Débuté il y a un mois et organisé autour de 4 journées de grève, le premier round de la bataille pour l’augmentation des salaires dans l’énergie prend fin ce vendredi. De concert, les membres de l’intersyndicale refusent les propositions patronales. La CGT annonce déjà une journée de lutte le 13 septembre.
Tout au long de l’année, les grèves pour les augmentations de salaire ont essaimé dans les entreprises. Face à l’inflation, qui pourrait atteindre 6,8% en septembre selon les dernières estimations de l’INSEE, les conflits se sont naturellement concentrés dans les boîtes. Sur la séquence septembre 2021-juillet 2022, les luttes au niveau des branches professionnelles ont en revanche été rares et les convergences interprofessionnelles exceptionnelles.
Or la grève dans les IEG (industries électriques et gazières) est justement un exemple de convergence. Les organisations syndicales du secteur ont lancé tout au long du mois de juin des journées de grèves dans pas moins de 150 entreprises, touchant 160 000 salariés. Elles ont été suivies par 40% à 20% des salariés selon la CGT.
Une convergence plus évidente qu’ailleurs, certes, puisque les travailleurs et travailleuses des IEG sont fédérés par un statut et par un salaire national de base (SNB) communs. « Sur les piquets des sites de gaz bloqués ces dernières semaines des salariés de toutes les entreprises des IEG sont passés nous voir. On a installé des piscines et des transats pour que les enfants de ceux qui ne partent pas en vacances puissent en profiter », décrit Frédéric Ben, délégué syndical CGT chez Storengy, basé sur le site de Gournay-sur-Aronde (Oise).
Mais une convergence tout de même, avec son lot d’obstacles, notamment la difficulté d’articuler batailles dans les boîtes et exigences collectives de branche. C’est pourquoi début juin nous annoncions que « la plus grosse grève pour les salaire » se préparait dans l’énergie (voir notre article). De par sa taille et sa forte syndicalisation, le secteur des IEG est évidemment une pièce importante sur l’échiquier de la bataille des salaires.
4 jours de grève des salaires dans l’énergie
Engagé le 2 juin au niveau de la branche – des grèves étaient déjà en cours dans certaines entreprises – le conflit est finalement loin d’être réglé à l’approche de la période estivale. Après 4 journées de grève pour les salaires dans l’énergie le 2, le 20, le 28 juin et le 4 juillet, ce vendredi 8 juillet apparaît comme le dernier jour pour accepter l’accord présenté par les organisations patronales de la branche. Mais l’intersyndicale CFE-CGC, FO, CFDT, CGT a décidé de refuser la signature.
« On est très loin du compte », estime Stéphane Chérigié, délégué de branche CFE-Energies. « Ces propositions sont indécentes, c’est une provocation des employeurs. Tous les syndicats s’attendaient à plus », renchérit Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la Fédération Nationale des Mines et de l’Énergie (FNME) CGT.
Alors que les fédérations syndicales demandaient 4,5% d’augmentation du SNB, les patrons ont proposé 1%, valable dès le 1er juillet, ainsi qu’une prime de 400€, exemptée de cotisation patronale. « Oui, cette prime ce n’est pas rien pour des salariés qui peinent à boucler leurs fins de mois, mais elle ne peut venir qu’en complément d’augmentations salariales plus pérennes. La preuve : les salariés ne s’en sont pas contentés », juge Fabrice Coudour de la CGT.
Pour rappel, ces dernières années le SNB n’a augmenté que de 0% à 0,3%. « Les employeurs ont l’habitude de considérer que la hausse du SNB, ajoutée à l’évolution normale du salaire due à l’ancienneté, comble l’inflation. Or depuis que celle-ci explose, ce n’est plus le cas », explique Stéphane Chérigié, de la CFE-CGC. « Sur les 10 dernières années, on considère que les salariés des IEG ont perdu 15% de pouvoir d’achat », abonde Fabrice Coudour. Pour y remédier, la CGT appelle d’ores et déjà à une journée de mobilisation le 13 septembre. « On ne s’interdit pas non plus de mener des actions cet été, même si elles seront plus disparates », conclut le cégétiste.
De fait, la colère ne redescend pas dans certaines entreprises. Les salariés de Storengy, qui bloquaient ce jeudi encore pas moins de 10 sites de stockage de gaz, affectant la capacité de la France à constituer des réserves pour l’hiver, ont déjà voté la reconduction de leur mouvement jusqu’à lundi sur le site de Gournay-sur-Aronde. « En un jour de blocage d’un seul site, notre employeur perd 2 millions d’euros. Or pour augmenter chacun des 700 salariés de l’entreprise de 15%, avec une prime de 300€, cela coûte 2,1 millions d’euros par an. Pourtant Storengy ne lâche rien. Ils savent que s’ils cèdent, tout les patrons des IEG devront céder », analyse Frédéric Ben, délégué syndical CGT chez Storengy. Un signe, déjà, que la bataille de la rentrée sera ardue.
Crédit photo CGT
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