Avec plus d’un million de manifestants annoncés dans les rues, malgré la répression, la rentrée sociale est définitivement une réussite pour les organisations syndicales. La grève a également été suivie dans plusieurs secteurs comme l’énergie, l’éducation, la RATP…
La rentrée sociale est définitivement une réussite en ce mois de septembre 2025. Après une journée du 10 septembre placée sous le mot d’ordre « bloquons tout », qui a réuni plus de 250 000 personnes dans la rue d’après la CGT, les cortèges de ce 18 septembre ont quadruplé ce score avec plus d’un million de manifestants annoncés par l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, CFDT, Unsa, CFTC, CFE-CGC, FSU). Le ministère de l’Intérieur parle quant-à lui de 506 000 manifestants, contre 175 000 le 10 septembre.
Si la stratégie des blocages épars initiée le 10 septembre a perduré, les grèves ont été plus suivies que la semaine dernière. Pour rappel, le 10, seules Solidaires et certaines fédérations de la CGT avaient appelé à cesser le travail. Cette fois des grèves fortes, voire majoritaires, ont été observées à la RATP, à la SNCF ou encore dans l’éducation et l’énergie. La journée a aussi été marquée par une stratégie policière particulièrement répressive, à l’image de cette femme, violemment frappée par un policier à Marseille.
Blocages et répression
Au total, le ministère de l’intérieur a comptabilisé 276 actions sur la voie publique et 135 tentatives de blocages de sites ce 18 septembre. Les cibles : des dépôts de bus, des axes de circulation, des bretelles routières, les abords d’entreprises, des lycées… La plupart du temps, ces blocages ont été de courte durée. Selon l’Intérieur, 10 000 personnes se sont engagées dans ces actions. Le ministère de l’Education nationale a quant à lui annoncé que soixante-quinze lycées avaient été perturbés, contre une centaine le 10 septembre. L’Union étudiante estime que 60% des universités ont mené des actions diverses en lien avec la mobilisation et comptabilise 14 blocages d’universités.
Dans le même temps, des préfectures ont largement communiqué sur leur volonté de ne rien laisser passer. Dans un communiqué publié mercredi 17 septembre, la préfecture de police déléguée des Bouches-du-Rhône a lancé un avertissement inédit, appelant les « personnes qui défileront dans le cortège encadré à quitter les lieux dès la dislocation de ce dernier ».
A Paris, le parcours souhaité par les organisations syndicales n’a pas été accordé. Elles ont dû se rabattre sur un second choix. « Depuis ce matin, il y a des manifestantes et des manifestants qui sont gazés, violentés alors qu’ils sont pacifiques », s’est indigné Sophie Binet, sur France Info. « Le 10 septembre, il n’y a pas eu particulièrement de violence, et aujourd’hui il n’y aura pas de violence à part les violences organisées à cause de la stratégie du maintien de l’ordre qui est déployée par le ministre démissionnaire », a poursuivi la secrétaire générale de la CGT.
Au cours de la manifestation parisienne, des affrontements entre le cortège de tête et les forces de l’ordre ont effectivement eu lieu.
Manifestations fournies et grèves suivies
Malgré tout, les manifestations ont été massives ce 18 septembre. Entre 15 000 (police) et 120 000 personnes (CGT) ont défilé à Marseille. Soit près du double du chiffre annoncé la semaine dernière par cette même préfecture. Une multiplication par deux que l’on retrouve aussi à Montpellier où la préfecture annonce 10 000 manifestants contre 6000 le 10 septembre. Dans l’ouest de la France, la police a compté 8000 manifestants à Brest, 10 000 à Nantes. A Lyon, 14 000 personnes ont manifesté selon le ministère de l’intérieur, 20 000 selon la CGT. A Paris, la préfecture recense 55 000 manifestants.
Côté grève, si les enseignants n’étaient pas massivement en grève le 10 septembre, la journée du mercredi n’étant pas propice à la mobilisation, ils étaient largement au rendez-vous ce 18 septembre. Dans le 1er degré (écoles maternelles et primaires), le Snuipp-FSU, syndicat majoritaire, annonce un tiers de gréviste. Dans le secondaire (collèges et lycées), le SNES-FSU estime que 45% des effectifs sont grévistes. Les personnels de vie scolaire sont particulièrement mobilisés. Le ministère parle quant à lui de 17% de grévistes. A la RATP, en revanche, c’est carton plein. Toutes les lignes de métro ont été à l’arrêt, hors heures de pointe, ce jeudi. Les syndicats estiment que 85% à 90% des conducteurs étaient grévistes. En revanche, les piquets de grève ont été rares et peu fournis. Côté cheminot, le mouvement a été suivi et seul 1 intercité sur 2 et 3 TER sur 5 ont circulé. Les TGV ont roulé à 90%.
Enfin les énergéticiens de la CGT, engagés dans une bataille au long cours pour la diminution de la TVA sur l’abonnement énergétique et l’augmentation de leurs salaires, ont aussi été fortement mobilisés. Ils ont mené des actions dans leurs entreprises un peu partout en France. La FNME-CGT annonce 50 000 grévistes, sachant que l’effectif total du secteur des industries électriques et gazières est de 140 000 salariés, et que tous ne travaillaient pas ce 18 septembre.
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