Budget, séparatisme, plans sociaux


 

C’est samedi ! Votre moment Récap Hebdo ! Cette semaine on vous parle gros sous avec la présentation du nouveau budget de l’État et de la Sécurité sociale. Mais aussi du gouvernement qui met la question du séparatisme au centre du débat public pendant que les plans sociaux et les licenciements se succèdent.

 

 

Finances publiques en berne

 

Budget d’austérité pour 2021

Le projet de loi de finance (PLF) pour l’année 2021 a été dévoilé en début de semaine. Même si Bruno Le Maire le présente comme un budget de relance de l’économie, il s’agit pourtant d’un budget d’austérité qui cherche en premier lieu à désendetter le pays. Pour ce faire, pas de baguette magique : il faudra dépenser moins d’argent. Le volume de la dépense publique est ainsi en baisse de 1,3 % hors plan France Relance (100 milliards) et en hausse d’à peine 0,4 % en le prenant en compte (notre article). Le PLF ne prévoit pas non plus de créer d’emplois publics et en supprime même 157. Les prélèvements obligatoires (impôts, cotisations), notamment ceux qui visent les entreprises, continueront quant à eux de baisser.

 

Sécurité sociale et PLFSS

Le lendemain de la présentation du projet de loi de finance 2021 par Bruno Le Maire, Olivier Véran et Olivier Dussopt ont dévoilé celui de la Sécurité sociale (PLFSS) devant les membres de la Commission des comptes de la Sécurité sociale. Celui-ci contient les augmentations de salaire du Ségur de la santé (8,2 milliards d’euros), la création d’une cinquième branche (dépendance), l’allongement du congé paternité et une provision optimiste de 4,3 milliards d’euros pour faire face à la Covid-19 en 2021. Mais l’augmentation de l’Objectif national des dépenses d’assurances maladie (Ondam) n’est que de 3,5 % et des économies sur les dépenses d’assurance maladie sont prévues à hauteur de 4 milliards. En 2020, le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 44,4 milliards d’euros. L’an prochain, les estimations tablent sur 27,1 milliards. Fixant toujours un objectif de maîtrise des dépenses de santé comme horizon, le gouvernement ne manquera pas d’engager des mesures drastiques d’économie une fois la crise sanitaire terminée.

 

Retraites

À l’occasion de la présentation du projet de loi de finance 2021, Bruno Le Maire a remis la réforme des retraites sur la table. Celle-ci doit permettre, selon le ministre de l’Économie, de rembourser la dette qui s’envole avec la crise du coronavirus et le plan de relance du gouvernement (notre article).

 

Action gouvernementale

 

Séparatisme

Emmanuel Macron impose le mot « séparatisme » dans le débat public à un an et demi des élections présidentielles. En déplacement vendredi 2 octobre aux Mureaux, dans les Yvelines, il a pointé du doigt « le séparatisme islamique ». Un projet de loi sera présenté le 9 décembre en conseil des ministres. Il projette entre autre d’élargir l’obligation de neutralité religieuse aux salariés des entreprises délégataires de service public, d’étendre les dispositifs permettant la dissolution d’associations, et d’encadrer plus fortement les écoles hors contrat et la formation des imams.

 

Chômage partiel

De bonnes nouvelles pour les entreprises, de moins bonnes pour les salariés. La ministre du Travail a annoncé mercredi la prolongation du remboursement par l’État ou l’Unédic de l’activité partielle de droit commun (APDC) et de longue durée (APLD), au moins jusqu’au 31 décembre. Et ce contrairement au décret paru le matin même. Les secteurs les plus touchés par la crise continueront à percevoir 85 % de l’indemnité versée à leurs salariés. Par contre, une entreprise bénéficiant de cette aide ne sera plus tenue de la rembourser si elle licencie parce que « les perspectives d’activité se sont dégradées par rapport à celles prévues dans l’accord collectif ».

 

Fermetures de lits

Une étude du ministère de la Santé publiée mardi révèle que 3408 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2019. Malgré la création de 1499 lits en ambulatoire, le solde reste négatif de 1909 lits. Depuis, et malgré le Ségur de la santé, les fermetures de lits se poursuivent dans un certain nombre de services hospitaliers.

 

Pauvreté et confinement

Souvent dénoncée aux mois de mars et d’avril, la faiblesse des mesures sociales du gouvernement en direction des plus faibles pendant le confinement trouve son illustration cette semaine. S’appuyant sur le dernier baromètre de l’association publié mercredi 30 septembre, le Secours populaire note une explosion de la précarité pendant le confinement. À ce jour l’association enregistre 1,27 million de demandes d’aide alimentaire, dont 45 % émanent de personnes jusqu’alors inconnues de ses services.

 

5G : petits arrangements entre amishs

Polémique ou pas, le gouvernement avance. Onze premiers blocs de fréquences ont été mis aux enchères jeudi 1er octobre auprès des opérateurs de téléphonie Orange, SFR, Free et Bouygues Telecom. Il devrait permettre la commercialisation de services 5G d’ici la fin de l’année dans certaines villes. Au passage, l’État a encaissé 2,78 milliards d’euros grâce à cette vente.

 

Dans les boîtes

 

Disney licencie en masse

Mardi 29 septembre, le géant du loisir Disney a annoncé le plus grand plan social lié au coronavirus des États-Unis : 28 000 suppressions de postes, sur les 100 000 que compte le groupe sur le sol américain. Confronté à la fermeture d’une partie de ses parcs d’attraction, Disney enregistre une perte trimestrielle de 4,7 milliards de dollars. En 2019, le leader du loisir avait dégagé 7,67 milliards de bénéfices sur les sept premiers mois de l’année.

 

Hécatombe dans l’aérien américain

La compagnie American Airlines a annoncé qu’elle allait commencer à mettre au chômage technique 19 000 salariés à partir de ce jeudi 1er octobre. Selon l’entreprise, ce sont les responsables politiques, qui n’ont pas réussi à trouver un accord entre eux pour étendre l’aide financière au secteur aérien, qui sont responsables de cette situation. Avant le début de la pandémie de coronavirus, l’entreprise américaine employait 140 000 personnes. Ce nombre devrait descendre sous les 100 000 en octobre, en tenant compte des départs volontaires et des licenciements. United Airlines a également confirmé qu’elle allait à son tour commencer à licencier : 13 000 de ses salariés sont concernés.

 

Accord sur le gel des salaires à Valeo

Les syndicats FO et CFE-CGC ont signé un accord prévoyant le gel des salaires pour une période pouvant aller jusqu’à deux ans, la suppression de certains congés supplémentaires et la diminution de primes. En contrepartie, l’équipementier automobile s’engage à ne pas procéder à des « licenciements économiques collectifs contraints » ni « à fermer définitivement un établissement en France ». Et cela, sur une durée de 24 mois. Ni la CGT ni la CFDT n’ont paraphé l’accord qui concerne 13 500 salariés. Les mots étant importants, d’autres dispositifs pourraient être utilisés par Valeo d’ici deux ans. Les plans de départs volontaires, par exemple, ne font pas partie de l’accord.

 

Statistiques des plans sociaux en France

Le nombre de ruptures de contrats de travail poursuit sa hausse : 4200 les deuxième et troisième semaines de septembre selon la Dares. Les services de la Direccte ont enregistré 30 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) la seconde semaine, puis 28 et 35 les semaines suivantes. Depuis le 1er mars, 65 000 ruptures de contrats de travail ont été envisagées dans le cadre de PSE. Trois fois plus que durant la même période en 2019.

 

Elior au régime sec

Le « leader de la restauration collective en France » va supprimer 1888 postes dans la restauration d’entreprise, sur 9500 que compte ce segment d’activité, en engageant un PSE. L’entreprise annonce un recul de 45 % de son activité dû au coronavirus, notamment par le développement du télétravail.

 

Le plan social se précise chez Renault

On en sait un peu plus sur le plan d’économies de deux milliards voulu par Renault. Lors d’un CCSE du 29 septembre, l’entreprise a confirmé la fermeture de l’usine de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) et le transfert de l’activité sur celui de Flins (Yvelines). Le plan qui vise à supprimer 15  000 emplois, dont 4 600 en France, a été rejeté par l’ensemble des organisations syndicales.

 

Covid-19

 

De nouvelles mesures lundi

A chaque semaine, sa batterie de mesures restrictives pour lutter contre la propagation de l’épidémie, ou presque. Cette fois-ci, les nouvelles directives attendront lundi, le temps d’une concertation avec les élus des prochaines villes à subir des restrictions : Paris, Lyon, Lille, Grenoble, Toulouse et Saint-Étienne.

 

Acceptabilité en baisse ?

Malgré un sondage publié le week-end dernier dans le JDD montrant que 72 % de la population se dit prête à un nouveau confinement pour une durée d’au moins 15 jours, les mesures visant à fermer les bars, les restaurants et les salles de sport ont été largement contestées cette semaine. Outre des manifestations de restaurateurs à Marseille et à Paris soutenues par des élus locaux, plusieurs recours devant les tribunaux ont connu des fortunes diverses. Rejeté à Rouen, entraînant la suspension de l’arrêté préfectoral à Rennes, pour n’en citer que deux concernant les salles de sport.

 

Trump positif

Le président des États-Unis, hostile aux confinements comme au port du masque, a annoncé sur son compte Twitter dans la nuit de jeudi à vendredi avoir été testé positif à la Covid-19. En quarantaine à la Maison-Blanche, il met fin à ses déplacements pour les meetings de sa campagne, à un mois de l’échéance électorale. Il continuera à assumer ses fonctions, a précisé le médecin de la Maison-Blanche dans un communiqué.

 

Un million de morts

La barre du million de morts de la Covid-19 dans le monde a été franchie lundi 28 septembre. Les États-Unis restent le pays comptant le plus de décès (207 000), suivis du Brésil (144 000). L’Inde frôle le cap des 100 000 morts, alors que le Royaume-Uni est le pays d’Europe où le coronavirus a fait le plus de victimes (42 000). Le nombre de contaminations à l’échelle de la planète dépasse les 34 millions cette semaine.

 

Et aussi

 

La France condamne arbitrairement ses manifestants

En 2018 et 2019, plus de 40 000 personnes ont été condamnées pour diverses infractions et délits « sur la base de lois vagues », fréquemment « utilisées pour restreindre illégalement les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’expression », affirme l’ONG Amnesty International dans un rapport publié cette semaine. Beaucoup de ces condamnations concernent des manifestants gilets jaunes ou opposés à la réforme des retraites (notre article).

 

Hommage à Doona

Des rassemblements ont eu lieu dans une vingtaine de villes universitaires en hommage à Doona, une étudiante transgenre qui s’est suicidée le mercredi 23 septembre à la gare de Montpellier. Dans cette ville, plus de 200 personnes ont manifesté depuis le CROUS en direction de sa cité universitaire en passant par l’hôpital (notre article).

Bruits de bottes dans le Caucase

Les tensions sont vives entre Bakou et Erevan dans le Haut-Karabakh, territoire majoritairement peuplé d’Arméniens qui avaient fait sécession de l’Azerbaïdjan dans les années 90 au prix d’une guerre ayant fait plus de 30 000 morts. Depuis dimanche, les opérations militaires ont fait plus de 190 morts, dont 31 civils. L’intervention, au moins indirecte, de la Turquie en faveur de Bakou a été dénoncée par Moscou comme par Paris et fait craindre un embrasement de la région.

 

Allongement du délai d’IVG

De 12 à 14 semaines. C’est la nouvelle durée légale proposée par un projet de loi faisant suite à un rapport parlementaire de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale. Celui-ci mettait en avant les difficultés accrues d’accès à l’IVG. Une proposition soutenue par la majorité qui a connu un avis favorable en commission des affaires sociales de l’Assemblée mercredi 30 septembre. Le texte, dans lequel la « clause de conscience » des médecins serait supprimée, sera présenté en première lecture le 8 octobre.

 

Sénat

Gérard Larcher (LR) a été réélu pour la quatrième fois à la présidence du Sénat avec 231 voix. Une réélection pour un mandat de trois ans sans surprise, dès le premier tour, après que la droite a conforté ses positions au Sénat lors des élections sénatoriales de dimanche dernier.