Cette année, la manifestation du 8 mars pour les droits des femmes avait lieu dans le contexte particulier de la bataille contre la réforme des retraites. Alors que ces dernières sont les premières victimes de la réforme, la convergence entre ces deux luttes a permis une mobilisation d’ampleur.
Pari tenu : 70 000 personnes, dont une grande majorité de femmes, étaient réunies à Paris selon les organisatrices, 13 500 selon la police. Le record est donc battu dans la capitale puisque le 8 mars 2020, date de manifestation record pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, 60 000 personnes s’étaient rassemblée selon les organisations féministes. A l’époque, la journée avait également lieu en plein conflit contre la réforme des retraites.
Dans les autres grandes villes française, la mobilisation est également au rendez-vous. A Lyon, le collectif droit des femmes 69 revendique 15 000 participantes, à Toulouse, 7 500 personnes se sont rassemblées selon la préfecture, 25 000 selon les organisatrices et à , tandis qu’à Lille, 4 000 personnes étaient présentes, selon les organisatrices.
Pourquoi les femmes sont les grandes perdantes de la réforme des retraites
Retraites, féminisme, un combat commun
À Paris, c’est sous une pluie battante que le cortège a rallié la place de la Nation depuis la place de la République. Près d’une quarantaine d’organisations féministes avaient appelé à la manifestation et on retrouvait donc sans surprise une grande diversité d’associations et collectifs tout au long du parcours. Les ballons syndicaux, eux, étaient présents plus discrètement en fin de manifestation. Si la CGT, Solidaires, la FSU et la CNT étaient bien là, les autres syndicats brillaient par leur absence.
Comme pour rappeler le lien entre luttes féministes et bataille des retraites, les Rosies ont rencontré un certain succès lors de cette manifestation, en attirant, derrière leur camion, une foule dense et étendue de manifestantes. Ce collectif de femmes exécutant des chorégraphies en étant habillées à l’image de l’icône populaire américaine Rosie la Riveteuse, s’était déjà fait connaître lors de la précédente mobilisation contre la réforme des retraites de 2019.
« On veut des droits »
Plus loin dans le cortège, Alice, une architecte, est une habituée. « Cela fait 3 ou 4 ans que je vais à la manifestation du 8 mars ». Dans le milieu de l’architecture, « il y a beaucoup plus d’hommes que de femmes aux postes de direction, explique-t-elle. À la sortie de l’école, tout le monde a le même salaire. Mais plus les années passent et plus les écarts se creusent. En tant que femme, cela nous oblige à demander des augmentations de salaire alors que pour les hommes, cela se fait beaucoup plus facilement ».
À côté d’elle, Rocio, elle aussi architecte, fait le même constat. « Rien que l’égalité salariale, les congés maternité, la santé, il y a plein de sujets qui nous touchent particulièrement ». Déjà présente la veille, elle a tenu à se mobiliser deux journées consécutives, en faisant grève à chaque fois. « L’une des grosses implications de la réforme des retraites, c’est qu’elle appauvrit les femmes », souligne-t-elle.
À quelques mètres de là, Tiphaine, une étudiante en métiers du livre, l’admet : elle est venue avant tout au nom de la lutte contre les féminicides. « On veut des droits, on ne veut plus mourir. C’est compliqué au quotidien et beaucoup d’hommes ne pourront pas le comprendre ». Déjà présente à la manifestation de la veille, la mobilisation du jour l’interroge. « Je trouve ça dommage que sur un sujet qui concerne la moitié de la population, il n’y a pas autant de monde qu’hier. Les meufs sont là, mais où sont les hommes ? » interroge-t-elle. Dans le cortège, les hommes semblent en effet manquer à l’appel.
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