce sans garantie ni délai qui laisse la CGT de l’entreprise fort dubitative. La mobilisation continue.
L’événement a d’abord été présenté comme un soulagement. Le 15 mai 2025, le groupe ArcelorMittal a confirmé « son intention d’investir dans un premier four électrique, sur son site de Dunkerque, pour un montant d’environ 1,2 milliard d’euros ». Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand ou encore le Premier ministre François Bayrou s’en sont félicités… Pourtant aucune date n’a été annoncée par l’industriel et aucune garantie n’a été donnée. « On est prié de les croire sur parole. Or, leur parole, ils l’ont déjà trahie par le passé », dénonce Gaëtan Lecocq, secrétaire général de la CGT ArcelorMittal Dunkerque.
En effet, en janvier 2024, la multinationale avait promis d’investir 1,8 milliard d’euros (dont 850 millions d’argent public français et européen) pour décarboner les hauts fourneaux de Dunkerque. Le site représente entre 3% et 6% des émissions de CO2 en France. Le groupe avait ensuite reculé, se disant en attente de décisions de soutien de l’Union Européenne. En novembre 2024, il annonçait finalement un plan de licenciement de ses salariés de Reims et Denain (environ 130 personnes). En avril 2025, il réitérait avec 636 suppressions d’emplois supplémentaires sur différents sites, confirmant les alertes lancées de longue date par la CGT.
« Le compte n’y est pas ! »
« Il y a aussi des incohérences », pointe Gaëtan Lecocq. Pour le métallo, seule la construction d’un DRI (unité de réduction directe du fer) et de deux fours à arc électriques permettrait de décarboner le site. C’était d’ailleurs le projet annoncé par ArcelorMittal France en janvier 2024 et chiffré à 1,8 milliard d’euros. « Mais désormais on ne nous parle plus que de la création d’un seul four à arc électrique et d’1,2 milliards d’investissement. Le compte n’y est pas ! Donc ces annonces, on n’y croit pas, c’est du pipeau pour calmer un peu les salariés après l’annonce du PSE et la mobilisation qui a suivi », poursuit le syndicaliste.
La CGT ArcelorMittal, qui se mobilisait la semaine dernière à Paris, entend donc continuer le combat. « On n’a pas le choix, si ArcelorMittal part, tout notre bassin économique s’écroulera », nous confiait Gaëtan Lecocq, secrétaire général de la CGT ArcelorMittal Dunkerque. Le désinvestissement du sidérurgiste pourrait en effet conduire à la fin de la filière à chaud, comme à Florange en 2013. La CGT estime que la moitié des 3200 emplois serait alors menacée. « C’est pour ça qu’on ne désarmera que lorsqu’on verra les premiers parpaings arriver pour rénover l’usine », assure le secrétaire général. Son syndicat prévoit d’ailleurs un meeting et une manifestation à Dunkerque le 20 juin.
Crédit photo : Guillaume Bernard
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