6 avril mobilisation

6 avril : la mobilisation tient bon

 

Une jeunesse nombreuse, une grève qui continue d’exister même à faible niveau, des manifestations fournies quoiqu’en légère baisse et toujours des blocages et des actions. On a bien du mal à dire si l’élément notable de la journée demeure le léger étiolement du mouvement ou son incroyable persistance. Aperçu de la mobilisation du 6 avril.

 

Onzième journée de manifestations…et toujours plus d’un million de manifestants dans la rue, comptent les syndicats. Si ce 6 avril a été légèrement plus faible que le 28 mars précédent, on a bien du mal à dire si l’élément notable de la journée demeure le léger étiolement du mouvement ou son incroyable persistance. A Lyon, 13 000 personnes ont manifesté selon la préfecture – à qui la CGT a tenté de couper l’électricité -, 32 000 selon les syndicats. Un chiffre équivalent à celui de la semaine précédente. A Paris, la CGT annonce 400 000 manifestants, à peine un peu moins que les 450 000 de la semaine précédente. A Marseille, la préfecture annonce 10 000 manifestants, la CGT 170 000. A Clermont-Ferrand, le comptage policier monte à 7500, celui des organisateurs à 20 000. A Nantes : 15 000 contre 50 000.

 

La jeunesse prend la relève ?

 

Léa* est lycéenne, aujourd’hui son lycée est bloqué et elle participe à sa première manifestation. « J’avais envie de participer à une action citoyenne, mais d’habitude, mes parents ne me laissaient pas faire les manifestations. Je suis là pour d’autres causes que la réforme des retraites, Parcours Sup par exemple. » La présence des jeunes, plutôt discrets lors des premiers mois de la mobilisation, se confirme ce 6 avril dans les manifestations. Les organisations lycéennes annonçaient 400 lycées mobilisés aujourd’hui en France. Du côté des facs, le syndicat l’Alternative comptabilise 90 facs et écoles mobilisées, un record toutes dates confondues. « La mobilisation des étudiants, c’est important. Ils sont nombreux et le nombre fait la force. On a vu que dans tous les mouvements leur mobilisation avait une importance », estime Eric, personnel administratif à l’université Paris Dauphine et syndiqué chez Sud.

En revanche, depuis quelques semaines, les attaques des militants d’extrême droite contre la mobilisation étudiante s’amplifient. Ce matin, ils ont sillonné le centre ville de Lyon pour mettre la pression sur les lycées. Le syndicat La Voix Lycéenne dénonce le « tabassage » d’un lycéen de 16 ans à 10 contre 1.

 

Une grève qui se maintient dans la fonction publique

 

Une relève des jeunes face à une mobilisation enseignante qui s’étiole légèrement ? Ce 6 avril le niveau de grève enseignante est stable par rapport au 28 mars, dernière journée de grève interprofessionnelle, puisqu’il avoisine les 8%. Le Snuipp-FSU annonce de son côté 20% de grévistes. Une dynamique de persistance de la grève, à un niveau toutefois faible, commun à toute la fonction publique. Dans la territoriale, ils sont 3,9% de grévistes ce jeudi à la mi-journée, contre 3,4% le 28 mars, selon les chiffres du ministère. Dans la fonction publique hospitalière ce taux remonte à 5,9% contre 5,4% lors de la précédente journée de mobilisation.

 

Les grèves reconductibles, une « colonne vertébrale »

 

Présente sur le piquet de grève de Gournay-sur-Aronde, en soutien aux salariés des industries électriques et gazières (IEG) mobilisés, Sophie Binet, nouvelle secrétaire générale de la CGT, a rappelé l’importance des grèves reconductibles, qu’elle juge être « la colonne vertébrale » du mouvement. Si les IEG sont toujours mobilisés, multipliant les grèves stratégiques (quelques heures pour bloquer la production) et les actions, la reconductible a du plomb dans l’aile dans les transports, notamment à la RATP.

Ce 6 avril, le trafic a été « quasi normal » pour le métro et le RER. De son côté, la SNCF a fait rouler trois TGV sur quatre, un TER sur deux et un Intercité sur quatre. Il y a toutefois des exceptions : au technicentre de Châtillon, la grève reconductible est forte depuis le 7 mars. « Tu as vu au technicentre de Châtillon ? On est très mobilisés ! C’est vrai qu’on se sent particulièrement concernés parce que notre travail est très physique, estime José, syndiqué Sud-rail. » Toujours aussi déterminé, cet employé du technicentre veut croire à un « printemps du 49.3 ».

 

Raffineries : les réquisitions retoquées

 

La grève reconductible continue également dans certaines raffineries, avec une bonne nouvelle : « Le préfet de la Seine-Maritime a porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève », estime ce matin le tribunal administratif de Rouen. Les dernières réquisitions en date sont donc suspendues. Selon le préfet de Seine Maritime, elles avaient pour but d’endiguer les pénuries de carburant avant le week-end de Pâques. Mais au regard des décisions de tribunal administratif de Rouen, l’argument est fallacieux. « La reprise de la plate-forme Total Energie ne permettra d’assurer l’approvisionnement de la région Ile de France que dans 5 jours et de la région Centre Val de Loire que dans 7 jours », écrit ce dernier. Soit bien après le week-end de Pâques.

En revanche, moins bonne nouvelle : les salariés de la raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-sur-Seine ont arrêté ce jeudi leur mouvement de grève et les expéditions vont repartir. « Il n’y avait plus assez de grévistes par quarts pour maintenir l’arrêt des expéditions », explique Germinal Lancellin, élu CGT de la raffinerie à France Bleu Normandie. La grève a été levée à 14 heures ce jeudi.

 

Mobilisation du 6 avril : toujours des blocages

 

Enfin, outre les grèves et les manifestations, des actions de blocage ou de tractage ont eu lieu partout en France. Notamment autour des centres d’incinération des déchets, considérés comme des lieux stratégiques depuis le début du mouvement. Ainsi ce matin, une centaine de personnes bloquaient l’incinérateur de la SETM à Toulouse. D’autres se rassemblaient devant la TIRU d’Ivry pour tenter également de la bloquer.

 

Des blocages pour soutenir les éboueurs de Paris et gagner « la guerre d’usure »

 

Autre type de blocage : à Marseille, les travailleurs de l’éducation se sont réunis dès sept heures devant la tour La Marseillaise, qui accueille une partie des services de la métropole Aix-Marseille Provence, pour la bloquer. L’intersyndicale a bloqué la zone commerciale sud d’Amiens. A Paris, les locaux du gestionnaire d’actifs Blackrock ont été envahis par des manifestants.

 

Crédit photo : Ricardo Parreira