100 jours

Retraites : « 100 jours d’apaisement » sous tension

 

C’est donc ça le « en même temps » macroniste. D’un côté le président de la République appelle à « 100 jours d’apaisement », de l’autre il enchaîne les réformes impopulaires après être passé en force sur celle des retraites. Mais si le président ne désarme pas, le mouvement social non plus.

 

100 jours d’apaisement, vraiment ? Emmanuel Macron a beau appeler à la désescalade, le mouvement social se demande bien comment faire la paix avec quelqu’un qui continue sa guerre. « D’apaisement, il n’y en a pas dans les annonces de réforme que les ministres déroulent : contre réforme de Pôle Emploi et de la voie professionnelle, loi immigration, pacte Ndiaye et proposition de loi Brisson (ndlr : portée par Les Républicains) », égrène l’intersyndicale de l’éducation de Charente-Maritime (17), département dans lequel le président est attendu ce 4 mai. Mais face à un président qui avance, les opposants continuent de faire bloc.

Plusieurs semaines après la promulgation de la réforme des retraites, 60% des Français souhaitent toujours que la mobilisation se poursuive, rapporte un sondage Elabe pour BFMTV publié ce jeudi 4 mai. Bien qu’en baisse de 4 points en deux semaines, le souhait de ne pas tourner la page des retraites reste majoritaire. Et même très majoritaire chez les actifs : 69%. Logiquement, le rejet de la réforme trouve une traduction dans la rue.

 

« 100 jours du zbeul »

 

Parodiant l’appel au calme d’Emmanuel Macron, des manifestants ont lancé les « 100 jours du zbeul », c’est-à-dire de « pagaille », et multiplient les actions. Ce jeudi 4 mai, Emmanuel Macron et son ministre de l’Éducation Pap Ndiaye se sont rendus à Saintes (17) pour une visite de lycée et des annonces concernant la future réforme de la voie professionnelle. Plusieurs centaines de personnes, voire près d’un millier, se sont rassemblées pour organiser un comité d’accueil au président. Bloqués par les forces de l’ordre loin de ce lieu de rencontre, les manifestants jouent néanmoins des casseroles et font entendre leur colère.

 

Lycée professionnel : Emmanuel Macron persiste à imposer sa réforme

 

La pression se maintient sur le président et son gouvernement. La veille, le ministre du travail Olivier Dussopt trouvait lui aussi un comité d’accueil de 150 personnes en marge d’un de ses déplacements à Paris. Un concert de casseroles était également organisé pour le recevoir ministre de l’Économie Bruno Le Maire à sa sortie des locaux de la chaîne TV5 Monde. Certains manifestants scandaient même des passages érotiques de son dernier roman. Déjà, des militants préparent la venue d’Emmanuel Macron le 8 mai à Lyon. Il est censé y rendre hommage à Jean Moulin.

 

Des casseroles mais pas seulement

 

Les actions des opposants à la réforme ne se limitent pas ces comités d’accueil sonores. Après avoir mené plusieurs mois de grèves reconductibles et d’actions, la fédération CGT de l’énergie (FNME-CGT) ne désarme pas. Toujours ce jeudi 4 mai, elle à visé le siège de la compagnie CMA-CGM, numéro 3 mondial du transport maritime, à Marseille. Le communiqué de la CGT, intitulé « La CMA CGM devient la CMA CGT », s’amuse : « nul doute que le pouvoir financier qui dirige le monde capitaliste que l’on veut nous imposer s’est retrouvé bien apaisé par les 200 camarades venues placer en sobriété énergétique la tour CMA CGM ». Des coupures ciblées ont également visé le lycée Palissy de Saintes, visité par Emmanuel Macron ce même jour.

Enfin, les luttes liées à celle contre la réforme des retraites, dites, « contre Macron et son monde » ne désarment pas non plus. Plusieurs collectifs et associations, dont les Soulèvements de la Terre, appellent à « un grand temps de rassemblement à la fois familial, festif, naturaliste, instructif et déterminé » pour dire non au projet autoroutier à l’Est de Rouen. Comme à Saïx quelques semaines plus tôt, l’opposition à la réforme des retraites se fera sans doute entendre dans le cortège.

 

« Merci aux Soulèvements de la Terre d’avoir initié un nouveau mode de lutte »

 

La pression mise sur le gouvernement devrait se prolonger au moins jusqu’au 6 juin, date de la prochaine journée de grève interprofessionnelle. Deux jours plus tard, le 8 juin, le groupe parlementaire LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) présentera sa proposition de loi pour abroger le texte adopté de la réforme des retraites. Une échéance bien présente dans la tête de l’intersyndicale.

 

Crédit photo : Ricardo Parreira