C’est la question que pose un film réalisé par l’équipe pédagogique d’une école maternelle en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine. Et en amont de ce petit documentaire, ce sont des bouts de réponses apportées par l’expérimentation qu’ils et elles y ont menée. C’est également, loin des projets de réformes aux contours toujours plus libéraux de l’exécutif en matière d’éducation, l’engagement d’enseignants conscients que bien des difficultés scolaires s’expliquent par les difficultés sociales. Et qui ne s’y résignent pas ! Un peu d’air frais, dans ce moment peu joyeux, que la rédaction a décidé de partager avec vous.
Avec ce film, « Comment on apprend à grandir », deux mondes parallèles viennent à l’esprit. D’un côté celui d’Emmanuel Macron, de son ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer et des cabinets ministériels. Avec leurs cinq années de réformes sans, et même contre, les principaux acteurs de la communauté éducative : enseignants, élèves ou parents d’élèves. Un mandat qui a vu le développement de la sélection et du tri social, avec Parcoursup pour l’accès aux études supérieures. Mais aussi la réforme du baccalauréat, renforçant la mise en concurrence des établissements du secondaire. Plus que le simple mépris affiché si souvent par le ministère : les jalons d’une éducation élitiste et libérale. Un projet qui sera élargi lors du prochain mandat, avec un renforcement de l’autonomie des établissements et une mise en concurrence des enseignants. Une vision qualifiée de « révolution libérale de l’école à l’anglaise », dans un article du site Café pédagogique.
De l’autre côté, des équipes éducatives qui, quand elles ne sont pas émoussées, fatiguées, découragées par les politiques et l’à peu près ministériel, mettent en œuvre, de-ci delà, des projets centrés sur la coopération, l’égalité et l’émancipation. Des expérimentations qui laissent deviner les potentiels d’une école différente. C’est cette histoire à hauteur d’enseignants, d’enfants et de parents, au plus près de l’école de tous les jours, que raconte modestement ce film. Celle de la mise en place, à l’école maternelle Opaline à Saint-Denis, située en réseau d’éducation prioritaire renforcée, d’une classe multiâges, allant de la petite à la grande section. Et ce sont ces petites histoires qui donnent à réfléchir. Et aussi à espérer. Alors, bon film.
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