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Sommet Afrique-France : deux mobilisations contre les expulsions et arrestations déloyales

 

Deux rassemblements au même moment ce jeudi 18 novembre. L’un à Montpellier, l’autre à Paris. Les deux à 12 h 30. Mais un seul soutien à cinq sans-papiers de la région parisienne qui contestent devant le tribunal administratif de Montpellier les mesures visant à leur expulsion.

 

Deux mots dominent dans la bouche des personnes qui se succèdent au micro, devant les grilles de la préfecture de Montpellier. « Déloyales », pour caractériser les arrestations, à la sortie du train, de huit militants sans-papiers, le mois dernier, en amont des cérémonies du Sommet Afrique-France. Arrestations assorties pour la plupart d’obligation de quitter le territoire français (OQTF) et d’interdiction de retour (IRTF). « Hypocrite », pour qualifier un sommet vendu par Emmanuel Macron comme étant d’un genre nouveau et voulant « promouvoir la jeunesse africaine, le soutien à la société civile et à la démocratie ».

En effet, la veille de son ouverture et de la manifestation du contre-sommet prévue le week-end, une autre jeunesse africaine était arrêtée en gare Sud de France à Montpellier, lors d’un contrôle de police présenté comme « aléatoire ». Une version que conteste Anzoumane, membre de la Coordination des sans-papiers de Paris et de la Marche des solidarités. Présent dans le train, il explique avoir d’abord pensé qu’il s’agissait d’un contrôle des titres de transport, avant de se rendre compte que les policiers n’avaient contrôlé qu’un groupe compact de huit sans-papiers parmi les 24 qu’il accompagnait pour la manifestation. Six étaient conduits au commissariat central de Montpellier, pendant que deux autres étaient placés au centre de rétention administrative de Nîmes, où un juge de la liberté et de la détention les avait libérés au bout de quatre jours.

 

L’État et le préfet mis en cause

 

« Nous sommes des sans-papiers, mais nous sommes aussi des militants », explique un des cinq sans-papiers ayant été conduits au commissariat le 7 octobre dernier et s’étant vu remettre par le préfet de l’Hérault une OQTF et une IRTF. « Nous avons participé à la construction du contre-sommet. Nous aussi nous sommes des jeunes africains », précise-t-il. Un point sur lequel revient et insiste Anzoumane. Très tôt – puisque le sommet avait été repoussé pour cause de Covid – la Marche des solidarités avait déclaré la manifestation auprès de la préfecture de police de Paris qui avait transmis à celle de l’Hérault. Une manifestation qui n’avait pas fait l’objet d’une interdiction et avait réuni près d’un millier de personnes.

« Nous n’avons jamais eu d’arrestation lors de contre-sommet ou pendant les marches que nous avons organisées », rappelle Anzoumane, pour souligner le caractère inhabituel de telles pratiques. Au courant depuis des mois, le choix de la préfecture de procéder à des arrestations et de lancer des mesures d’expulsion fut un signe politique fort qui selon lui ne doit rien au hasard ou au caractère « aléatoire » d’un contrôle d’identité. Pas plus que sa responsabilité n’incombe qu’au seul serviteur de l’État à Montpellier, même si celui-ci a réussi à inquiéter en quelques mois une grande part du secteur associatif de la ville. Au contraire, il est le signe pour lui que « nous sommes dans un moment difficile en France et en Europe ».

 

Obtenir l’annulation des expulsions

 

À Montpellier, 150 personnes se sont dirigées en manifestation vers le tribunal administratif pour accompagner les cinq sans-papiers qui ont déposé un recours sur leurs OQTF et IRTF, pendant qu’à Paris les soutiens se sont réunis à deux pas de la préfecture de police de Paris. Les requérants espèrent que le juge administratif considérera que les obligations de quitter le territoire sont aussi déloyales que les arrestations qu’ils ont subies.

 

 

Réponse à cette question dans une semaine le 25 novembre, après une audience n’ayant durée guère plus qu’une quinzaine de minutes. Mais, quel qu’en soit le résultat, les sans-papiers présents aujourd’hui l’assurent : « ces intimidations ne vont pas nous arrêter ». Au contraire, un rendez-vous est déjà fixé au 18 décembre pour la journée internationale des migrants qui cette année devrait se conjuguer avec une campagne contre le racisme.