grève reconductible

À Lyon, Solidaires sonde les velléités de grève reconductible 

Le mouvement social de cette rentrée a surpris par son ampleur. Mais les syndicalistes le savent : les journées de grève isolées ne permettent pas de peser suffisamment. Alors on s’interroge : va-t-on réussir à construire une grève reconductible suffisante cette fois-ci ? À Lyon, Solidaires Rhône (69) a appelé à la grève et à la manifestation dès le 19 septembre. Quel bilan ? 

« Dans plusieurs secteurs, on a remarqué que les salariés seraient aussi en grève le 19 septembre. On ne souhaitait pas les laisser seuls, alors on a appelé à cette manifestation », explique Léo Girardin, co-secrétaire départemental de Solidaires Rhône. Ce 19 septembre, ils étaient entre 350 (préfecture) et 1000 (Solidaires) à se réunir à Lyon sur les coups de 14 heures. Dans le cortège, des étudiants, des salariés grévistes de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieure de la recherche, de l’informatique, du secteur associatif ou encore de la santé-action sociale et des collectivités territoriales.

« Je travaille dans une grosse ONG, nous sommes 350 salariés. Je dirais qu’une trentaine était en grève le 18 septembre et une dizaine le 19 », estime Tony Serrano, également co-secrétaire départemental de Solidaires et syndicaliste à Solidaires Asso. L’éducation était particulièrement représentée dans la manifestation. « Le lycée Jacques Brel de Vénissieux comptait encore 25% de grévistes le 19 septembre. Les secteurs présents sont surtout des secteurs dans lesquels il y a des luttes locales. Et les grévistes font vite le lien avec la politique austéritaire du gouvernement », précise Léo Girardin. La CGT Educ’action était également impliquée dans la manifestation, tout comme la CNT et la CNT-SO. 

À Lyon la manifestation du 19 septembre était bien moins fournie que celle de la veille (14 000 personnes ont manifesté selon le ministère de l’intérieur, 20 000 selon la CGT). « Elle était peut-être un peu prématurée, mais c’est aussi une manière de poser le débat sur la grève reconductible. Il y a un certain souvenir de 2023 où les grosses journées isolées n’ont pas permis de faire plier le gouvernement. On pense qu’il va falloir qu’on prenne nos responsabilités sur ce point à un moment », estime Léo Girardin.

Les syndicalistes lyonnais, comme d’autres ailleurs en France, attendent de pied ferme la décision de l’intersyndicale qui suivra la réunion du 24 septembre avec le nouveau Premier Ministre, Sébastien Lecornu.

« Je n’imagine pas que le gouvernement puisse changer totalement son fusil d’épaule. Donc je pense qu’il va falloir y retourner. Ce que je remarque sur ce mouvement de rentrée, c’est que tout n’est pas à reconstruire. J’ai l’impression que l’on reprend la lutte telle qu’on l’avait laissée en juillet 2023, à la fin du mouvement des retraites. Il n’y a pas besoin de convaincre à nouveau, de se rencontrer. Le travail effectué à cette époque n’est pas perdu. On a appris, et j’ose croire que dans mon secteur ça partira plus fort encore qu’en 2023 », conclut Tony Serrano. 

Crédit photo : Serge D’Ignazio