Deux manifestations anti passe sanitaire défilent tous les week-ends à Lyon depuis la fin du mois de juillet. Ce samedi, elles ont rassemblé environ 2000 personnes chacune. Une dynamique nouvelle dans la ville puisque les deux cortèges n’avaient jamais été de même taille auparavant.
Les manifestations lyonnaises bénéficient d’un regain d’affluence en ce 8e samedi de contestation anti passe sanitaire. 3700 personnes ont défilé dans la ville ce samedi selon les chiffres de la préfecture. 1700 dans la manifestation nommée « rentrée des luttes » relayée par divers canaux militants comme celui du Groupe Antifasciste Lyon et Environ (GALE) ou encore des pages Gilets Jaunes lyonnaises et 2000 sur le parcours déposé en préfecture par le collectif Stop Coronafolie et Les soignants résistants 69.
Des chiffres qui correspondent à nos estimations personnelles et qui sont largement supérieurs à ceux que la préfecture annonçait la semaine dernière. Le 27 août, 2100 personnes avaient défilé dont 1400 au sein de la manifestation déclarée par le collectif STOP Coronafolie et 700 dans la manifestation non déclarée en préfecture mais annoncée par des groupes locaux plutôt classés à gauche de l’échiquier politique.
Lyon : manifestation anti-passe et rentrée des luttes
Le regain de la mobilisation lyonnaise du jour a donc avant tout bénéficié à cette manifestation dite de « rentrée des luttes ». Celle-ci ne mettait pas seulement en avant la question du passe sanitaire ou de la vaccination obligatoire mais aussi celle de la levée des brevets, de la lutte contre la réforme des retraites ou contre celle de l’assurance chômage.
Dans les grandes lignes : une manifestation plutôt de gauche donc. Une grille de lecture toutefois insatisfaisante car l’étanchéité entre les deux manifestations n’est pas non plus totale : nous apercevrons certains manifestants dans les deux manifestations du jour.
Contrairement à d’autres villes, comme Nantes ou Toulouse, aucun drapeau syndical ni politique n’est cependant visible dans ce cortège lorsque nous le rejoignons. Les slogans « liberté » et « non au passe sanitaire » sont maintes fois clamés.
A mi-chemin, les manifestants sortent du parcours déclaré. Les grenades lacrymogènes tombent et les slogans « ACAB » (All Cops Are Bastards) et « tout le monde déteste la police » fusent. La manifestation perd des participants et est peu à peu disloquée. Certains d’entre eux se retrouveront à 18h pour une Assemblée Générale du mouvement.
Manifestation « apolitique »
Sur le plateau de la Croix-Rousse, où défilent le collectif « Contre la Coronafolie » et ses soutiens, pas de « ACAB » ou autre slogans anti flics. Le cortège lance de généreux « la police avec nous » mais aussi des « mon corps mon choix », slogan féministe pro avortement repris, non sans un certain mauvais goût, pour dire son refus de la vaccination.
En tête de manifestation, on trouve le collectif des soignants résistants 69, créé il y a trois semaines pour s’opposer à l’obligation vaccinale à l’hôpital. Derrière cette cinquantaine de personnes, trône Dominique Garret. Membre du collectif « Contre la Coronafolie », il organise cette manifestation anti passe sanitaire depuis le 24 juillet. C’est lui qui communique avec la police, qui donne le top départ du cortège. Lui dont les journalistes ont le numéro de téléphone.
Il insiste sur cette convergence (bien que quasi anecdotique au vu de l’ampleur du cortège) avec les soignants et rappelle que sa manifestation se veut « apolitique ». Difficile à croire alors que la section locale du parti politique d’extrême droite Les Patriotes créé par Florian Philippot appelle chaque weekend à défiler au sein de cette manifestation anti-passe et que Dominique Garret lui-même est proche de la liste « Union essentielle », liste « citoyenne » anti masque plutôt classée à droite présentée aux élections régionales.
Les nombreux drapeaux bleu blanc rouge brandis dans le cortège ne parviennent pas non plus à masquer les pancartes anti-vaccins et les discours (applaudis) évoquant un « grand complot mondial » à la tribune. Pas de doute, la manifestation abrite bien les éléments les plus complotistes et à l’extrême droite du mouvement anti-passe lyonnais.
Alors que le cortège déambule depuis moins d’une demi-heure, des heurts (vidéo) ont lieu à l’arrière du cortège entre manifestants anti passe et une dizaine de contre manifestants venus à leur rencontre. Occupés à interroger les « soignants résistant 69 » en tête de cortège, nous n’en saurons pas davantage. Les soignants, eux, expliquent qu’il manifesteront de nouveau jeudi devant l’hôpital Edouard Herriot aux côtés des syndicats SUD et FO.
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