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12 décembre : retour de la grève dans les lycées professionnels


 

A l’automne 2022, l’enseignement professionnel s’était largement mobilisé contre un projet de réforme augmentant la durée des stages. Un recul avait été obtenu. Mais en cette fin d’année 2023, la ministre Carole Grandjean revient à la charge. Une journée de grève dans les lycées professionnels est prévue le 12 décembre. Tous les syndicats sont au rendez-vous.

 

La casse du lycée professionnel, et la lutte pour s’y opposer, continuent. Ce mardi 12 décembre, l’ensemble des organisations syndicales de la voie professionnelle ont appelé à une journée de grève. C’est la suite d’une bataille engagée il y a un peu plus d’un an, contre une première tentative de réforme de la voie professionnelle.

A l’époque, la mobilisation s’opposait à l’augmentation de 50 % des périodes de stage en entreprise au détriment des cours. Ou encore, au renforcement de l’autonomie des établissements. Le 18 octobre 2022, les lycées professionnels avaient connu une journée de grève majoritaire historique. Le 17 novembre, elle avait trouvé sa réplique avec une nouvelle journée de grève de très haut niveau. Bilan : la ministre déléguée à l’enseignement professionnel, Carole Grandjean, avait ralenti la cadence et renoncé à augmenter le nombre de semaines de stage. « La lutte a payé une fois, on peut le refaire », assure Axel Benoist, co-secrétaire général du SNUEP-FSU, qui espère mobiliser fortement dans la grève les lycées pro ce 12 décembre.

 

La bataille continue

 

Mais ce n’était que partie remise. Et en cette fin d’année 2023, la ministre souhaite à nouveau mettre en place un certain nombre de transformations. « Tout va passer par la voie réglementaire, avec un ou plusieurs arrêtés, suivis par des notes de services. Il n’y aura pas de nouvelle loi, rien ne va être voté », explique Axel Benoist. De plus, les concertations avec les syndicats sont quasi inexistantes. « Après 9 mois de silence, le gouvernement nous propose uniquement des réunions bilatérales…C’est peu dire qu’il n’y a pas de dialogue social », continue le syndicalistes. Le jeudi 14 décembre, le projet de réforme passera devant le conseil supérieur de l’éducation. Et la ministre a annoncé que les consultations prendraient fin le 16 décembre.

 

Moins de cours, plus de stage

 

La nouvelle idée de Carole Grandjean vise avant tout les classes de terminale bac pro. A la mi-mai, chaque élève devra choisir entre deux parcours. Soit six semaines de stage pour les élèves qui envisagent une insertion dans le monde du travail. Soit six semaines de cours pour ceux qui souhaitent continuer leurs études.

 

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Cette idée est dénoncée par l’ensemble des syndicats. « Pour l’heure en terminal, les élèves ont 8 semaines de stages. Avec le nouveau système, les élèves qui choisiront de partir en stage mi-mai, auront 12 semaines. Soit seulement 22 semaines de cours », calcule Catherine Prinz, co-animatrice du pôle enseignement professionnel pour la CGT Educ’action. Pour les syndicalistes le projet gouvernemental est net : laisser moins de place à l’école pour augmenter celui en entreprise. « Si cette réforme passe, les élèves de bac pro auront perdu 6 heures de cours par jour en six ans. C’est tout simplement énorme. On voit bien que ces réformes sont faites par des gens qui ne connaissent ni les jeunes ni le lycée pro », estime Axel Benoist du SNUEP-FSU. Les enseignants déplorent également une rupture d’égalité face aux examens au détriment des élèves ayant choisi de partir en stage à la mi-mai ainsi qu’un flou total quant au contenu des enseignements qui seront prodigués aux élèves restant en cours à partir de cette période.

 

De l’argent…pour quitter l’école ?!

 

Les syndicats craignent également que la nouvelle réforme pousse les élèves qui voudraient continuer leurs études à choisir une entreprise. « On sait qu’après un stage en entreprise il nous faut 1 à 2 semaines pour que nos élèves retrouvent les habitudes de l’école. Ca va donc être difficile pour eux de revenir passer des examens après six semaines de stages mi-mai. Il est possible que certains ne reviennent pas », juge Axel Benoist. D’autant plus qu’un système de compensation financière des stages a été mis en place. Les semaines de stage sont désormais gratifiées à hauteur de 100€, à la charge de l’Etat. « Cela représente près de 2 100 € sur l’ensemble de la scolarité », s’est vantée Carole Grandjean dans un entretien au journal Ouest France.

Une carotte particulièrement ridicule puisqu’elle représente 2,8 €/h pour les terminales bac pro, « mais qui peut être attrayante pour des jeunes venus de milieux populaires », estime Catherine Prinz de la CGT. « En attendant, la formation de nos élèves est laissée aux entreprises », conclut-elle.

Photo : Serge D’ignazio