Des syndicalistes enseignants gardés à vue après une plainte du Rassemblement National

 

En février 2020 plusieurs membres du Rassemblement National, dont le candidat à l’élection municipale de Toulouse, ont porté plainte après avoir vu une de leurs séances de tractage perturbée. Aujourd’hui, sept personnes dont plusieurs syndicalistes enseignants ont été placées en garde-à-vue. Des organisations syndicales et politiques dénoncent une « convocation abusive ».

 

Sept personnes, dont plusieurs syndicalistes enseignants, ont été convoquées ce matin au commissariat de Toulouse. Cinq d’entre-elles pour être placées en garde-à-vue, deux autres pour être entendues lors d’une audition libre…qui les a finalement conduites à être elles aussi placées en garde à vue.

« On peut se questionner sur l’utilisation de cette procédure de garde-à-vue, commente Claire Dujardin, une des avocates en charge du dossier, en théorie, la police ne doit y recourir que s’il est strictement nécessaire de priver des personnes de liberté. Or ça ne semble pas être le cas ici. On est donc possiblement face à un détournement de la procédure ayant pour but d’intimider. »

De nombreuses organisations syndicales, politiques et associatives, parmi lesquelles la CGT Educ’action, la FSU, le NPA ou encore Act-Up ont dénoncé « une convocation abusive » et appelé à se rassembler devant le commissariat de Toulouse. Un appel couronné de succès puisque plus de deux cents personnes étaient présentes ce midi et appelées à se réunir à nouveau à 18h. « Dans le contexte actuel, est-ce la priorité de l’Etat de donner suites à des allégations du RN ? Toutes les occasions sont saisies pour tenter d’intimider des militant.es syndicaux », dénoncent les organisateurs dans un communiqué.

 

Les militants du Rassemblement National accusés d’insultes racistes

 

Ce placement en garde à vue fait suite à une plainte déposée par plusieurs membres du Rassemblement National, dont le candidat aux élections municipales toulousaines Quentin Lamotte, après des faits survenus le 9 février 2020.

A l’époque, le candidat d’extrême droite avait dénoncé la perturbation d’une de ses séances de tractage sur un marché toulousain, annonçant dans un communiqué porter plainte contre des « milices antifas » pour « violences aggravées » et « entraves concertées à l’exercice de la liberté d’expression ». Il évoquait « des crachats » et même des « coups de bâton », mais publiait sur son compte twitter une vidéo qui ne permettait cependant pas d’observer de telles agressions.

Présentes également sur le marché ce jour là, une colistière et une militante de la liste de Nadia Pellefigue (candidate PS, PCF, PRG à la mairie de Toulouse) amènent pourtant des éléments qui relativisent la posture victimaire de Quentin Lamotte.

« Des insultes racistes ont été proférées à destination d’une de mes colistières d’origine maghrébine et une de nos militantes noire par des personnes qui étaient avec M. Lamotte », déclare Nadia Pellefigue à la Dépêche du Midi le lendemain de l’épisode du marché. Selon la candidate, sa colistière prévoyait de porter plainte pour insultes racistes. Jointe par Rapports de Force pour savoir si sa colistière était allée au bout de sa démarche, nous sommes encore en attente d’une réponse de Nadia Pellefigue.