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Le travail social dans une grève reconductible inédite

7 avril 20217 avril 2021 Maïa Courtois
     

 

Trois jours de grève : du jamais-vu, depuis des années, dans le secteur éclaté du social et du médico-social. Ces 7, 8 et 9 avril, les professionnels se mobilisent dans une cinquantaine de villes, avec un temps fort jeudi. Exclus du Ségur, en première ligne face à la crise sanitaire, ils revendiquent davantage de moyens, font converger les luttes, et espèrent une montée en puissance de l’union entre collectifs et syndicats.

 

« Je n’ai jamais vécu ça », « c’est inédit », « je n’ai jamais connu un appel national à une grève reconductible » : à en croire les observations des travailleurs sociaux, le mouvement qui agite leur secteur, cette semaine, n’a pas de précédent ces dernières années. Du mercredi 7 avril au vendredi 9, trois jours de grève nationale, reconductibles, ont été lancés à l’appel de collectifs et de syndicats.

D’ordinaire, c’est un secteur où les luttes demeurent locales, diffuses, du fait notamment de la diversité des métiers d’accompagnement exercés : protection de l’enfance, handicap, hébergement d’urgence, vieillissement… Mais depuis un premier appel national à la grève, le 3 décembre dernier, renouvelé le 21 janvier 2021, les professionnels tentent d’instaurer une dynamique combative rassemblant toutes les branches.

 

« On n’a pas été oubliés : on a été exclus »

 

« Avec ce nouveau vrai-faux confinement, on est encore envoyé en première ligne, comme si de rien n’était, avec aucun moyen supplémentaire, et toujours pas de reconnaissance salariale » expose Baptiste, syndiqué CGT et membre du collectif Assemblée générale travailleurs sociaux en lutte de Grenoble, ville où il exerce en prévention spécialisée.

En amont de ce contexte actuel, c’est d’abord le Ségur de la Santé qui a mis le feu aux poudres. Les accords, signés en juillet 2020, ont acté une revalorisation socle des salaires des professionnels des hôpitaux et des Ehpad, de 183 euros. Mais les professionnels du social et médico-social ne sont pas concernés. Quelques mois plus tard, la commission Laforcade, du nom de Michel Laforcade, ancien directeur d’une Agence régionale de Santé chargé par le gouvernement d’un rapport sur l’attractivité des métiers de l’autonomie, laisse également de côté une large partie du secteur.

« La mission Laforcade a été à l’image de la mission Ségur… On n’a pas été oubliés. On a été exclus ! », fustige Ramon Vila, secrétaire fédéral Sud Santé Sociaux. L’intersyndicale (Sud, CGT, CNT) et les collectifs de travailleurs ayant appelé à cette mobilisation d’avril revendiquent l’extension de la prime Ségur. Mais aussi une augmentation de salaire de 400 euros net par mois pour tous, l’abandon de toute forme de tarification à l’acte ou encore l’ouverture de 100 000 postes pérennes dans le social et le médico-social.

Au-delà de ces enjeux nationaux, ces trois jours de grève visent aussi à rendre visibles des luttes très locales. Dans chaque département, le programme, élaboré dans les assemblées générales, tourne autour de piquets de grève devant des établissements ou des services en particulier, entrecoupés de temps de manifestation collective.

 

Des syndicats et collectifs unis : la clé du rapport de force ? 

 

« On est dans un secteur extrêmement éclaté, y compris au niveau syndical. Ce qui permet une telle mobilisation, c’est l’organisation par les collectifs », soutient Baptiste. Depuis la grève du 3 décembre, qui fut « une réelle réussite, les collectifs locaux sont restés en lien. C’est ce qui permet cette continuité ». Ces collectifs de travailleurs ont émergé ces toutes dernières années, du Nord (Le Social Déchaîné) à la Vienne (Les broyés du social), en passant par l’Île de France (commission de mobilisation du travail social IDF). « Leur organisation nationale, en route depuis 2018, a pu donner naissance à de vraies luttes combatives, mais aussi unitaires », retrace Florence Pik, éducatrice spécialisée, membre de la commission de mobilisation travail social IDF, et syndiquée CGT. L’enjeu reste de travailler main dans la main avec les fédérations syndicales, pour être à l’unisson sur les appels à la mobilisation.

Cela n’a pas toujours été simple, surtout dans les premières années. Mais grâce aux dernières rencontres nationales et mobilisations de 2020, « j’ai l’impression que l’on a gagné une légitimité auprès de ces fédérations » juge Florence Pik. « On a réussi à démontrer qu’il suffisait de proposer un cadre combatif national, de porter la parole de l’unité, pour que des gens s’engagent, même s’ils sont issus de champs professionnels divers ».

Tous les syndicats n’ont pas appelé à une grève reconductible cette semaine. La CGT, par exemple, a privilégié l’appel à « une semaine d’action, en lien avec mobilisation de la fonction publique » du mardi 6 avril, détaille Sophie Herlin, responsable CGT Services Publics, éducatrice spécialisée de formation. Malgré ces divergences dans la forme, la responsable syndicale veut croire, tout comme les collectifs, que « la période est propice à la mobilisation. Cela va faire plus d’un an que la France vit une pandémie sans précédent, avec des attaques sans précédent dans le secteur social et médico-social… »

 

Soutenir d’autres luttes

 

Au-delà des branches sociales et médico-sociales, la convergence des luttes est le mot d’ordre de ces trois jours. A Paris, pour débuter la semaine, le cortège a rejoint le rassemblement de soutien aux femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles. Ces dernières, à la tête d’une grève historique depuis vingt mois, voyaient leur plainte examinée aux prud’hommes ce matin. Dans le Gard aussi, « on a décidé de faire converger les luttes, avec un pique-nique revendicatif auprès des AESH en grève le 8 avril » explique l’éducateur spécialisé Franck Walther, secrétaire adjoint de Sud Santé Sociaux dans le département, et membre du collectif travail social du Gard né il y a un an.

Les cortèges travail social et AESH se réuniront également à Grenoble. « Il y aura aussi un petit cortège d’aides à domicile, d’étudiants contre la précarité ; on fera aussi le lien avec des collectifs engagés sur l’hébergement, la solidarité avec les migrants… » déroule Baptiste. Même les colleuses féministes feront partie de leurs actions de la semaine, avec des collages qui rappelleront que « les salariées de notre secteur, en bas de l’échelle, sont principalement des femmes… Et qu’il faut reconnaître ces métiers du “care” ». Pour ce professionnel, il s’agit de profiter de cette semaine pour mettre en lumière la place du travail social dans la société. « On est au carrefour de plein de choses… Donc nos luttes doivent être au carrefour de plein d’autres ! » 

 

Crédits photo : commission de mobilisation du travail social Ile-de-France.


     
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