Les éditions Sylepse proposent en accès libre et gratuit l’ouvrage « Autogestion, l’encyclopédie internationale ». À l’heure où le mouvement des gilets jaunes interroge la crise de la démocratie représentative et où les résistances des travailleurs sont confrontées à des rapports de force assez défavorables, ce livre ouvre l’imaginaire des possibles. Il scrute dans les expériences passées et récentes des chemins pour l’émancipation.
C’est un peu la bible de l’autogestion, comme l’est pour le mouvement ouvrier le dictionnaire biographique de Jean Maitron. Quelques 150 auteurs de différents pays ont contribué à la réalisation de cette encyclopédie internationale éditée par Sylepse en collaboration avec l’Association autogestion. Sur cinq continents et 35 pays, des expériences autogestionnaires y sont décrites de 1848 à nos jours.
Composée de six premiers tomes, elle relate des épisodes historiques comme l’autogestion dans la révolution espagnole, dans l’indépendance algérienne ou la Yougoslavie de Tito, mais raconte aussi l’actualité de coopératives plus proches de nous. Les ex-Fralib à Gémenos, les Viome en Grèce, les récupérations d’entreprise dans l’Argentine en crise figurent en bonne place dans cette encyclopédie aux côtés de bien d’autres moins connues.
Enfin, plusieurs tomes sont consacrés à l’analyse et à des questions plus théoriques. L’autogestion comme élément de rupture avec le capitalisme et d’alternative à l’exploitation de l’homme par l’homme. Mais aussi le rapport à l’État. Bref, un ouvrage à lire par petits bouts, à son rythme, au gré des envies et des besoins. En effet, chaque partie fait un peu plus de 400 pages. Il vous suffit de cliquer sur les liens des différents volumes. Pour celles et ceux qui seraient gênés par une lecture en ligne, la version papier est toujours en vente en librairie.
Ce premier volume aborde le monde arabe et l’Amérique latine. L’expérience algérienne en matière d’autogestion (1962-1965) est particulièrement documentée, mais la partie la plus importante est consacrée aux expériences autogestionnaires en Amérique latine dans la période récente. La situation des entreprises autogérées en Argentine est largement traitée. Le Brésil est également présent avec des expériences originales. D’un point de vue historique, le Chili de Salvador Allende (1970-1973) fait l’objet de plusieurs articles. Enfin, le Mexique, le Pérou et l’Uruguay ne sont pas oubliés.
Le second volume tourne son attention vers l’Amérique du Nord. Aux États-Unis d’abord, où la tradition coopérative est ancienne, et l’esprit autogestionnaire vif, dans le cœur de capitalisme mondial. Plusieurs expériences récentes de coopératives autogestionnaires sont traitées. Ensuite, le Québec n’est pas oublié. Dans sa dernière partie, ce tome aborde le continent européen. Après la Grèce, la France (Corse et Guadeloupe incluse) occupe une grande partie de cette section européenne. Le volume s’achève sur la Grande-Bretagne.
Ce troisième volume est consacré au reste de l’Europe. Tout d’abord la Grèce, l’Italie et le Portugal, forts de riches expériences autogestionnaires hier comme aujourd’hui. Ensuite, la Yougoslavie occupe une place importante ainsi que la Pologne avec l’expérience de Solidarnosc. La Tchécoslovaquie et le Printemps de Prague sont également présents et richement documentés. L’espace balkanique de ces dernières années fait lui l’objet de plusieurs contributions. Le volume s’achève sur l’Asie (Japon et Chine) et l’Océanie (Australie).
Ce quatrième opus ouvre une réflexion plus large sur l’autogestion et son avenir au 21e siècle. Il s’intéresse particulièrement aux relations entre autogestion et démocratie dans le cadre de l’élaboration d’une alternative politique et sociale au capitalisme. Les questions du travail, du contrôle ouvrier, des coopératives sont abordées. À noter : ces contributions sont produites par des acteurs et actrices engagés sur le terrain de l’autogestion depuis de nombreuses années.
Ce cinquième volume poursuit la réflexion engagée dans le précédent. Il s’intéresse au rapport entre l’autogestion et le marxisme ainsi qu’avec l’anarchisme. Plus généralement, il traite de la question du rôle des salariés, de l’État, du plan, dans une perspective autogestionnaire. La démocratie directe est mise en avant. Droit de propriété et nationalisations à la lumière de l’autogestion font également l’objet de contributions. Plusieurs articles s’attachent à offrir une conception globale et cohérente de l’autogestion. Enfin, le champ des forces politiques et syndicales face à l’autogestion en France est traité.
Ce sixième tome est thématique : l’école, la culture, la transition écologique, le féminisme ou l’urbanisme sont abordés sous la forme d’articles portant sur des expériences concrètes et des réflexions d’ordre théorique. Les Rencontres internationales de l’économie des travailleurs qui rassemblent chaque année, depuis 2013, les acteurs et actrices d’entreprises autogérées font l’objet de larges comptes rendus et illustrent les convergences internationales existantes autour de l’autogestion. Une bibliographie et une filmographie sur l’autogestion complètent utilement ce volume.
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