Figure des gilets jaunes toulousains et militante pour les droits des personnes handicapées, Odile Maurin avait été condamnée en première instance pour des violences contre des policiers avec arme. L’arme en question ? Son fauteuil roulant. La cour d’appel de Toulouse, visionnant enfin les vidéos versées au dossier, l’a relaxée ce 11 mai, plus de quatre ans après les faits.
« Il parait que j’ai voulu casser du flic avec mon fauteuil roulant ! », s’indigne Odile Maurin. Voilà près de quatre ans que cette condamnation absurde pesait sur elle. « Et pour une personne autiste, se voir accusée alors que l’on est innocent, a des effets bien plus délétères que sur une personne neurotypique », précise-t-elle. Ce 11 mai 2023, la cour d’appel de Toulouse lui a finalement donné raison et a prononcé sa relaxe.
Pour rappel, le 30 mars 2019, lors de l’Acte 20 des gilets jaunes à Toulouse, cette militante pour les droits des personnes handicapées, membre de l’association Handi-Social, avait fait face au canon à eau policier. « Un agent s’était alors permis d’utiliser le joystick de mon fauteuil roulant pour m’obliger à partir et m’a propulsé dans le camion de police », se remémore la toulousaine.
Bilan : elle s’en tire avec de nombreuses fractures au pied, une trentaine d’ecchymoses et… fait l’objet d’une plainte pour violences contre des policiers avec arme – son fauteuil roulant ! Le 6 décembre 2019, elle est condamnée en première instance à deux mois de prison avec sursis et interdiction de manifester d’un an. Elle vient finalement d’être relaxée en appel.
4 ans pour regarder une vidéo
« Heureusement qu’on avait les vidéos de l’observatoire des pratiques policières avec nous », souffle Odile Maurin. Bien que versée au dossier de la défense depuis le début, les vidéos montrant la scène n’ont été consultées par les magistrats que lors de la procédure d’appel. « Confronté aux faits, le magistrat a eu l’honnêteté de reconnaître que j’étais innocente dans cette affaire. J’ai toujours manifesté pacifiquement », continue-t-elle.
Figure toulousaine des gilets jaunes, celle qui est également élue d’opposition au conseil municipal, déplore les nombreux préjudices causés par cette condamnation en première instance. « Pendant toutes ces années j’ai été calomniée notamment par le maire de Toulouse, qui n’a pas raté une occasion de me peindre en casseuse de flic, surtout quand il était en difficulté pour me répondre sur le fond », soutient la militante.
Elle aura également été condamnée à payer des dommages et intérêts aux policiers et écartée des manifestations pendant un an. Particulièrement attentive au respect du droit à manifester, Odile Maurin, ne ratait pas une occasion de rappeler aux policiers leurs obligations légales, devenant ainsi la bête noire de la préfecture et du parquet. « Sur de nombreux procès-verbaux de manifestation, ma présence était nommément signalée », explique-t-elle. Une information que Rapports de Force a pu vérifier. Ainsi les quatre ans de procédures judiciaires qui lui ont été infligées peuvent aisément être assimilés à une procédure baillon.
Crédit photo : Handi-Social
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