dépôt Frontignan bloqué

Le dépôt de carburant de Frontignan bloqué par une intersyndicale

 

Alors que le parcours législatif de la réforme des retraites touche à sa fin, les actions de blocage se multiplient partout en France. Toute la nuit et jusqu’à dix heure ce matin, le dépôt pétrolier de Frontignan a été bloqué par une intersyndicale. Reportage.

 

L’information a circulé de bouche à oreille dans les manifestations héraultaises de mercredi : une action est prévue le soir même au dépôt de carburant de Frontignan, un des plus gros du sud de la France. L’initiative a été prise par l’intersyndicale de Sète et menée par l’union locale CGT de la ville. Peu avant minuit, des syndicalistes rejoints par des militants du mouvement social, arrivent par grappes sur la seule route menant au dépôt. Selon l’union locale de Sète, le site compte 25 salariés et pas de section syndicale. Certains de ses salariés ont fait grève lors des grosses journées de manifestation, mais pas ce soir. Le blocage est donc constitué uniquement de personnes extérieures à l’entreprise. A une centaine de kilomètres de là, le dépôt de Port-la-Nouvelle est également bloqué.

 

Un blocage réussi

 

Rapidement, des pneus sont installés en chicanes, bloquant l’accès, quelques drapeaux CGT et FO ornent ces barrages de fortune. « Demain la loi passe à l’Assemblée et Macron n’a répondu ni à l’intersyndicale ni aux salariés en grève », explique Arnaud Jean, le secrétaire général de l’Union locale. D’où l’action de blocage que les syndicalistes entendent poursuivre « jusqu’à ce que l’on nous déloge », ou jusqu’à ce qu’ils obtiennent le retrait de la réforme. Pour tenir, l’occupation de la route s’organise : un feu est allumé pour se réchauffer, des cafés, de la nourriture et du vin sont offerts aux présents. L’attente commence.

 

Grèves et manifestations du 15 mars : où en est la mobilisation ?

 

Quelques dizaines de camions citernes s’agglutinent déjà le long de la route. Ils seront plusieurs centaines à débarquer dans quelques heures au dépôt de Frontignan, bloqué. « Ils arrivent tôt parce que les premiers arrivés sont les premiers remplis et les premiers partis », explique Arnaud Jean. Autour du feu : on assiste à une répétition de la journée de manifestation, avec des chants, des slogans. Les discussions, les rires, les espoirs s’expriment. On fait aussi des blagues : « elle est longue la lutte finale, mon grand-père la chantait, mon père la chantait et je la chante aussi », rigole un quinquagénaire, chasuble de la CGT sur le dos, alors que résonne l’internationale. Plus sérieux, Gilles, syndicaliste CGT dans l’éducation, n’imagine pas que les députés puissent voter une loi rejetée par 90% des travailleuses et travailleurs : « quand j’ai commencé à travailler, il fallait 37,5 annuités. Aujourd’hui c’est 43 », se désole le militant.

Vers 8 heures, les routiers téléphonent à leurs fournisseurs pour savoir ce qu’ils doivent faire. Beaucoup repartent vides du dépôt. La compagnie de CRS attendue n’arrive pas et, contrainte, la direction du dépôt avance l’heure de fin de chargement. Réussi, le blocage est levé vers dix heures du matin.