Ce jeudi 20 mars, une journée de grève et de manifestation est organisée dans le monde de la culture. Elle s’oppose en premier lieu aux récentes coupes budgétaires qui ont violemment touché le secteur. Cette première date nationale pourrait n’être que le début d’une longue bataille.
C’est l’heure de la riposte dans le monde de la culture. Ce jeudi 20 mars 2025, une journée nationale de grève et de manifestation est organisée par les syndicats de salariés et d’employeurs du monde de la culture. Elle s’inscrit dans le cadre d’une semaine de mobilisation (17-23 mars.) « Depuis un an et demi on observe des baisses de budget, notamment des collectivités. Or elles financent de nombreuses associations culturelles. Mais depuis l’annonce, par Michel Barnier, de nouvelles coupes budgétaires, tout s’est accéléré », estime Ghislain Gauthier, secrétaire général de la fédération CGT-Spectacle (syndicat majoritaire).
Conséquence : certaines collectivités ont eu vite fait de répercuter les coupes sur leur budget culture. Ainsi, la présidente de la région Pays-de-la-Loire, Christelle Morançais (Horizons), a voté fin décembre 82 millions de coupes budgétaires pour 2025. Dont 73 % de budget en moins pour la culture. « Dans la Vienne, le festival de musique Les Heures vagabondes est suspendu cette année. À Boulogne-sur-Mer, le Rollmops Théâtre a arrêté toute programmation depuis janvier. À Laval, le Festival du premier roman prévu en avril additionne les soustractions : moins d’auteurs invités, de temps consacré aux scolaires, de lectures publiques…», égrène Télérama. De nombreuses manifestations locales ont déjà eu lieu en réaction à ces annonces. Parmi les plus grosses : 3 000 personnes manifestaient à Nantes à l’automne 2024. Mais il s’agit désormais d’unifier les colères.
« La grève du 20 mars n’est qu’un début »
« Un mouvement d’ampleur est en cours Des assemblées générales (AG) se réunissent depuis quelque temps dans plusieurs villes. Paris, Marseille, Lille… Au total, on a compté des AG dans 18 villes. », poursuit Ghislain Gauthier. « Certaines sont particulièrement fournies : dans les grandes villes, 500 personnes se déplacent. Des actions sont aussi à prévoir, comme l’occupation du lieu unique à Nantes. Nous nous organisons en intersyndicale, avec une position très ouverte, pour entraîner un maximum de monde. C’est nécessaire au vu de ce qu’on se prend sur la tronche », estime le secrétaire général de la fédération CGT-Spectacle.
Le syndicaliste rappelle que le monde de la culture fait aussi face à d’autres attaques : « Le plus violent, ça a sans doute été le gel de la part collective du Pass Culture, annoncé fin janvier. » Ce dispositif, qui finance depuis 2021 les sorties scolaires et les interventions artistiques dans l’enseignement secondaire, a été gelé sur tout le territoire. Son annonce a entraîné des manifestations mêlant enseignants et acteurs du monde de la culture. « Jusqu’à fin juin, on ne peut plus faire aucune action, tout est gelé. Pour l’année prochaine, on passe de 40 000€ de budget pour nos 2 000 élèves à 30 000€. On va devoir faire des choix, réduire les activités, choisir des classes. Des élèves ne pourront pas bénéficier d’actions culturelles », se désolait, auprès de Rapports de force, Lirari Hafida, professeure dans l’Hérault.
La mobilisation du 20 mars s’oppose enfin à la précarisation des conditions de travail dans la culture et au RSA conditionné à 15h hebdomadaires. « Certains artistes sont au RSA et cette réforme les touche pleinement en rendant encore plus difficiles les conditions d’exercice de leur métier », explique Ghislain Gautier. Si la mobilisation du 20 mars est un succès, les syndicats imaginent proposer un nouveau cadre de mobilisation rapidement. « C’est une bataille qui pourrait aller jusqu’à l’été », imagine le cégétiste.
Faisons face ensemble !
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