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Le logement, encore trop absent des présidentielles

Rarement, tout au long de la campagne pour les élections présidentielles comme dans l’entre-deux tours, la question du logement aura été mise sur la table. Une fois encore, elle reste relativement absente du devant de la scène politique. Pourtant, se loger dignement est une préoccupation majeure, et quotidienne, des Français. Face à ce manque de débat public, les mobilisations associatives et citoyennes se succèdent ces dernières semaines. 

 

« La campagne 2022 a occulté le sujet du logement, encore plus que les précédentes », estime l’association DAL (droit au logement). Ce constat est dressé dans un communiqué annonçant une manifestation, lundi 18 avril, devant les QG des candidats Macron et Le Pen. « Alors que la question du pouvoir d’achat s’impose comme un sujet central,  le logement constitue le principal poste de dépense des classes populaires », y rappelle le DAL.

Bien qu’il soit une préoccupation centrale des citoyens, le logement est loin d’avoir occupé le devant de la scène des présidentielles. Il n’apparaît pas non plus comme un enjeu phare des programmes des deux derniers candidats en lice. Certes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se positionnent sur certains dossiers. Plusieurs médias en ont établi un récapitulatif, ici ou .

La candidate du Rassemblement National met l’accent sur le logement social. Elle promet la construction de 100 000 nouveaux logements sociaux par an… Tout en supprimant la loi SRU qui impose un quota minimum de logements sociaux aux communes. Et en appliquant la « préférence nationale » dans l’accès à ces derniers.

Le président sortant, lui, mise sur la continuité des chantiers du quinquennat qui s’achève. « Il n’y a pas de révolution », résumait Xavier Lépine, conseiller logement au sein de l’équipe de campagne, au Monde. L’une des priorités demeure la rénovation énergétique, avec un objectif de 700 000 logements rénovés par an.

 

De nouvelles mobilisations émergent

 

Ces quelques mesures ne satisfont pas les associations et collectifs engagés pour le droit au logement. Sur le plan de la rénovation énergétique, justement, de nouvelles mobilisations citoyennes émergent. Le collectif Dernière Rénovation mène des opérations de blocages d’axes routiers depuis début avril. Avec une revendication : « assurer et financer intégralement la rénovation énergétique des logements de tous les ménages en situation de précarité énergétique, d’ici à 2030 ». Et rendre « obligatoire sous 6 mois la rénovation globale du parc immobilier français d’ici 2040 ».

Le collectif fait le lien avec l’écologie, autre domaine jugé trop absent des présidentielles par une large partie de la société civile. Les deux thèmes sont liés, en particulier sur la précarité énergétique. Dernière Rénovation épingle le peu de reprise des propositions de la Convention Citoyenne sur le sujet par le gouvernement Castex.

 

Des défis exigeant « du courage politique »

 

Depuis le 5 mars, des familles prioritaires DALO (droit au logement opposable) occupent, elles, la place de la Bastille à Paris. Une mobilisation inscrite dans la durée, qui a pourtant trouvé peu d’échos auprès des candidats aux présidentielles. Elle a été mise en lumière le 12 avril cependant, dans l’entre-deux tours, lorsque le porte-parole historique du DAL, Jean-Baptiste Eyraud, a subi une violente interpellation. Un rassemblement de soutien s’était alors organisé.

Le DAL dénonce des interdictions successives de ses mobilisations par la préfecture de police de Paris. En six semaines, le tribunal administratif a dû être saisi quatre fois, pour lever ces interdictions. De quoi bloquer certaines initiatives, y compris la manifestation annoncée devant les QG de Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

Le droit à un logement digne reste pourtant un défi plus actuel que jamais. 4,1 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d’absence de logement personnel, selon la Fondation Abbé Pierre. 12,1 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Or, la pandémie a aggravé leur situation, en les fragilisant davantage économiquement, comme le détaille la Fondation Abbé Pierre dans ses rapports annuels 2020 et 2021. L’association tire, elle aussi, un bilan amer des présidentielles. « Il semble à nouveau que les thématiques relatives au logement et aux exclusions questionnent faiblement les états-majors politiques, souvent peu enclins à s’investir dans des domaines qui demandent des mesures fortes et du courage politique », écrit-elle en préambule de son dernier rapport.