Après une grève très suivie le 26 novembre, une intersyndicale lance une nouvelle journée de grève le 10 décembre pour s’opposer au projet de réorganisation du groupe dit « projet Hercule ». Mais au fait, c’est quoi ?
On se souvient de la bataille du rail de 2018, les cheminots se mettant massivement en grève reconductible pour la défense de leur statut. Pourrait-il y avoir une bataille de l’énergie en 2021 ? A en croire les chiffres de grève, la menace que constitue le plan Hercule est prise très au sérieux par les salariés. Lors de la journée de grève du 26 novembre 31,6% des effectifs d’EDF avaient cessé le travail, selon la direction. Et pour cause le plan Hercule est vu par tous les syndicats de l’entreprise comme un plan de privatisation d’EDF – qui appartient encore aujourd’hui à 80% à l’Etat.
Mais qu’est-ce que le plan Hercule ? D’après les informations données par Reuters début octobre, il s’agit de réorganiser EDF en séparant l’entreprise publique en deux structures d’ici 2022. D’un côté EDF Bleue, détenue à 100 % par l’État et qui s’occuperait de la gestion du nucléaire et des barrages hydroélectriques. De l’autre : EDF Vert, dont 35% du capital n’appartiendrait pas à l’État mais à des investisseurs privés et qui s’occuperait des énergies renouvelables, de la commercialisation ou encore de la distribution.
« Il s’agit de livrer aux intérêts privés tout ce qui peut l’être, tout ce qui est potentiellement rentable, en écartant la partie nucléaire couvrant des risques financiers », alarme Sud énergie. En somme une manière de socialiser et les coûts et de privatiser les profits. En effet, le financement des vielles centrales nucléaires ainsi que le renouvellement des moyens de production est particulièrement couteux et EDF est endetté (61 milliards d’euros en fin 2019).
100% de la production d’énergie mise sur le marché
Un tel montage permettrait en outre d’augmenter encore la part de la production d’électricité qui peut être mise sur le marché. On vous explique : historiquement EDF assumait la totalité de de l’électrification de la société française. De sa production à sa distribution, sans aucune concurrence.
Ce monopole d’Etat se termine le 1er juillet 2011. Avec la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) la Commission Européenne impose à EDF d’ouvrir le marché de l’électricité. L’entreprise doit revendre 25% de sa production d’électricité d’origine nucléaire à un tarif règlementé. D’où l’arrivée sur le marché de fournisseurs d’électricité privés qui ne sont en aucun cas producteurs de cette énergie. Or avec le projet Hercule, cette part d’énergie privatisable passera de 25% à 100%. La position dominante de l’entreprise publique sur son secteur historique serait terminée.
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