Stop Greendock

Stop Greendock : une manifestation contre la logistique et son monde


 

Ce samedi 25 mai, une manifestation intitulée « Stop Greendock » se tiendra à Gennevilliers. Il s’agit de s’opposer à la construction d’un entrepôt logistique géant mettant en péril la biodiversité des bords de Seine. Inscrite dans l’agenda des Soulèvement de la Terre et construite avec l’appui des syndicats Solidaires et CGT locaux, la mobilisation entend également poser la question de l’emploi et de la production. Quel secteur logistique voulons-nous pour demain ?

 

« A Paris on n’arrête pas de parler de zones de fraîcheur et de pistes cyclables… Mais pour la banlieue Nord, ce qu’on promet ce sont des entrepôts logistiques et la destruction de nos rares espaces naturelles », résume Damien*, membre de la coordination Stop Greendock.

Ce samedi 25 mai, une manifestation-action est organisée entre la mairie de Gennevilliers et L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Elle a pour but de s’opposer à la construction de « Greendock », un projet d’entrepôt routier géant (600m de long, 35m de haut), qui menace une des rares zones Natura 2000 de la banlieue nord, le long des berges de Seine.

« Le sujet prend de l’ampleur et nos soutiens sont nombreux, on pense qu’il y aura du monde », estime Damien. Pour informer sur la lutte et offrir un autre cadre que celui de la seule manifestation, des événements sont aussi prévus les jours qui la précèdent et la suivent. Le 24 mai, une soirée de débats sur les liens entre l’écologie et la question du travail est organisée à la bourse du travail de Saint-Denis. Le 26 mai, des spectacles et des discussions auront lieu à Epinay-sur-Seine.

 

Stop Greendock : une mobilisation large

 

Née début 2022, la mobilisation contre Greendock se pose déjà comme une lutte écologique et sociale d’ampleur pour les mois, voire les années à venir, tant elle rassemble des acteurs différents. Débutée grâce des associations de riverains, dont le collectif Stop Greendock, elle a su agréger de nombreuses organisations militantes (Attac, Extinction Rébellion…), quelques partis politiques (LFI, NPA, Jeunes écolos d’Île-de-France) ou encore des organisations syndicales (Solidaires 93, Sud-rail, les unions départementales CGT du 93 et du 93).

La date du 25 mai est également inscrite à l’agenda de la saison 7 des Soulèvements de la Terre. « Lorsque les Soulèvements de la Terre ont été menacés de dissolution, des comités locaux se sont créés. Le comité 93 nord a rapidement identifié Greendock comme un enjeu important et l’a mis à son agenda », détaille Damien.

Côté syndicats, la mobilisation contre Greendock peut-être vue comme la poursuite du travail entrepris par la CGT et Solidaires lors de la constitution du collectif « Plus jamais ça ». Si le dernier congrès de la CGT a mis un coup d’arrêt à ce collectif, de nombreuses initiatives locales de rapprochement entre syndicats et luttes environnementales perdurent.

La lutte contre Greendock en est l’exemple. « On nous dit que ce projet est bon pour l’emploi. mais de ces boulots de misère, nous n’en voulons pas. Nous voulons des emplois qui nous permettent de vivre dignement et sans nous ruiner la santé », a déclaré l’UD CGT 93 dans un communiqué.

 

Greenwashing éhonté

 

« Sur toute sa longueur, le projet Greendock longe les berges de Seine, à seulement quelques mètres du rivage. Il s’agit d’une zone dite de « trame bleue », reconnue sensible pour toute la biodiversité qu’elle habite et qui est comprise dans les espaces du lit majeur de la Seine. », explique la coordination Stop Greendock dans son dossier de presse.

Pourtant, ce projet, le promoteur Goodman, a tenté de le faire passer pour écologique. « “Greendock”, jusque dans son nom, n’est qu’une vaste entreprise de Greenwashing. Au départ, le promoteur nous présentait l’entrepôt comme étant un “entrepôt fluvial”. Mais nous nous sommes vite rendus compte que seul 15 % de trafic fluvial est annoncé, et sans garanties de maintien de ce pourcentage », soutient Damien. Pour le collectif d’opposants, il s’agit en réalité d’un projet routier.

Autre élément de greenwashing, mais qui a cette fois-ci fait flop : la volonté du promoteur de construire : une ferme urbaine sur le toit. « Ils se sont eux même rendu compte que ce n’était pas faisable, que ça demandait de construire des bâtiment beaucoup trop hauts, alors ils ont abandonné. Finalement, Greendock c’est avant tout un projet écocide, climaticide et qui acte les inégalités environnementales en sacrifiant l’environnement de la banlieue Nord », retrace Damien.

 

Quel secteur logistique pour demain ?

 

Enfin, la mobilisation contre Greendock ne cherche pas seulement à s’opposer à un projet logistique. Elle souhaite poser la question du contrôle démocratique de l’emploi et de la production.

Aussi, les opposants interrogent la qualité et le sens des emplois qui pourraient être créés à Greendock.

« Si l’entrepôt est construit, le promoteur le divisera en boxes qui seront loués à diverses entreprises sous-traitantes de la logistique. Or, dans ces boîtes, les salariés ont de très mauvaises conditions de travail et sont mal payés. Personne ne dit qu’il faut mettre à l’arrêt tout le secteur logistique. Mais on peut se poser la question : quelle logistique voulons nous pour demain ? », poursuit Damiens.

 

La logistique et le transport, un secteur stratégique pour le capitalisme…et la lutte sociale

 

Pour répondre à cette question, les opposants souhaitent proposer un contre-projet. Certaines unions locales du 93, qui syndiquent des salariés de la logistique (Geodis, FM Logistic), planchent sur le sujet. « La logistique routière, actuellement, ne fait que gérer l’urgence de la livraison au détriment de l’écologie et des conditions de travail des salariés. On pourrait penser tout autre chose, comme le développement du fret ferroviaire », propose Damiens.

 

* Le prénom a été modifié à la demande de l’intéressé

Crédit photo : Serge D’ignazio